Partenaire logistique des Jeux olympiques, CMA CGM déploie des actions pour favoriser l’accès au sport et à la mer à travers sa fondation. Rencontre avec sa présidente, Tanya Saadé Zeenny.
La fondation CMA CGM a signé un partenariat avec Le Grand Bleu le 18 juillet sur la base nautique de Corbières, au Nord de Marseille (16e) pour soutenir leur action en faveur de l’apprentissage à la nage et de l’accès aux activités nautiques.
Présidente de la fondation depuis 2018, Tanya Saadé Zeenny s’est déplacée sur le site pour saluer le travail accompli par l’association depuis 25 ans. Elle affirme clairement la vocation éducative que doit incarner la fondation CMA CGM, notamment à travers le sport et ses valeurs.
En tant que partenaire logistique des Jeux olympiques 2024, la société de transport maritime et de logistique fondée à Marseille, troisième armateur mondial, veut profiter des épreuves de voile et de football pour laisser une empreinte durable sur la vie des habitants.
Made in Marseille : Nous sommes à la base nautique de Corbières, où travaille l’association Le Grand Bleu depuis 25 ans. Pourquoi la fondation CMA CGM a-t-elle choisi de les soutenir maintenant ?
Tanya Saadé Zeenny : Le groupe CMA CGM est partenaire logistique des Jeux olympiques 2024. Mais nous avons voulu aller beaucoup plus loin pour laisser un héritage à Marseille, une ville à laquelle nous sommes très attachés. Ici, 60% des enfants de moins de 12 ans ne savent pas nager. Certains jeunes ne sont quasiment jamais allés à la mer de leur vie, alors qu’ils habitent à quelques kilomètres, voire quelques mètres. Il est donc très important de leur permettre de pratiquer un sport ou une activité nautique. Ça a toujours été une préoccupation pour nous.
Pensez-vous que Marseille tourne encore trop le dos à la mer ?
On n’est jamais assez tourné vers la mer. La fondation a monté le programme « Découverte de la mer » au Frioul pour 800 enfants et jeunes des centres sociaux marseillais avec la Fédération Léo Lagrange Méditerranée. Nous soutenons aussi depuis quatre ans le dispositif « Un pas vers la mer » de l’association Marseille Capitale de la Mer qui permet d’apprendre la nage à 150 enfants chaque année.
Quel est le rôle de la fondation CMA CGM aujourd’hui ?
La fondation s’articule autour de deux axes : l’humanitaire et l’éducation. L’humanitaire est la spécificité de notre fondation qui utilise et mobilise tous les outils industriels de CMA CGM : ses avions, ses bateaux, ses conteneurs, pour répondre aux besoins. Nous avons monté le très beau programme « Conteneurs d’espoir » pour envoyer des médicaments en Afrique par exemple.
Dans l’éducation, nous construisons des écoles. Nous formons aussi 1300 jeunes en décrochage scolaire dans nos « écoles innovantes » à Marseille pour leur permettre d’être formés aux métiers d’avenir. Comme avec Acta Vista sur la restauration du patrimoine, ou Kourtrajmé sur la filière cinéma. Nous allons d’ailleurs renommer nos 11 écoles « formations d’avenir ».
Lorsque j’ai repris la fondation, j’ai ajouté le pilier de l’éducation car c’est un levier exceptionnel de cohésion sociale.
Vous avez succédé à votre mère en 2018. C’est quoi la « patte » Tanya Saadé ?
Ma mère a créé la fondation en 2005 pour mener des actions autour du handicap et de l’humanitaire. J’étais vice-présidente à ses côtés. Lorsque j’ai repris la fondation en 2018, j’ai ajouté le pilier de l’éducation car c’est un levier exceptionnel de cohésion sociale. La fondation fait partie de notre ADN d’entreprise familiale avec des valeurs très fortes.
Comme le sport ?
Le sport, croyez-moi, c’est de l’éducation. Il véhicule des valeurs d’engagement, de cohésion, de précision, d’excellence et d’esprit d’équipe. C’est aussi un enjeu de santé publique pour lutter contre la sédentarité.
Vous agissez particulièrement au nord de la Ville. Palliez-vous le manque d’équipements publics sur ce territoire ?
Quand on est sur le terrain, on sent le besoin. Je me suis rendue compte que ces centres avaient besoin de terrains de sport. Nous avons travaillé avec l’Olympique de Marseille pour rénover trois city stades au Nord (2e, 3e et 13e). Mais nous venons aussi d’inaugurer le terrain de la Reynarde vers la Valentine, dans l’Est de la Ville (11e). Notre force, c’est de nous appuyer sur des structures solides conjointement à l’État et aux collectivités locales.
Je rappelle que CMA CGM est passée par une situation difficile en 2009 et que la fondation a toujours été présente. Elle est le reflet de notre entreprise familiale.
La nouvelle composition de l’Assemblée nationale et les incertitudes politiques pourraient-elles impacter d’une manière ou d’une autre le quotidien de votre fondation ?
En quoi ? Vous savez, nous sommes là pour durer, pour réaliser des actions sur le long terme. Nous l’avons prouvé depuis 2005. Je rappelle que CMA CGM est passée par une situation difficile en 2009 et que la fondation a toujours été présente. Elle est le reflet de notre entreprise familiale et de qui nous sommes. Nous voulons être utiles aux autres. Rodolphe Saadé à la tête de cette entreprise est également très impliqué. C’est lui qui nous pousse à renforcer nos actions.
Quel est le réel lien entre CMA CGM et la fondation, au-delà du financement ?
La fondation utilise et mobilise l’outil logistique. Mais elle va plus loin en mettant à disposition l’expertise du groupe. Concernant la Reynarde, nous avons mis à contribution nos architectes pour aider à concevoir le terrain. De même pour notre incubateur social « Le Phare » où les entrepreneurs peuvent s’appuyer sur les financiers et les commerciaux de CMA CGM. Le Phare, aujourd’hui logé chez Zebox, va déménager au Grand Central à Colbert (1er) comme le pôle des médias (dont La Provence, Ndlr).
Nous sommes en train de finaliser un très gros projet pour aider les associations dans la précarité alimentaire.
Vous semblez, vous aussi, travailler en « mode » start-up. Non ?
C’est ça, la CMA CGM. C’est un très grand groupe qui a conservé son état d’esprit de start-up et ses valeurs familiales. Notre fondation n’est pas comme toutes les autres. On cherche. On essaye d’innover. Un très gros projet de l’innovation sociale qui me tient à cœur est sur le point d’être finalisé pour aider les associations dans la précarité alimentaire. Ça va être révolutionnaire pour Marseille ! Mais je ne peux encore rien dire. J’en parlerai certainement cet automne.