Ce vendredi, Renaud Muselier présidera la dernière séance plénière de sa mandature. Pas encore officiellement candidat à sa réélection, le président (LR) de la Région Sud est dans les starting blocks.

Il avait imaginé une autre fin de mandat. Laisser la possibilité à chacun de s’exprimer au sein de l’hémicycle régional, « afin de remercier chacun pour la qualité des débats ». Après quoi un « déjeuner amical » aurait précédé une « surprise agréable pour les 123 conseillers régionaux ». Seulement voilà. Vendredi 23 avril, l’ultime séance plénière de la mandature de Renaud Muselier se déroulera en visio-conférence.

« La tristesse d’une dernière séance » s’estompe avec la présentation « d’un vrai bon bilan », se satisfait le président (LR) de la Région Sud. « Dans la tempête, la Région était à la barre ». Et il veut garder le cap. « Je regarde devant. Je reste accroché à mes urgences, la crise sanitaire, les difficultés avec les différents secteurs dont j’ai la responsabilité », dit-il, éludant au passage la date d’une déclaration de candidature à sa propre réélection. « Le dépôt des listes, c’est le 17 mai », sourit-il. Si l’annonce vient en son temps, l’envie est là. « J’ai adoré ce mandat, parce que j’ai été à la manœuvre ». Le calendrier aussi, « Je termine mon boulot de président vendredi ».

L’heure des comptes

Cette séance sera l’heure des comptes. 12 milliards d’euros de crédits régionaux votés au cours du mandat, auxquels sont venus s‘ajouter 4,6 milliards d’euros de crédits européens. « On est organisé pour viser les 10 milliards d’euros sur la prochaine période de programmation », ajoute le président de la Région Provence-Alpes Côte d’Azur, récompensé par la Commission européenne pour sa gestion de l’épidémie de Covid-19. Une « gestion agile et réactive » qui a commencé dès mars 2020 par la levée de 1,4 milliard d’euros destinés à aider les entreprises du Sud.

La relance est financée avec le contrat d’avenir État-Région à 5,1 milliards, « et 10 milliards d’euros à la clé pour le territoire qui auront un effet-levier ». Les deux premiers milliards seront votés demain pour accélérer les projets régionaux. 1 200 ont été adressés à la Région par les maires et les présidents d’intercommunalité.

6 000 rapports ont été soumis au vote et « dans toutes les huit formations qui composent cette majorité, pas une seule voix n’a manqué pour voter en leur faveur ». Seul adversaire dans l’hémicycle, le Rassemblement national a voté 71% d’entre eux, s’abstenant sur 23%. L’homme fort de la Région met cette proportion sur le compte d’une nouvelle méthodologie, impulsée après le départ en 2017 de Christian Estrosi, pour se consacrer à Nice, et de la frontiste, Marion Maréchal Le Pen.

Les vifs échanges entre les deux ténors ont fait place à des commissions de travail « plus vivantes » desquelles ont découlé « des débats plus apaisés et de meilleure qualité », explique l’élu, qui plaide pour le « dialogue et l’échange », même s’il n’a « pas peur du combat ».

L’adversaire

Au regard des derniers sondages pour les élections régionales des 20 et 27 juin, le vrai combat devrait avoir lieu face au Rassemblement national. La dernière enquête Ifop place la liste RN conduite par Thierry Mariani, [qui ne devrait pas tarder à officialiser sa candidature] en tête au premier tour. Renaud Muselier « ne sous-estime rien ni personne », mais balaye ses projections. « Aux dernières municipales, la droite était censée perdre 17 villes face au RN. On n’en a perdu aucune et on lui en a pris deux ».

Malgré la popularité du RN, qui donne Thierry Mariani entre 29% et 33% des intentions de vote au premier tour, Renaud Muselier, crédité de 26 à 27%, reste confiant : « En 2015, Marion Maréchal faisait entre 41% et 44%. C’est entre 10 et 14 points de moins », souligne le président de Région.

On se souvient que la gauche s’était désistée entre les deux tours des régionales en 2015 pour faire barrage au Front national assurant la victoire à Christian Estrosi. « J’ai toujours gagné face au RN en triangulaire », ajoute Renaud Muselier, alors qu’une liste d’union des forces de gauche est en construction.

À l’instar du Printemps marseillais, Olivia Fortin, adjointe au maire de Marseille, veut conduire une liste d’union des forces de gauche et écologistes pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les discussions sont en cours avec Jean-Laurent Félizia, du « pôle écologiste » qui appelle aussi à un large rassemblement de la gauche derrière lui. « Un printemps régional » s’il arrive à éclore pourrait venir jouer les trouble-fêtes.

« Je ne me suis pas réveillé en janvier pour faire la Cop d’avance »

Avec le plan climat régional, dont l’acte II « Gardons une Cop d’avance », sera voté demain, Renaud Muselier a fait de la protection de l’environnement une priorité de sa mandature en verdissant 30% de son budget. Argument de campagne à l’heure où l’écologie sera un enjeu du prochain scrutin ? « Je ne me suis pas réveillé en janvier pour faire la Cop d’avance aujourd’hui. J’essaie de mettre en perspective une région, de bénéficier de la totalité des chances et des atouts de ce territoire, et l’environnement en fait partie. Je pense fondamentalement que ceux qui sont proches des Verts ne peuvent pas voter pour ceux qui sont contre les sapins de Noël, le Tour de France… Ce n’est pas ma conception de l’environnement ».

Et le chiraquien veut avant tout convaincre les électeurs de droite et du centre. Pour ceux qui ne sont pas de sa sensibilité politique, une question : « quand je me serai présenté, je leur demanderai ce qu’ils pensent de mon bilan ». Renaud Muselier constate que plus de 300 personnalités du monde de la culture ont affiché leur soutien dans une tribune. « Ce sont des gens plutôt libres et rarement de ma sensibilité ». 1 200 maires en feront de même dans quelques jours pour soutenir sa candidature. « Pas un élu de la région ne peut dire qu’il a été traité de manière inéquitable ou injuste », plaide le président de la Fédération LR des Bouches-du-Rhône.

Partisan de l’union sans le sceau des partis politiques

L’élu rejette une fois encore les accords d’appareils, affichant une position claire vis-à-vis du parti présidentiel. « Je ne m’entendrai jamais avec LREM ». Le pourra-t-il avec la candidate désignée par En Marche, Sophie Cluzet, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées ? Adoptant une « position gaullienne », Renaud Muselier reste un partisan « de l’union et de l’unité. J’appelle bien à remarquer que la désunion a amené à perdre la Ville de Marseille ».

« Je veux des gens qui soutiennent mon bilan et mon projet ». Son fameux test PCR : projet, compétence, République. Raison pour laquelle sur la liste ne figurera aucune étiquette politique, et ce même si Renaud Muselier a reçu l’investiture de son parti Les Républicains.

Pas encore tout à fait candidat, Renaud Muselier est « dans les vestiaires comme avant un grand match ». Le temps de mettre en œuvre les dispositifs d’aides face à la troisième vague pour « protéger, soutenir et préparer la réouverture », annoncée mi-mai. Puis d’entrer sur le terrain. Le coup d’envoi ne devrait plus tarder.

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