Jean-Marc Governatori, chef de file de la liste l’Écologie au centre pour les élections régionales juge la banalisation d’une victoire du Rassemblement national en Provence-Alpes-Côte d’Azur « inacceptable ». Le candidat est prêt à soutenir Renaud Muselier, président LR sortant, pour empêcher un tel scénario de se produire. Dans cette optique, le co-président de Cap écologie estime que seul son projet peut contribuer à un échec du parti d’extrême droite sur le territoire.

Jean-Marc Governatori est « en colère ». Ces derniers jours, le candidat de la liste l’Écologie au centre, soutenu par Corinne Lepage, pour les élections régionales des 20 et 27 juin prochain, boue. « On ne se rend pas vraiment compte. Lorsque j’entends dire qu’une victoire du Rassemblement national est une suite logique de l’histoire, c’est inacceptable », déclare l’écologiste, soulagé de lâcher « ce qu’il a sur le cœur. Le Rassemblement national fait son fond électoral sur le populisme. Il faut arrêter de faire croire que nos malheurs ont pour seule cause Macron ou Bruxelles. Ce parti est un danger dans son essence même. Banaliser la victoire de Mariani est très grave. S’il gagne le 27 juin dans cette région, on prépare la victoire de Marine Le Pen le 24 avril 2022 ».

Depuis le début de la campagne, tous les projecteurs sont braqués sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et sur ce match entre le président LR sortant Renaud Muselier et l’ex-UMP Thierry Mariani, candidat du Rassemblement national. Si les derniers sondages donnent gagnant l’ancien ministre des transports de Nicolas Sarkozy, l’issue du scrutin reste très incertaine, tant le duel entre les deux hommes s’annonce serré au second tour.

Le plein-emploi, un levier pour lutter contre l’insécurité

Avec son projet basé sur « l’écolonomie », comme l’a surnommé Corinne Lepage, ex-ministre de l’Écologie, Jean-Marc Governatori se pose en rempart contre l’extrême droite. « La question à se poser n’est pas croissance économique ou décroissance, mais mettre en place, maintenant, une activité humaine compatible avec la biosphère dans les objectifs de pleine santé et de plein emploi », estime le détenteur du Trophée de l’emploi remis par le ministre des PME.

Le renforcement de l’économie circulaire, la multiplication des fermes paysannes, le développement des énergies renouvelables ou encore la rénovation énergétique constituent pour le candidat les quatre piliers fondamentaux pour atteindre le plein emploi. « Le RN ne parle jamais de ça comme cause de l’insécurité. Il se contente de dire qu’ils vont accroître le nombre d’agents de sécurité, alors que le plein emploi contribue à la sécurité des biens et des personnes ».

Sur le volet sécuritaire, la Région est compétente dans les transports (les trains) et les lycées, le reste relève de l’autorité de l’État. Reste qu’avec un agrément du ministère de la Justice, Jean-Marc Governatori milite pour la création d’une agence régionale pour les travaux d’intérêt général. Une idée également défendue par Renaud Muselier. Par ailleurs, en matière de trafic de drogue « première cause d’emprisonnement », l’institution peut faire « de la pédagogie », estime également le co-fondateur de la Ligue nationale contre la drogue.

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Le « Sel » de la campagne

Parmi ses « 18 propositions capitales », le co-président de Cap écologie mise également sur les systèmes d’échanges locaux (Sel) pour faire de la région « la championne de France de la qualité de vie. En France, il existe 500 Sel mais ils ne marchent pas très bien, car ils ne sont pas accompagnés par les pouvoirs publics. Le principe, c’est par exemple, dans un immeuble, les gens s’organisent pour échanger leur temps, leurs biens et leurs compétences. C’est primordial, car ça ne coûte rien, ça améliore les liens sociaux, ça développe le pouvoir d’achat et ça réduit les pollutions, c’est un bonus extraordinaire pour la région. On veut rentrer dans un esprit coopératif et le politique peut aider pour ça ».

Une grande priorité pour la région qu’il espère mettre en œuvre « si tant est que nous ayons suffisamment de voix au premier tour pour influencer M. Muselier », poursuit Jean-Marc Governatori, déjà dans l’entre-deux-tours. À ce titre, faire le choix de l’autonomie en quittant le Rassemblement écologique et social de Jean-Laurent Félizia est la raison pour laquelle « Thierry Mariani peut perdre », analyse le candidat. Il estime d’ailleurs que la construction d’une liste de gauche a été une « erreur stratégique » et même « une faute lourde », de la part de ses anciens alliés. « Dans cette configuration, avec des titans qui écrasent le match, la liste de gauche est, par essence, infusionnable avec celle de Renaud Muselier, car ce qu’il gagnerait à gauche, il le perdrait à droite », poursuit-il.

Une équation qui prend en compte un retrait de la liste de Jean-Laurent Félizia, si elle arrivait à la troisième place. « À dix mois de la présidentielle, ils ne peuvent pas prendre le risque d’avoir sur leur CV le fait d’avoir fait gagner le RN, déclare Jean-Marc Governatori. La seule solution pour permettre à Muselier de battre Mariani, c’est de lui apporter notre dynamique écologiste. On est son seul espoir ».

Corinne Lepage : « Il faut aider Renaud Muselier à l’emporter au soir du second tour »

Dynamique qu’il pourra toutefois impulser qu’à la condition que sa liste dépasse les 5 %. « On ne va pas le soutenir à n’importe quel prix, on veut évidemment des avancées », en termes d’économie circulaire, de rénovation énergétique, ou encore sur l’éolien… « On les met là où les habitants acceptent. En France, il y a 8 000 éoliennes, elles n’ont pas toutes été refusées par les habitants. On veut le faire évoluer là-dessus [Renaud Muselier défend prioritairement l’éolien flottant, ndlr] ».

« Ce que nous sommes en train d’essayer de faire, c’est de démontrer qu’une écologie républicaine est quelque chose d’indispensable en France et qu’elle doit occuper une place centrale sur l’échiquier politique. Nous proposons quelque chose qui n’existe pas et c’est aussi ça qui se joue en Paca, déclare Corinne Lepage. C’est important dans la construction d’un mouvement écologique pragmatique qui peut travailler avec d’autres partis dès lors qu’ils sont démocrates ». Catégorie à laquelle appartient Renaud Muselier selon les co-présidents de Cap Ecologie.

La présidente du jeune parti est favorable à un « accord technique » avec Renaud Muselier, permettant de faire peser l’écologie dans l’hémicycle régional et « conforme à l’intérêt collectif. Il faut aider Renaud Muselier à l’emporter au soir du second tour », affirme Corinne Lepage « sans état d’âme. Ça ne veut pas dire que je suis d’accord avec le président sortant, mais ça serait un très mauvais signal pour la suite si le RN passait ». Et Jean-Marc Governatori d’ajouter : « il ne faut pas que le Rassemblement en Paca devienne un cauchemar national ».


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