Le chef de l’État a conclu cette deuxième journée marathon dans la cité phocéenne par un discours prononcé depuis le fort Saint-Jean, au Mucem. Symbolique, pour un propos centré sur l’ouverture de Marseille sur la Méditerranée.

Il y a foule sur le parvis du fort Saint-Jean, au Mucem. Des personnalités du monde de la culture et des acteurs économiques. Sur la tribune, Emmanuel Macron est dos à la mer. Mais c’est bien de cette Méditerranée dont il sera question durant son discours d’une trentaine de minutes, loin du long discours fleuve de l’acte I du plan Marseille en grand. Les projets sont amorcés, même si certains avancent plus vite que d’autres, avec ce plan à 5 milliards pour la cité phocéenne qui repose sur trois valeurs : « respect », « ambition » et « confiance ». « C’est le triptyque auquel je crois et qui doit nous aider à regarder l’avenir ».

Ce deuxième acte regarde au loin, par-delà les rivages, mais est profondément ancré sur le territoire. Pas de grandes annonces à coups de milliards cette fois-ci, mais des projets phares « sur lesquels nous allons investir et accélérer », avec cette question en filigrane : « Qu’est-ce que Marseille peut apporter à notre pays ? Et comment, en l’aidant, nous allons collectivement être plus forts à Lyon, à Paris et ailleurs ? ».

Le Grand port maritime de Marseille, un enjeu d’ouverture

Le destin de la deuxième ville de France se joue sur son ouverture sur la Méditerranée, avec « un projet à vocation économique et écologique absolument inédit ». D’abord sur le Port Marseille-Fos dont l’ambition est d’en faire « un port exemplaire et surtout l’épicentre d’un ensemble d’acteurs exemplaires en matière de décarbonation du transport maritime ».

Il vise 2027 pour la fin de l’électrification des navires à quai, pour laquelle de nouveaux investissements seront déployés ; souhaite repenser les équilibres entre Marseille et Fos « parce que nous avons un potentiel formidable » qui mérite d’être davantage exploité ; accélérer la décarbonation des flottes. « L’économie réconciliée à l’écologie, c’est de développer le ferroviaire et le fluvial », dit-il, rappelant le projet MeRS axe Rhône-Saône, annoncé en 2021.

« Ce qui permettra de bâtir l’avenir du port, d’irriguer la dizaine de ports tout au long du Rhône. La Saône permettra aussi d’aller se connecter jusqu’à la Bavière (…) de développer du transport, de la plaisance, des activités multiples… Cette conviction profonde, vous l’avez compris, c’est celle d’un port qui va s’ouvrir, développer de l’activité, repousser la Méditerranée et le faire en décarbonant, en électrifiant et en embrassant le XXIᵉ siècle ».

Réindustrialisation et souveraineté

Emmanuel Macron souhaite aussi accélérer dans la production du solaire et la réindustrialisation « qui pourra se faire ici, autour du port et de l’enceinte industrielle », citant deux projets majeurs : le pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille d’ici sept ans ou la giga-usine de produits photovoltaïques de l’entreprise Carbon, à Fos-sur-Mer, sur le Grand port maritime de Marseille.

« Le grand projet de ce Marseille réconcilié avec la Méditerranée, c’est un projet de transport, c’est un projet d’infrastructures, c’est un projet d’énergie, complètement cohérent avec notre volonté de réconcilier la souveraineté, l’écologie, la réindustrialisation du pays. C’est ça, le Marseille de 2030 qu’on doit bâtir. Nous y sommes. Il faut pour ça des investissements. Nous y sommes prêts ».

Marseille, capitale du numérique européen

Grâce à ses câbles sous-marins et sa position géo-stratégique, Marseille est le 7e hub mondial de connexions numériques, et devrait entrer dans le top 5 d’ici à l’année prochaine. En accélérant sur ce sujet, le Président de la République ambitionne de faire de Marseille une véritable capitale du numérique européen, en misant sur des centres de données.

