Le retrait de Jean-Laurent Félizia pour le second tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur rebat les cartes. Malgré ce désistement salué unanimement, et un accord trouvé avec Jean-Marc Governatori, le duel de second tour entre Thierry Mariani (RN) et Renaud Muselier (LR) s’annonce très serré. Les deux candidats ont déposé leurs listes à l’identique pour le second tour.

Le premier tour du scrutin qui s’est tenu dimanche 20 juin a placé trois candidats en tête : le RN Thierry Mariani (36,4%), le président LR sortant Renaud Muselier (31,9%) et l’écologiste Jean-Laurent Félizia (16,9%).

Le candidat de la gauche a d’abord annoncé son maintien au second tour, avant de finalement renoncer, la mort dans l’âme, pour faire barrage à l’extrême droite. « Je n’ai pas le droit de jouer avec le feu pour l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants », déclarait-il en fin d’après-midi. Comme en 2015, la gauche s’efface et renonce à avoir des élus au Conseil régional pour les six prochaines années.

Les raisons du retrait de la liste de Jean-Laurent Félizia

Quelques heures plus tôt, ce lundi 21 juin, le paysagiste varois était pourtant catégorique, déterminé, à rester dans la course. Un maintien coûte que coûte même s’il n’avait aucune chance de victoire et malgré la condamnation unanime des ténors des partis nationaux qui ont pesé de tout leur poids.

Les appels de personnalités de gauche à faire barrage à la liste du Rassemblement national se sont multipliés. L’écologiste s’est retrouvé dans la position de Christophe Castaner en 2015, socialiste à l’époque, qui avait choisi de retirer sa liste pour empêcher la victoire de Marion Maréchal-Le Pen, qui avait rassemblé 41% des suffrages au premier tour.

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Pourtant, dans le camp de Félizia, on affirme que ce ne sont pas les pressions politiques « dérisoires » qui ont eu raison de leur leader et de leur détermination. « L’écart s’est creusé dans la nuit », avance l’équipe, face à trois cas figures : « Ce qu’on a cru dimanche soir, c’est qu’il y aurait un écart très faible entre Muselier et Mariani et donc le risque que le Rassemblement national gagne contrairement à ce que disaient les sondages était minime », explique Nathalie Morand, porte-parole de Jean-Laurent Félizia.

La deuxième hypothèse, annoncée depuis des semaines dans les sondages, donnait le RN à plus de 40% et grand vainqueur, quel que soit le scénario. « La réalité qui est apparue ce matin c’est qu’en regardant le report de voix ça se jouait à un cheveu et nous on ne joue pas avec la vie des habitants. Cette décision, ni bonne ni mauvaise, était nécessaire et responsable ».

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« Un sacrifice », reconnu par Renaud Muselier qui a salué cette décision « courageuse » et « républicaine ». Conscient du renoncement que ce retrait représente, en cas de victoire, le président sortant s’engage à trouver « des mécanismes nouveaux » pour leur permettre de peser dans l’hémicycle régional. Le Rassemblement écologique et social pourra présenter des « délibérations, des motions ou des vœux conformément au règlement intérieur ».

D’autant que ce revirement de situation modifie l’échiquier politique. En difficulté dans une triangulaire, le duel qui s’annonce tendu entre Renaud Muselier et Thierry Mariani, laisse désormais une chance au président LR sortant de rester patron de la région. 4,47 points séparent les deux anciens ministres de Nicolas Sarkozy.

Un accord trouvé avec Jean-Marc Governatori

À quelques heures du dépôt des listes ce mardi à 18 heures, une entente aurait également été scellée avec la liste Jean-Marc Governatori (Cap écologie). L’autre écologiste de la campagne, qui a recueilli 5,28 %, des suffrages a préparé une dizaine de propositions à l’attention de Renaud Muselier. Fier d’avoir fait naître l’écologie au centre en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean-Marc Governatori s’est toujours posé comme un rempart à l’extrême droite et fait sa priorité de « faire appliquer son programme autant que faire se peut ».

Un accord « particulier » aurait visiblement été trouvé, selon l’intéressé. Une fusion des listes constituait un risque trop important de déstabilisation de l’électorat de Renaud Muselier, après le mélodrame vécu chez Les Républicains mi-mai, autour de la constitution de sa liste, qui accueille des membres du parti présidentiel.

Cet accord fait également les affaires de Jean-Marc Governatori qui mise sur une autre échéance politique. « Il devrait prendre une partie de mon programme. Nous sommes en train de déterminer quelles propositions de mon programme peuvent être reprises. Je pense qu’il respectera ses engagements, car c’est un homme honnête », poursuit l’écologiste, plutôt « satisfait ».

Officialisation du soutien demain matin

D’autant que la Fédération d’associations environnementales Action Climat qui a analysé le volet écologique des programmes des quatre principales listes aux élections régionales au premier tour a classé celui de L’écologie au centre comme « le plus complet et ambitieux ».

Il se distingue « largement sur l’enjeu climatique, il tient compte des mesures incontournables à mettre en œuvre à la fois pour les transports durables, mais aussi pour la formation et l’accompagnement des entreprises dans la conversion ou encore les questions énergétiques », résume le Réseau.

Une communication officielle devrait intervenir demain dans la matinée sur ce fameux accord, avec un appel clair à voter pour Renaud Muselier dimanche.

Une équation à plusieurs inconnues

Mathématiquement, en additionnant les voix de la gauche, et celles des écologistes, Renaud Muselier devrait arriver en tête dimanche soir, sauf que dans cette équation, restent plusieurs inconnues. Pourra-t-il profiter pleinement du report des voix des électeurs de gauche et des écologistes ? Suivront-ils la consigne de Jean-Laurent Félizia qui a ouvert la voie en appelant clairement à voter pour Renaud Muselier « pour faire barrage à Thierry Mariani et sa triste cohorte ».

L’abstention joue un rôle majeur. Deux tiers des électeurs ne se sont pas déplacés aux urnes dimanche dernier. L’enjeu est de remobiliser les abstentionnistes du premier tour, ainsi que ceux qui se sont éparpillés sur d’autres listes.

Une abstention historique qui culmine à 66%. Le Rassemblement national compte sur un « sursaut » de ces électeurs. Thierry Mariani a tendu la main aux électeurs de Debout La France, qui ont enregistré 2,70 % des voix, pas suffisamment pour fusionner leur liste.

Avec plus de 420 000 voix sur les 3,5 millions d’électeurs régionaux, le candidat du RN a perdu près de 300 000 électeurs par rapport au score de Marion Maréchal-Le Pen, en 2015. Un réservoir de voix que Thierry Mariani entend bien mobiliser.

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