Pour cette 44e journée internationale des droits des femmes, Made in Marseille revient sur les femmes porteuses de projets et d’initiatives engagées et militantes qui font bouger les choses dans la région.

Ce lundi 8 mars marque la 44e Journée Internationale des Droits des Femmes. L’occasions d’organiser, à travers le monde, des événements pour célébrer l’avancée des droits des femmes, mais également faire entendre leurs revendications pour continuer de progresser vers l’égalité entre les sexes.

Cette année, le thème est le « leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». L’objectif est de célébrer les efforts déployés pour modeler un futur plus égalitaire et relancer l’économie, fortement impactée par la pandémie de Covid-19.

En France, le nombre de femmes entrepreneures augmente d’années en années. Selon l’Insee, en 2018 elles représentaient 39% des créateurs d’entreprises contre 33% en 2000. Une évolution encore loin de la parité mais encourageante, qui se fait également remarquer en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec la naissance de nombreux projets engagés. Retour sur ces entrepreneures et instigatrices d’actions militantes qui font bouger les choses.


Sarah Lagarde-Gillot et Cécile Kauffmann, créatrices de la boutique en ligne Sélène Provence

En novembre dernier, Sarah Lagarde-Gillot et Cécile Kauffmann ont lancé Sélène Provence, une boutique en ligne de vêtements et accessoires féminins. Le duo travaille en collaboration avec 19 créatrices françaises engagées dans un mode de confection éthique et inclusif. Par le biais d’événements et d’ateliers variés, elles mettent en lumière le savoir-faire de créatrices françaises. Enfin, elles espèrent bientôt débuter leur projet Sirius qui vise à redonner confiance à de nombreuses femmes. « Nous avons décidé d’allouer 5% de nos revenus pour faire appel à des prestataires extérieurs proposant des ateliers sur la confiance en soi, mais aussi des ateliers de théâtre et de danse pour reprendre le contrôle de son corps », nous avait expliqué Cécile. L’occasion de créer un réseau de « femmes fortes et déterminées » rayonnant à travers la France.

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© Sélène Provence

Avec les bijoux Jourca, Joanne Journée et Pénélope Cadeau luttent pour l’émancipation des femmes dans le monde

Nous vous en parlions l’année dernière : Joanne Journée et Pénélope Cadeau, deux entrepreneures basées sur Marseille, ont créé Jourca, une marque de bijoux marseillaise et éthique engagée pour l’émancipation des femmes du monde entier. Leur première collection, réalisée avec une communauté Massaï de Tanzanie, vise à lutter contre les mutilations sexuelles féminines et les mariages précoces. « Cette action avec les Massaï est un test, un projet pilote qui devrait durer trois ans. Durant ce temps, nous souhaitons mettre en place des outils pour mesurer l’impact social de notre action, voir s’il y a un changement sur les femmes avec lesquelles nous travaillons, ce que l’on peut améliorer », explique Joanne.

Et leur projet ne s’arrête pas là puisque les deux entrepreneures désirent, par la suite, réitérer l’expérience avec d’autres groupes de femmes :  « comme certaines communautés du Népal, du Moyen-Orient, d’Amérique latine et des pays d’Afrique. Notre cheval de bataille restera leur émancipation économique, la création, les rencontres et la préservation de leur savoir-faire traditionnel », explique Joanne.

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© Melissa Sadouni

Sahouda Maallem et l’atelier d’insertion 13’Atipik

Sahouda Maallem a créé, en 2012, l’atelier de couture d’upcycling 13’Atipik. Spécialisé dans la fabrication de vêtements adaptés aux personnes à mobilité réduite, il est également un chantier d’insertion. Sahouda emploie, en effet, des personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles, « sans expérience, handicapées ou encore réfugiées ». Argentins, Syriens, Afghans, Comoriens, Portugais… l’objectif de cette entrepreneure est de « re-mobiliser et dynamiser des personnes engagées dans un parcours d’insertion professionnelle » et les rendre « autonomes, libres et dignes ». Un lieu célébrant l’interculturalité, tout en respectant l’environnement.

Elle a récemment lancé sa propre marque de vêtements, Capuche, créée à partir de tenues de sports des années 90.