« Mais pas de data centers s’il n’y a pas une énergie décarbonée », prévient-il, évoquant aussi la formation avec des écoles types La Plateforme. L’objectif est de « créer un écosystème de formation, d’innovation autour du numérique et qui, de l’intelligence artificielle au cyber, va pouvoir créer un écosystème d’innovation autour de ce nœud que les câbles permettent ainsi que le développement des data centers ».

Création d’une école de l’économie bleue

Parmi les projets annoncés, la création avec Aix-Marseille Université d’une école de l’économie bleue, à l’Estaque sur l’emprise du GPMM, « pour nous permettre de former des centaines, voire des milliers de jeunes venant de nos quartiers Nord qui veulent embrasser ce destin méditerranéen auquel nous voulons l’ouvrir ». Une école qui sera soutenue par la CMA-CGM.

La confirmation également du projet Odysseo lancé en 2021. « Je souhaite vraiment que pour 2024 le projet Odysseo puisse entrer au port et que nous puissions parachever avec tous les partenaires aussi privés qui sont prêts à l’accompagner ce formidable lieu de culture, d’écologie et d’apprentissage, d’ouverture sur la Méditerranée ».

Une Saison Méditerranée en 2026

Dans la lignée du Forum des mondes méditerranéens organisé à Marseille en 2022, un fonds de soutien aux entrepreneurs doté de 100 millions d’euros a été engagé permettant l’amorçage de plusieurs projets. « Je veux que dans les douze mois qui viennent, nous puissions lui donner un formidable coup d’accélérateur et j’ai besoin que les entrepreneuses et entrepreneurs issus des diasporas et des deux rives puissent nous aider à démultiplier les projets pour montrer qu’il y a sur les deux rives de la Méditerranée une volonté de construire, des opportunités de création d’emplois, de richesses partagées, respectueuses et réciproques ».

Sur le modèle que la Saison d’Africa2020 Emmanuel Macron souhaite lancer en 2026 une « Saison Méditerranée », comme « point d’orgue de l’ensemble des initiatives qu’on doit se donner pour les trois années à venir ». Pas seulement une saison culturelle, mais d’artistes, d’entrepreneurs, d’innovateurs qui permettra de faire émerger des projets communs de toutes les rives de la Méditerranée et qui, en partant de Marseille, associera une dizaine d’autres capitales « qui permettra d’avoir des projets itinérants, numériques, entrepreneuriaux, culturels… »

« Les rêves qu’on vit ici, on peut les raconter à travers la planète »

Marseille en grand, acte II passe aussi par la culture comme élément fondateur pour retisser du lien. « Cette culture qui est ici à Marseille, nous voulons démultiplier son ambition méditerranéenne ». Le chef de l’Etat a ainsi demandé au Centre Pompidou – qui sera en travaux durant plusieurs mois – d’accepter de partager plusieurs œuvres de ces collections permanentes, qui seront visibles au Mucem et sur d’autres sites. « Marseille doit être un épicentre et doit faire vivre de grands artistes modernes et contemporains qui parlent à la jeunesse. Je souhaite aussi que tous les trésors d’art méditerranéen, des arts de l’Islam, des grands départements du Louvre puissent parfois passer quelques mois le long de leur rive d’origine ».

Par ailleurs, le Mucem va bâtir pour cette Saison Méditerranéenne 2026 des partenariats avec plusieurs musées du pourtour méditerranéen. Toujours autour de la culture, Emmanuel Macron souhaite multiplier les résidences d’artistes et lancer dix grands quartiers d’architecture contemporaine 2030. « J’ai très envie avec vous que la Cité Radieuse ne soit pas simplement une formidable histoire du passé, qui est encore un lieu mythique à Marseille, mais qu’on puisse inventer une nouvelle cité radieuse dans les quartiers Nord ».

Sans oublier le cinéma. « Avec France 2030, il y aura trois grands studios dans la région ». Entre Martigues et Marseille, se développent des scènes d’envergure internationale « qui permettront ici de formidables tournages et avec aussi des écoles qui vont permettre à des scénaristes, à des réalisateurs en herbe, mais aussi à des techniciens, à tous les métiers du cinéma, d’être ici formés pour bâtir le cinéma et imaginer le Marseille et la Méditerranée de demain. Et dire que les rêves qu’on vit ici, on peut les raconter à travers la planète ».

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