Réinventer la logistique urbaine en cœur de ville. Avec l’entrée en vigueur de la Zone à faibles émissions (ZFE) dans le centre-ville de Marseille cette année, comment traiter la question du dernier kilomètre ? De la livraison jusqu’à la collecte de déchets, des pistes de réflexion sont à l’étude et des solutions émergent pour créer une chaîne vertueuse.
Explosion du e-commerce, besoins croissants de livraisons de petits colis, piétonnisation des centres villes, préservation de l’environnement, changement des habitudes des consommateurs plus axés sur le circuit-court… impossible aujourd’hui d’éluder la question dite du « dernier kilomètre ». Cette ultime étape de la livraison au client final est généralement la plus coûteuse de la chaîne de distribution, financièrement et écologiquement.
La « réinvention » de modes de livraisons de marchandises au sein des villes est devenue ces dernières années un sujet majeur avec un objectif multiple : fluidifier les conditions de circulation, répondre au problème de stockage et de fonciers disponibles pour la gestion des flux de marchandises, s’emparer de la question écologique tout en s’assurant la bonne performance économique du territoire.
Avec l’entrée en vigueur de la Zone à faibles émissions (ZFEm) prévue pour 2021 dans le centre-ville de Marseille, limitant l’accès aux véhicules polluants pour améliorer la qualité de l’air [une enquête publique est à venir, ndlr], certains acteurs économiques rappellent l’urgence d’imaginer de nouvelles solutions de livraison concrètes, innovantes et décarbonées.
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La livraison à vélo, maillon fort de la logistique urbaine
Pour minimiser l’impact environnemental du dernier kilomètre et s’adapter à ces nouveaux enjeux, la première réponse est le recours aux moyens de mobilité doux, vélos cargos, véhicules électriques ou roulant au gaz naturel de ville (GNV).
À Marseille, des petites structures ont déjà pris le sujet à bras le corps, en exploitant la cyclo-logistique. Elle représente de nombreux avantages : moins de nuisances sonores, baisse de la pollution de l’air, peu de risque de stationnement gênant et de faibles émissions carbones. « Pas de carburant, pas de PV et souvent bien plus rapide », la petite entreprise marseillaise Rex travaille avec des transporteurs qui ont fait le choix de lui confier la livraison de leurs colis pour le dernier kilomètre.
La petite équipe de Toutenvélo, réseau de sociétés coopératives indépendantes, effectue ses courses rapides avec ses remorques-vélo adaptées et propose même un service de déménagement à en deux-roues (jusqu’à 300 kg). Les vélos-cargos de Mistral, arpentent aussi le bitume, spécialement dans le centre-ville de la cité phocéenne.
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Publiée par Toutenvélo Marseille sur Mardi 23 février 2021
Verdissement des flottes de véhicules
La crise sanitaire n’a pas démenti la croissance tendancielle du commerce en ligne, bien au contraire. Celle-ci a montré des perspectives de développement du e-commerce, notamment dans le domaine de l’alimentaire. Durant la première période de confinement, les acteurs indépendants de la livraison à vélo se sont fait connaître principalement avec de nombreuses livraisons de paniers-repas issus des circuits courts, démontrant ainsi leur utilité et leur efficacité.
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Le Marché d’intérêt national (MIN) des Arnavaux planche activement sur des solutions décarbonées « pour que la logistique passe au vert à Marseille », nous indiquait récemment Héloïse Delseny, chargée de projets européens chez Capnergies, pôle de compétitivité dédié aux spécialistes de l’énergie.
Début mars, le MIN va mettre en service deux fourgons de livraisons propulsés à l’électricité photovoltaïque produite directement sur site. Une expérimentation menée sur place dans l’objectif de l’étendre et de se projeter sur les livraisons entre la plateforme et le centre-ville. Dans le même temps, le site ambitionne de devenir autonome en énergie en développant sur ses toits, la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France.
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Mutualisation des réseaux de distribution : le modèle Urby
La mutualisation des réseaux de distribution entre les acteurs de la chaîne logistique apparaît aussi comme une solution pour optimiser les déplacements au sein des agglomérations. Le groupe La Poste, via sa filiale Urby, dédiée à la logistique urbaine, a ainsi créé en 2017 des centres de mutualisation en périphérie des villes pour les différents acteurs de la chaîne logistique : transporteurs, messagers, expressistes et chargeurs.
À Marseille, elle dispose d’un entrepôt de 2 700m² près du centre de tri de La Poste, dans le quartier d’Arenc. « Plutôt que de laisser les transporteurs s’occuper de chaque livraison indépendamment, nous centralisons ce flux logistique. Grâce à notre flotte de véhicules écologiques, nous les redistribuons en ville. Pour les plus petits colis, nous privilégions un coursier à vélo à Marseille. Pour les plus imposants, nous pouvons avoir recours à un véhicule propre plus imposant. Dans tous les cas, nous estimons que le simple fait de centraliser la livraison de colis permet de diminuer grandement le flux routier, les nuisances sonores ainsi que la pollution en centre-ville et en périphérie », explique Urby, sur son site.
La plateforme travaille entre autres avec Toutenvélo, qui enlève chaque jour des colis sur les quais de livraison situés sur la plateforme logistique d’Arenc à destination de leurs clients finaux situés dans le centre-ville, du 1er au 6e arrondissement.
Création d’un fret nocturne par tram
Pour la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence le système de livraisons en vélo-cargo doit être soutenu, principalement grâce à des aménagements dédiés. Le collectif « Tous Acteurs » a étudié quelques pistes de travail.
Parmi les solutions avancées, la possibilité d’utiliser le tramway marseillais pour la distribution urbaine d’1 heure à 5 heures du matin lorsqu’il n’y a pas de passagers, et en s’appuyant sur l’infrastructure existante [Lire le projet ici].
L’autre enjeu du dernier kilomètre : la collecte des déchets
La livraison sur le dernier kilomètre demeure une question fondamentale sur laquelle les pouvoirs publics devront prendre toute leur part. Mais la question des « ressources » à collecter en bout de chaîne est également sur la table. Il peut s’agir de marchandises produites en centre-ville et vouées à l’export, mais surtout des déchets professionnels à enlever. De nombreux acteurs locaux se sont déjà saisis de la question.
Illustration avec l’expérimentation qui doit être menée, rue de La République, initiée par les commerçants et Synchronicity, en misant sur les coopérations et la mobilité décarbonnée. Les initiatives et les idées ne manquent pas pour créer une boucle vertueuse sur ce fameux dernier kilomètre.
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