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Sahouda Maallem travaille dans le milieu de l’insertion depuis maintenant 36 ans

Lisa Markarian et Moranne Deroff avec leur projet Cagole Nomade

Cagole Nomade est un projet né en 2019, dans l’esprit de deux marseillaises, Lisa Markarian et Moranne Deroff. Cette jeune marque fabrique des vêtements et accessoires à partir de matières biologiques, recyclées et upcyclées, en collaboration avec des couturières indépendantes du Panier (2e). L’objectif de ces deux entrepreneures : sensibiliser les Marseillais à la protection de l’environnement et déconstruire les stéréotypes, une pierre à la fois : « Le terme « cagole » est généralement mal perçu, explique Lisa. Pour beaucoup, c’est la femme sans classe, qui dérange. Mais, dans l’étymologie, « cagoulo » est le nom du tablier de l’ouvrière marseillaise qui travaillait dans les usines de dattes. Certaines devaient combiner plusieurs métiers pour s’en sortir financièrement. Cagole Nomade, c’est une manière de combattre une forme de mépris social, quand il s’agit d’un mode de vie et d’un état d’esprit. Les personnes sont libres d’être respectées pour ce qu’elles sont, et non discriminées parce qu’elles dérangent ».

Incubée dans le programme d’accompagnement Les Déterminés, lancé à l’Orange Vélodrome, Cagole Nomade a été sélectionnée parmi les finalistes du concours du Phare de l’Entrepreneuriat prévu le 11 mars, à la Kedge Business School.

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Moranne Deroff et Lisa Markarian, les fondatrices marseillaises de la marque.
© Cagole Nomade

Assia Ali et le traiteur du monde Yemma Yummy

Créé en 2018, Yemma Yummy est un traiteur marseillais d’insertion, spécialisé dans les saveurs du monde, « ramen japonais, batbout marocain, pastels d’Afrique de l’ouest, samoussas, empanadas d’Amérique latine… le monde en une bouchée ». Imaginé par l’entrepreneure Assia Ali, il forme des apprenties cuisinières, venant de tous horizons, qui concoctent des plats authentiques, transmis de génération en génération. L’objectif de ce traiteur marseillais, lauréat 2019 du prix régional de la solidarité, est de servir à ses cheffes de tremplin dans leur projet professionnel afin de leur permettre, à leur tour, de créer leur propre entreprise. Une initiative solidaire et multiculturelle, à l’image de sa ville d’accueil.

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Si Assia Ali n’est pas originaire de Marseille, elle est tombée amoureuse de la ville, véritable melting pot culturel © Yemma Yummy

Laura Drewett et Murielle Sitruk créent la marque pour enfants « Pourquoi Princesse ? »

Place à la marque de vêtements engagée pour enfants « Pourquoi Princesse ? ». Créée par Laura Drewett et Murielle Sitruk en 2019, cette start-up marseillaise propose des robes bleues à motifs fusée et des t-shirts ornés de dinosaures et de voitures de courses, mais aussi des accessoires divers et des tatouages éphémères. L’objectif : casser les stéréotypes fille/garçon et permettre aux enfants de se projeter dans n’importe quel métier, passion ou sport, sans distinction de genre.

Elle a également imaginé une combinaison de pilote accompagnée d’un livre intitulé “Je peux être pilote”, narrant les récits de femmes pilotes ayant marqué l’histoire. Et les fondatrices prévoient déjà de créer d’autres vêtements à l’image de métiers ou sports à “dominance” masculine, accompagnés de livres racontant les succès de femmes ayant « brisé le plafond de verre ». Un moyen de montrer à la nouvelle génération, filles et garçons, qu’elle est capable « de devenir tout ce qu’elle veut ».

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© Pourquoi Princesse ?

Justine Chambon et Marie Goelo, fondatrices de l’atelier Les Flamants Verts

Envie de passer à une consommation plus responsable ? Justine Chambon et Marie Goelo on récemment ouvert la boutique-atelier « les Flamants Verts », au bout de la rue Marengo (6e). Elle propose tout le matériel nécessaire à l’apprentissage et la préparation d’une trentaine de produits de beauté et d’entretien différents, avec des ingrédients d’origine naturelle. Le local dispose également d’une partie vrac (huile de coco, beurre de karité…) ainsi que des solutions « zéro déchet » : gourdes en inox, lingettes démaquillantes, culottes de règles ou bien encore des bols chauffants nécessaires à la réalisation des produits maisons. L’objectif des deux entrepreneures est d’aider à réduire la consommation de plastique et de déchets à usage unique de ses clients,  mais également de proposer des alternatives aux produits de beauté et d’entretiens de grande surface, parfois nocifs pour la santé et l’environnement.

