Deux Marseillais se sont lancés dans la culture de champignons à base de marc de café recyclé à Marseille. Leur projet prend une nouvelle ampleur en s’installant dans les caves du lycée agricole des Calanques.
L’agriculture urbaine n’en finit pas de se développer à Marseille. Après les ruches sur les toits des hôtels, d’anciennes terres paysannes redevenues agricoles, une productrice de fromages dans les quartiers Nord ou encore la culture de houblon bio, voici les Champignons de Marseille, cultivés localement à partir de marc de café de restaurants recyclé.
L’association Les Champignons de Marseille a signé cette année une convention avec le Lycée agricole des Calanques (8e) et vient d’implanter la production dans ses caves de l’établissement. Non seulement, ils bénéficient à moindre frais d’un lieu capable d’augmenter grandement la production de champignons, mais leur activité rentrera dans le parcours pédagogique des futurs agriculteurs pour les sensibiliser à l’agriculture urbaine, en circuit-court et éco-responsable.
🍄 Dégustation des champignons de #Marseille dans les caves du lycée des Calanques. C’est ici que @Champi_Mars les fait pousser désormais, sur du marc de café recyclé ♻ pic.twitter.com/6H0uB3Ezkp
— made in marseille (@MadeMarseille) 12 décembre 2018
Des champignons 100% marseillais
Maxime et Nicolas, deux producteurs de champignons, cultivaient jusqu’à présent des pleurotes en plein centre-ville de Marseille. Et pour se faire, ils utilisaient du marc de café, récupéré auprès de l’hôtel InterContinental, installé dans l’ancien Hôtel Dieu (2e). Environ 50 kg de champignons étaient produits chaque mois, dont la majeure partie revendue à l’établissement. Après une phase de test concluante et des locaux au sous-sol de l’Équitable Café devenus trop étroits. C’est donc au lycée des Calanques, dans les quartiers sud, que l’association a décidé de s’installer pour développer son projet.
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« Devenir rentable en deux ans »
Après avoir signé une convention avec le Lycée agricole des Calanques, les acolytes vont « tripler la surface et envisagent de multiplier par 10 (leur) production pour arriver rapidement à 500 kg par an », explique Maxime Quemer, « on espère ainsi atteindre l’équilibre économique et devenir rentable d’ici deux ans ».
Afin de poursuivre leur expansion, ils ont lancé une campagne de financement participatif. Une manière collaborative d’aider ces entrepreneurs dans leur projet. À l’issue de cette campagne, ils espèrent récupérer entre 10 000€ et 25 000€. La somme récoltée permettra de financer une dalle de béton, une installation électrique, un système de brumisation ou encore une ventilation.
L’agriculture urbaine et éco-responsable rentre au lycée
« Après avoir lancé la production, nous allons travailler avec les équipes pédagogiques. C’est un enjeu aussi pour nous d’élargir la vision de ces futurs agriculteurs, et de leur apprendre ce qu’est l’économie circulaire, le circuit court, l’agriculture urbaine à partir de bio-déchets recyclés ». Ateliers, interventions dans les classes, stages, leur présence au sein même du lycée permettra de donner au projet une réelle dimension pédagogique.
Une activité zéro déchet
Au-delà de la pollution, il y a l’idée de valoriser des déchets qui ont une valeur agronomique importante, et que l’on jette pourtant à la poubelle. Comme le formule Maxime : « avant d’être éco, c’est logique ».
L’idée de cultiver des champignons à Marseille vient de Nicolas, lorsqu’il travaillait dans une épicerie paysanne du centre-ville. « Les clients demandaient souvent des champignons, mais il n’y a aucune ressource en local donc on n’en proposait pas. Cela m’a donné envie de voir comment il était possible de faire pousser des champignons à Marseille et j’ai découvert la technique de culture dans le marc de café », explique-t-il.
Pour cela, le marc de café doit être récupéré le plus frais possible. Il est reconditionné avec du compost. Il est mélangé à des graines de champignons et stocké dans des gros boudins de plastique. Ces derniers sont placés en incubation dans une pièce noire durant 15 jours. Ils rejoignent ensuite une salle blanche éclairée pendant 12 h par jour, fraîche et composée de 90% d’humidité. C’est là que les champignons sortent, généralement au bout de cinq jours.
L’avantage de la pousse sur le marc de café est que les champignons ont plus de goûts, sans pour autant prendre celui du café. Aussi, ils ne dégagent pas d’eau à la cuisson. Une caractéristique qui séduit les chefs, et notamment le chef étoilé de l’InterContinental, Lionel Lévy.
Une fois les pleurotes récoltés, le substrat grâce auquel les champignons ont poussé est donné à l’association Terre de Mars, qui cultive d’anciens terrains agricoles dans le quartier de Sainte-Marthe (14e). Un apport organique idéal pour enrichir une terre et lui permettre de s’aérer. « C’est là que l’on boucle la boucle, car on produit des champignons grâce à des déchets et, de notre côté, on ne crée aucun déchet », met en avant Maxime.
Les producteurs testent aussi la culture de leurs champignons avec, comme substrat, des sciures de bois du chantier naval Borg du Pharo (7e). À terme, l’idée est de faire pousser des champignons via différents biodéchets, pour ne pas être limité à un seul. Mais aussi de varier le type de production, comme par exemple les radis, toujours dans l’optique de ne pas être gêné en ne cultivant qu’une variété de produit.
Pour développer la production, les deux Marseillais vont devoir également trouver de nouvelles sources d’approvisionnement de marc de café. En plus de celui des restaurants, ils envisagent par exemple de recueillir celui des machines à café automatique. Pour une tonne de champignon produite, trois tonnes de marc de café seront recyclées.
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Par Agathe Perrier et Lois Elzière