Quelques jours après la diffusion d’une vidéo montrant un ours polaire « souffrant de la chaleur » dans la parc Marineland, selon des associations de défense de la cause animale, une pétition pour venir en aide à l’animal a recueilli plus de 100 000 signatures. Une « interprétation mensongère » selon Pascal Picot, directeur général du parc.

Depuis plusieurs jours, une pétition lancée par l’association de défense des animaux marins « C’est Assez ! » (Ndlr : en référence aux cétacés), fait du bruit sur la toile. Cette demande a récolté plus de 100 000 signatures et s’adresse directement à Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique et Solidaire. L’association réclame le transfert de Raspoutine, un ours polaire vivant à Marineland, le plus grand parc animalier marin d’Europe. Les activistes souhaiteraient faire transférer le mammifère dans le parc Orsa Rovdjurspark, en Suède. Selon eux, un ours polaire ne peut vivre dans un climat aussi chaud. Au dessus de 10 degrés un ours souffre d’hyperthermie et, est donc incapable de vivre dans une région comme le Sud de la France. 

C’est après la diffusion d’une vidéo filmée en caméra cachée par un membre de l’association que la pétition a été lancée. Cette vidéo a été vue des milliers de fois et partagée plus de 80 000 fois sur les réseaux sociaux. 

« Nous sommes régulièrement victimes d’attaques des associations » rétorque Pascal Picot qui se défend sur les conditions de vies des deux ours polaires de son parc. « Il s’agit d’une interprétation mensongère de la situation. Cette vidéo fait état de grottes de glace rendues inaccessibles aux ours parce que fermées par des grilles et pas d’endroits ombragés. J’ai fait faire un constat d’huissier au lendemain de cette vidéo pour montrer qu’il n’existe aucun système de fermeture de ces grottes de glace et que les grilles filmées par les associations sont situées au fond des locaux et servent d’accès aux soigneurs. Les grottes de glace sont accessibles 24h/24 et ne sont pas munies de grilles ou de portes. L’huissier a également pu constater que même quand le soleil est au zénith, l’enclos dispose d’endroits ombragés. »

Des ours polaires confiés par l’Europe au parc Marineland

Concernant la problématique de l’hyperthermie avancée par les associations militantes, Pascal Picot répond « L’ours que vous voyez saliver sur la vidéo, c’est en fait qu’il est rute et ce n’est pas qu’il souffre de la chaleur ».

Selon lui, la présence des ours dans son parc incombe à l’Europe « Les ours ne nous appartiennent pas. Ils nous ont été confiés par un programme européen d’élevage d’espèces menacées (EEP). C’est l’Europe qui nous a fourni le cahier des charges pour construire les installations et s’occuper des ours. Donc, si l’Europe nous les confie, c’est qu’il n’y a pas de difficultés pour qu’ils vivent à Antibes. L’ours blanc en milieu naturel adapte son régime alimentaire en fonction de la saison. L’hiver, il mange de la graisse de phoque pour avoir une graisse plus épaisse pour affronter les températures extrêmes. En période estivale, il bascule sur un régime omnivore de façon à faire disparaitre sa couche de graisse. Il ne vous a d’ailleurs pas échappé qu’en Norvège et en Suède, il fait 25 degrés en ce moment et que les ours vont bien là bas aussi. A ce titre, le mal et la femelle qu’on nous a confié se sont reproduit, ce qui prouve qu’ils sont dans de bonnes conditions… L’oursonne qui est née il y a trois ans est partie rejoindre un parc en Suède, conformément au programme de reproduction, ce qui va nous permettre de faire en sorte que le couple se reproduise à nouveau au printemps prochain. C’est ce qui nous est demandé par l’Europe. »

Un combat qui dépasse les frontières françaises

Depuis de nombreuses années les conditions de détention des animaux marins dans les parcs aquatiques sont vivement critiquées. Bassins trop petits, exploitation des animaux à des fins divertissantes, environnements non adaptés à leur milieu naturel, besoins biologiques non respectés, ce sont les nombreux arguments qui reviennent sans cesse de la part des associations de défense animale. Et c’est notamment le documentaire américain Blackfish sorti en 2013, qui a permis d’éveiller les consciences de nombreux défenseurs de la cause animale.

« Un orque doit parcourir 200 kilomètres par jour et doit faire à peu près 2500 tours dans le grand bassin pour atteindre cet objectif. Les orques ne sont jamais dans les grands bassins hormis pour les représentations », déplore Emmanuelle Sultani représentante de C’est Assez ! Paca. Certains experts ont notamment remarqué un changement dans le comportement de ces animaux qui peuvent les conduire à une dépression ou bien même un suicide. L’eau chlorée nuit également à la santé des orques et des dauphins, entraînant des dégâts irréversibles au niveau des yeux, des poumons et de la peau. 

Florian Sigronde, vice-président de l’association C’est Assez !  alerte également sur ces conditions d’exploitation « Lorsque les animaux sortent de l’eau et doivent s’échouer pour les besoins des photos, leurs poumons se compressent et ce n’est pas un comportement naturel », s’insurge le jeune homme. Un argument que réfute le directeur de Marineland, « Nous en avons parlé au ministère de la Transition Ecologique, en présence de la responsable de monsieur Sigronde, qui n’a pas pu présenter d’études médicales prouvant cela, parce que c’est un comportement naturel de chasse et les orques s’échouent tout seul à longueur de temps. Nous pouvons le prouver scientifiquement, là où une fois de plus, nos opposants ne parlent que sur la base de conviction ou d’idées personnelles. »

Une possible fin pour les parcs animaliers marins ?

En mai 2017, Ségolène Royal (ex-ministre de l’Environnement) avait signé un arrêté visant à interdire la reproduction des animaux marins en captivité. Le but était alors d’éradiquer « la souffrance animale » dans les parcs aquatiques et également de réduire l’utilisation de produits chlorés dans les bassins. Le conseil d’Etat a invalidé l’arrêté en janvier 2018. La tentative de Ségolène Royal a échoué. Toutes les avancées ont été perdues et les associations doivent de nouveau se baser sur la législation de 1981.

L’arrêté comprenait notamment la suppression du chlore, des bassins agrandis, plus aucune interaction des animaux avec le public, mais aussi l’interdiction de la reproduction des orques et des dauphins en captivité. Conséquence : d’ici vingt à trente ans, après la disparition des spécimens régulièrement détenus, cet arrêté signait la fin des dauphins et orques en captivité. Un argument qui n’avait pas plu aux gestionnaires du parc d’Antibes qui avaient précisé dans le journal LeParisien en mai dernier « Pour stopper un fonctionnement naturel, nous allons être obligés de séparer les groupes ou de leur donner des contraceptifs chimiques qui sont adaptés de traitements pour les cochons et les chevaux. C’est leur santé qui est en jeu ! »

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