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© I.B

Coline Faulquier, première cheffe étoilée de Marseille

Que serait une sélection des figures féminines marseillaises sans Coline Faulquier ? En 2016, elle était déjà finaliste de la saison 7 de Top Chef. Cette année, la jeune cheffe s’est illustrée avec son entrée au guide Michelin, et en grande pompe : une première étoile décrochée pour son restaurant Signature. Elle devient ainsi la première cheffe marseillaise à obtenir le précieux sésame du Guide rouge. En prime, elle a aussi obtenu le “Young Chef Award 2021”. De belles récompenses qui contribuent à porter haut les couleurs de la cité phocéenne.

La Maison des Nines, le projet de Claire Lombard, Annaelle N’Kaoua et Estelle Billet

Claire Lombard, Annaelle N’Kaoua et Estelle Billet se sont associées pour le projet la Maison des Nines (“jeunes femmes” en provençal). Imaginé comme un lieu de vie avec des espaces de restauration et un concept-store, l’établissement situé au 9 rue d’Aubagne (1e) a pour vocation de devenir un repaire pour les associations et habitants du quartier, où seront organisés des ateliers pour petits et grands et des conférences thématiques. L’objectif : mettre en valeur l’artisanat et le savoir-faire made in France tout en sensibilisant aux problématiques sociales et environnementales. Un projet plein d’ambition à découvrir en avril.

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Les actions engagées et militantes

Elsa Miské, Axelle Gay et leur jeu « Moi c’est Madame »

La game designer Axelle Gay et la co-fondatrice du podcast féministe YESSS, Elsa Miské ont créé « Moi c’est Madame », un jeu de société inspiré des témoignages de l’émission. « Ces micro-agressions sont quotidiennes et provoquent parfois un phénomène de sidération, on ne sait pas quoi répondre sur le moment. Le but de Moi c’est Madame est de préparer à ce genre de moments, comme une boîte à outils. Savoir répondre et s’affirmer avec courage, ne plus laisser passer les agissements et propos sexistes », nous expliquait alors Elsa. Une manière ludique de sensibiliser femmes et hommes, collègues et famille, sur les attitudes sexistes quotidiennes auxquelles les femmes peuvent être confrontées.

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Elsa Miské et Axelle Gay ont imaginé Moi c’est Madame, le premier jeu marseillais pour lutter contre le sexisme.

Mathilde Pelouzet et « Tous à l’eau »

En novembre dernier, la Marseillaise Mathilde Pelouzet a lancé le site internet « Tous à l’eau ! ». Il propose aux consommateurs des produits naturels de jeunes marques françaises, engagées pour l’environnement. « J’avais envie de me lancer dans un projet sur l’environnement sans idée précise, indique Mathilde. Puis c’est venu petit à petit, en sélectionnant de jeunes marques répondant à trois critères : être françaises, proposer des produits naturels et sans plastique ».

Dentifrices, shampoings solides, savons bio et/ou artisanaux, cotons démaquillants réutilisables ou encore kits pour fabriquer soi-même ses lessives… près d’une cinquantaine de produits respectueux de l’humain et de l’environnement.

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Mathilde, fondatrice du site Tous à l’eau !

Déborah Pardo et Nathalie Ille, fondatrices de Earthship Sisters

Earthship Sisters est un programme de formation dédié aux femmes pour développer leur leadership en entreprise, en particulier sur les questions environnementales. À la tête du projet, deux Marseillaises : Déborah Pardo et Nathalie Ille. L’aventure comprend 9 mois d’accompagnement personnalisé à bord d’un voilier, au cours d’un voyage de 11 escales à l’étranger. Imaginé pour toutes les personnalités, la volonté est de prouver qu’un bon leader n’est pas forcément celui qui rentre dans un moule pré-conçu. Une initiative qui met donc, une fois encore, l’empowerment féminin marseillais à l’honneur.

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La promotion précédente de Earthship Sisters (© Mary Aymonde Gé)

L’Auberge marseillaise, nouveau centre d’abri pour les femmes vulnérables ouvre ses portes aujourd’hui

Ce 8 mars 2021 sera inaugurée l’Auberge marseillaise. C’est dans le 8e arrondissement que le projet de plusieurs associations marseillaises va donc prendre vie, dans cette auberge de jeunesse qui sera mise à disposition de femmes vulnérables pendant un an. Plus qu’un refuge, il sera question ici d’un lieu de vie à part entière, d’accompagnement et d’épanouissement, permettant à chacune, qu’elles soient seules ou avec enfant, de rebondir avant d’entamer un nouveau parcours. Retrouvez tous les détails dans notre article.

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L’Auberge de Marseille Bonneveine (8e) ouvre temporairement ses portes à des femmes en situation de précarité. ©L.D.

Illona Bellier (avec Lisa Domanech)

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