La Ville de Marseille souhaite déployer une flotte de 1 000 vélos électriques en libre-service dans la ville. Les opérateurs privés sont invités à répondre à un appel à manifestation d’intérêt d’ici vendredi 7 mai, pour une mise en service des vélos le 23 mai. Cette offre doublera celle déjà existante proposée par la Métropole.
Les élus de la Ville de Marseille l’avaient annoncé lors d’une conférence de presse mi-avril, sur fond de sur-fréquentation et d’engorgement de l’accès aux Calanques via le littoral. L’adjointe à la mobilité, Audrey Gatian, évoquait le déploiement de vélos électriques en libre-service dans ce secteur. Une alternative aux voitures qui créent déjà des embouteillages interminables entre la Pointe-Rouge et les Goudes depuis l’arrivée des beaux jours.
Les vélos à assistance électrique semblent en effet une alternative « décarbonée » intéressante face aux voitures. Dans une ville comme Marseille, très étalée et avec beaucoup de reliefs, ils permettent de parcourir de longues distances à moindre effort, et de décongestionner les axes de circulation.
🛴 Lutte contre le stationnement anarchique, installation d’une zone 30, offre de free-floating à vélo, extension du dispositif de trottinettes… Marseille veut mettre en place des alternatives au tout-voiture pour réguler l’accès au parc des Calanques.
Plus d’infos à venir pic.twitter.com/7J50uzUuFb
— made in marseille (@MadeMarseille) April 14, 2021
1 000 vélos sur 100 stations d’ici le 23 mai
Depuis ces annonces, les choses semblent aller bon train. Un appel à manifestation d’intérêt concurrent (AMIC) a été lancé et sera clôturé ce vendredi 7 mai. L’opérateur sélectionné sera désigné le 17 mai. Il devra se dépêcher, car il lui faudra déployer 1 000 vélos électriques en libre-service que la Ville espère les voir rouler dès le dimanche 23 mai. En effet, la date correspond à l’évènement « journée sans voiture », auquel pourrait également se greffer le « dimanche sans voiture sur le littoral » annoncé par le maire de Marseille.
Ces vélos électriques ne seront pas totalement en « free-floating », comme les trottinettes électriques qui peuvent être déposées assez librement à divers endroits. Les opérateurs candidats doivent proposer 100 zones de stationnement bien définies dans la ville, en dehors desquelles les locations ne pourront pas être clôturées.
Il s’agit ici d’une expérimentation d’une durée de « 4 mois et 2 jours », précise l’appel à manifestation d’intérêt. « Durée prorogeable une fois, pour une durée similaire », soit 8 mois en tout.
À lire aussi
« Nous souhaitons que le littoral soit bien desservi »
En termes de périmètre, le document évoque « la commune » mais précise aux candidats qu’ils doivent « proposer des stations le long du littoral ou des cours d’eau comme l’Huveaune ». « Nous souhaitons que le littoral soit bien desservi, notamment aux abords des calanques », rappelle Audrey Gatian. « Qu’on puisse en avoir sur le littoral Nord aussi, notamment à l’Estaque », poursuit-elle, à bon entendeur pour les opérateurs.
Ces derniers devront tout de même composer avec leurs propres contraintes logistiques (rapatriement et recharge des vélos) et les coûts économiques que le déploiement induit pour s’y retrouver. Ils devront notamment s’acquitter d’une redevance d’occupation du domaine public pour bénéficier des emplacements mis à disposition par la Ville. Elle sera basée sur une part de leur chiffre d’affaires, qu’ils doivent eux-mêmes proposer.
Ces 1 000 nouveaux vélos électriques en libre-service doublent l’offre déjà existante de la Métropole, Levélo, dont les 1 000 vélos « mécaniques » sont déployés sur 130 stations à Marseille. En 2023, ce service évoluera pour proposer 2 000 vélos électriques sur 200 stations. En attendant, le projet municipal espère compléter ce service, très concentré autour du centre-ville.
À lire aussi :
Entre 15 et 30 centimes la minute
Côté tarifs, les opérateurs seront également libre de les définir. Dans les villes où sont déployés ce types de dispositifs, comme Paris ou Bordeaux, la location varie entre 15 et 30 centimes d’euros par minute, auxquels s’ajoute le plus souvent 1 euro fixe pour débloquer le vélo.
Dans leurs communications, ces sociétés font souvent valoir que leur service coûte aux usagers 1 euro du kilomètre en moyenne. Si on se fie à eux, pour le trajet de 4 kilomètres entre Pastré et Les Goudes qui intéresse particulièrement la municipalité, les utilisateurs devraient donc débourser environ 4 euros.
À titre de comparaison, les tarifs du service métropolitain levélo varient entre 1 euro hebdomadaire et 5 euros annuels pour l’abonnement. Pour l’utilisation, la première demi-heure est gratuite et les suivantes coûtent entre 50 centimes et 1 euro.
Trois opérateurs déjà intéressés
Il avait été le premier à déployer ses trottinettes à Marseille, « l’opérateur Lime répond à l’appel à manifestation d’intérêt », précise Audrey Gatian. L’adjointe à la mobilité évoque également les sociétés « Dott et Tier, très intéressées ».
Garance Lefèvre, directrice « affaires publiques » pour Lime France, considère Marseille comme « un territoire attractif. Avec ses problématiques de mobilité urbaine, auxquelles on peut répondre. Les vélos électriques sont une alternative à la voiture pour les calanques. Des modes de transport « zéro émission », en partage, adaptés aux distances longues, et au relief, propres à cette ville ».
Elle ne souhaite pas pour autant communiquer les tarifs que la société entend pratiquer si elle est retenue, ni l’estimation des emplois générés sur le territoire « mais il y en aura un nombre conséquent évidemment ». Elle assure qu’ils seront tous « internalisés », à savoir, salariés de l’entreprise. Les opérateurs de ce type ont en effet été souvent critiqués pour leur emploi d’auto-entrepreneurs, favorisant ainsi une forme de précarité.
Loïs Elziere avec Narjasse Kerboua
À lire aussi :