Emmanuel Macron était à Marseille pour son dernier meeting de l’entre-deux-tours. Dans un discours tourné sur l’écologie, il a fait du second tour de la présidentielle « un choix de civilisation ».

Il a choisi Marseille. « Sa ville de cœur ». C’est depuis les jardins du Pharo, là même où il avait décliné le plan « Marseille en Grand » en septembre dernier, qu’Emmanuel Macron a tenu son dernier meeting d’entre-deux-tours.

Anne-Marie est aux premières loges, pour ne rien rater du discours de son champion. Ce rendez-vous marseillais, elle ne voulait en aucun cas le manquer parce qu’elle « l’aime beaucoup, depuis 5 ans on le soutient à fond », dit-elle, arborant un tee-shirt rouge estampillé « Emmanuel Macron avec vous ».

Macron, Pour Emmanuel Macron « Marseille est un laboratoire de la République », Made in Marseille

Militants convaincus et soutiens locaux

Tandis que les jeunes avec Macron donnent de la voix scandant le refrain « et un, et deux, et cinq ans de plus », quelque 2500 personnes, contre les 5000 attendues, se massent sur les pelouses du Pharo, munies de drapeaux et pancartes.

Très peu de curieux finalement. Des militants de la première heure, des convaincus pour la plupart et des soutiens locaux, à l’instar de Renaud Muselier, président de la Région Sud, Christian Estrosi, le maire de Nice, deux ex-LR, accompagnés des élus de l’exécutif régional.

Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, exclue des LR pour avoir apporté son soutien à Emmanuel Macron, est au rendez-vous, tout comme Lionel-Royer-Perreaut, maire des 9-10e arrondissements de Marseille, qui a récemment rejoint la majorité présidentielle. Le maire de Marseille, Benoît Payan qui a appelé à « faire barrage à l’extrême droite » en votant pour Emmanuel Macron au second tour est, quant à lui, absent.

« Nous, Emmanuel, à Marseille on te kiffe »

Comme en 2017, à l’époque Porte de Versailles, la productrice marseillaise, amie du couple présidentiel, Sabrina Agresti-Roubache, qui joue cette fois à domicile, ouvre l’événement. « Nous devons porter un message d’union (…) Notre pays s’est toujours dressé contre les extrêmes », clame-t-elle depuis la tribune, avant de céder la place à l’entrepreneur social, Laurent Choukroun, fondateur de l’Épopée.

Lui évoque ainsi ce lieu d’innovation éducative, unique en France, créé dans les quartiers Nord de Marseille, qui entend donner la possibilité aux jeunes de rêver. C’est ce message que le président de Synergie Family défend sur l’estrade, avant que Mourad Boudjellal, l’ex dirigeant du club de rugby toulonnais, ne se lance dans un plaidoyer contre le Rassemblement national, le racisme et les extrêmes.

L’heure de l’entrée en scène du président candidat sonne, sous le « Nous, Emmanuel, à Marseille on te kiffe », de Sabrina Agresti-Roubache et sous le regard de la Bonne Mère. Emmanuel Macron entame son discours en évoquant Marseille, « ville de jeunesse qui s’est faite à travers le temps et par tant et tant de destins mêlés » qu’il qualifie de « laboratoire de la République ». Il rappelle au fil de son propos les grands projets structurants des écoles, les grands studios de cinéma de la Méditerranée, le développement du Grand port de Marseille et l’enjeu de la mobilité.

« Changement de méthode profond dans les 5 ans à venir »

La cité phocéenne a placé Jean-Luc Mélenchon (LFI) en tête au premier tour de la présidentielle, avec 31,12% des suffrages largement devant le président sortant qui, lui a récolté 22,6%. Un électorat qu’il entend séduire, après avoir quelque peu assoupli son projet sur la réforme des retraites.

Le président candidat n’hésite d’ailleurs pas à reprendre à son compte le nom du programme du leader de la France insoumise lorsqu’il déclare : « Chacun devra prendre sa part à cet « Avenir en commun » que nous devons construire », dans un discours entièrement dédié à la question climatique. « Ce message écologique du premier tour, nous devons aujourd’hui lui donner une perspective nouvelle le 24 avril et pour les années qui viennent ».

Tout en évoquant un « changement de méthode profond dans les 5 ans à venir », il reprend quelques grandes thématiques du troisième homme de la présidentielle, comme la planification écologique ou le respect de la qualité de l’air et de l’eau.

« À Marseille, je veux aller droit au but pour vous dire que nous avons entendu deux messages, déclare ce supporter de l’OM. Celui de mettre l’environnement au cœur de la France » et « celui des scientifiques du Giec qui donnent 3 ans pour respecter les Accords de Paris ».

« L’écologie au cœur du nouveau paradigme politique »

Emmanuel Macron place ainsi « l’écologie au cœur du nouveau paradigme politique », dans une ville qui s’est lancée le défi d’obtenir le label européen « 100 villes neutres en carbone d’ici à 2030 ».

Il défend aussi son bilan et son projet face à une « extrême droite climato-sceptique », menée par Marine Le Pen, énumérant quelques mesures de sa rivale. Et quand la foule siffle. Il calme : « Ne sifflez pas l’extrême droite, battez-la le 24 avril ». 

Un Premier ministre en charge de la planification écologique

« La politique que je mènerai pendant les 5 ans à venir sera écologique ou ne sera pas. () L’économie sera écologique ou ne sera pas (…) nos vies seront écologiques ou ne seront pas », clame-t-il.

C’est pourquoi, son « prochain Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique » annonce-t-il. « Cela démontre l’importance que nous accorderons à ce combat du siècle ».

« Pour agir », le futur chef du gouvernement sera appuyé par deux ministres forts. Un ministre de la planification énergétique qui aura pour mission « de faire de la France la première grande nation à sortir du gaz et du pétrole ». Emmanuel Macron promet, par ailleurs, de multiplier par dix l’énergie solaire installée, d’engager 50 nouveaux parcs éoliens d’ici à 2040 et de développer la filière hydrogène.

L’autre ministre sera chargé de la planification territoriale et « d’organiser avec les élus locaux la transition environnementale dans chaque territoire : dans nos régions, nos départements, nos métropoles et jusqu’à l’échelle du canton (…) L’agenda écologique est un agenda de confiance, de décentralisation massive ».

Le chef de l’État promet, s’il est réélu, « d’accélérer le cap de 2040 fixé pour sortir des emballages plastiques à usage unique » ; d’instaurer les 30% d’aires marines protégées promises lors du Congrès mondial de la Nature ; de planter « 140 millions d’arbres » d’ici à 2030 ; « d’obtenir une taxe carbone », en profitant de la présidence de l’Union européenne ou encore créer une Fête de la Nature, le quatrième dimanche de mai… Sous ce nouveau quinquennat, les grands patrons « seront » même « des patrons verts et écoresponsables ».

Le 24 avril, un référendum pour ou contre

Dans un discours de plus d’une heure trente, deux fois plus long que prévu, il tente aussi de convaincre les abstentionnistes, « tous ceux qui sont en colère, tous ceux qui ne sont pas allés voter, tous ceux qui respectent l’ordre des choses, mais parfois ne l’accompagnent pas », que le 24 avril s’annonce « comme un référendum pour ou contre ».  « Pour ou contre l’Union européenne, pour ou contre l’écologie, pour ou contre notre jeunesse, pour ou contre notre République ». Il évoque la finale de dimanche prochain, en opposition au projet du Rassemblement national « comme un choix de civilisation ».

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