À l’approche des élections présidentielles et législatives de 2017, l’Union Pour les Entreprises des Bouches du Rhône (UPE13), organisation interprofessionnelle réunissant des entreprises de tous secteurs d’activités, lance des propositions en plaçant l’entreprise au centre des débats pour relancer la croissance, l’emploi et la compétitivité des entreprises françaises mais aussi locales.
Pour les entrepreneurs, l’équation est assez simple : s’il y a de la croissance, il y a de l’emploi. L’UPE13 a sillonné les Bouches-du-Rhône pour écouter, à travers l’organisation d’ateliers, les besoins des entreprises du territoire. Une initiative 100% locale, qui n’aura aucune légitimité pour décider, mais qui mise sur sa compétence et son expertise économique pour pouvoir proposer aux élus de la Métropole différentes propositions pour replacer l’entreprise au cœur des débats.
Un territoire d’échanges
Avec son port et son ouverture sur l’Afrique et le Moyen-Orient grâce à la mer Méditerranée, les Bouches-du-Rhône possèdent tous les atouts pour constituer la porte d’entrée de la France et, plus largement, de l’Europe. L’UPE13 revient tout d’abord sur la privatisation de l’aéroport de Marignane, qui sera selon leurs estimations effective au 1er semestre 2018. Une privatisation de bonne augure puisqu’elle va permettre de rendre possible l’accès du capital de l’aéroport aux acteurs économiques locaux.
C’est le même schéma que veut défendre l’UPE13 en ce qui concerne le port de Marseille avec la volonté d’obtenir la rétrocession des bassins Est et Ouest au monde économique local. En d’autres termes, l’UPE13 souhaite rendre le port privé et que les Marseillais se le réapproprient. « Qui, mieux que nous, sait quel est notre intérêt ? Ne sommes-nous pas capables de nous prendre en main ? », lance Johan Bencivenga, président de l’UPE13, qui déplore que toutes les décisions concernant le territoire marseillais soient prises à Paris.
Autre projet : la Ligne Nouvelle PACA avec l’ambition de rendre la gare Saint-Charles de Marseille traversante pour faciliter les flux, déplorant qu’elle soit aujourd’hui « dans un cul-de-sac ». De pair avec la gare Saint-Charles, il semble nécessaire à tous les acteurs locaux de « faciliter les accès aux ports, à l’aéroport et aux gares » du territoire.
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Un territoire tech
Aujourd’hui, le monde n’a jamais été autant à l’ère du numérique, avec un marché en effervescence. L’occasion pour le président de l’UPE13 de rappeler que Marseille possède la plus grosse connexion internet grâce à son réseau de câbles sous-marins, mais aussi le 1er data center de France ainsi que de nombreuses pépinières, couveuses et incubateurs d’entreprises sur son territoire.
Un bagage technologique qui rend la Cité Phocéenne, légitime d’accueillir un grand événement comme le Consumer Electronics Show (CES) organisé chaque année à Las Vegas ou encore le Mobile World Congress (MWC) de Barcelone. Autant d’événements technologiques que l’UPE13 souhaiterait voir organisés sur son territoire. Un projet qui serait défendu par « des élus ambassadeurs » qui rendraient la ville visible.
Pour en savoir plus
Dans la continuité, les membres de l’UPE13 préconisent un jumelage économique de la Métropole Aix-Marseille Provence avec la très célèbre Silicon Valley, aux Etats-Unis. Mais pour prétendre à tout cela, il est d’abord nécessaire de proposer un « haut débit, voire très haut débit Internet partout sur notre territoire », assure l’organisation. Enfin, l’UPE13 propose la création d’un crédit d’impôt afin que « les entreprises fassent travailler les startups », en les accompagnant et en travaillant avec les jeunes entrepreneurs par le biais de contrats pour leur assurer la pérennité de leur société naissante.
Un territoire de savoirs
« En France, un jeune sur deux, âgé de moins de 25 ans se dit prêt à créer son entreprise », commence Johan Bencivenga, « on estime que la génération Y exercera 17 métiers tout au long de sa vie », notamment dans les secteurs du digital. L’UPE13 veut mettre un terme à la dissociation entre Éducation nationale et monde économique, « il faudrait les connecter et travailler tous ensemble pour préparer les jeunes aux 42 années de travail auxquels ils vont être confrontés ». Dit autrement, l’organisation mise sur le développement de l’employabilité des jeunes et le rapprochement de l’offre et de la demande.
Pour se faire, les fédérations professionnelles veulent favoriser l’apprentissage et le rendre accessible dès l’âge de 14 ans. En fait, il s’agit de mettre l’entreprise au centre du sujet éducatif, dans le but de « créer des entrepreneurs », assure l’UPE13. Car, « la vision de l’entrepreneur est encore aujourd’hui très péjorative. Il est jalousé et l’on pense à tort qu’il ne cherche qu’à faire de l’argent », constate le président de l’UPE13 qui veut faire changer ces mentalités. L’organisation se fixe un « objectif 200 » qui consiste à mobiliser le monde économique local pour faire sortir 200 jeunes en situation d’échec scolaire, et les amener vers un emploi dans le digital par le biais d’une formation.
Par ailleurs, le fondement de ces propositions se construit sur un Droit du Travail à complètement repenser. « Il faut simplifier le Code du Travail en le réduisant de 100 pages par an », imagine Johan Bencivenga, de quoi le rendre « plus stable » et le faire suivre d’une baisse des charges sociales.
Un territoire compétitif
En 2016, la dette de la France représentait « 97% du PIB », affirme l’UPE13. L’organisation n’y va pas par quatre chemins : « La France est le pays le plus fiscalisé au monde, celui qui a le plus de pages dans son Code du Travail, celui qui a le plus de lois et de règles en vigueur, en bref, la France est le leader des contraintes fiscales et administratives ». Tout cela ne contribuerait pas à la compétitivité de notre territoire. Ainsi, l’UPE13 exige de l’Etat qu’il tienne ses engagements.
En exemple, le président de l’organisation interprofessionnelle rappelle : « Le gouvernement avait promis 3 milliards d’euros d’aide à la Métropole, et aujourd’hui, nous n’en avons que 50 millions qui ont été versés ». De quoi motiver l’organisation à réclamer la gouvernance économique métropolitaine. Mais à échelle nationale, l’organisation des Bouches-du-Rhône propose une réforme des finances et des dépenses publiques. « Les dépenses d’investissement sont à encourager, tandis que les dépenses de fonctionnement sont à réduire », ce qui générerait une économie de « 115 milliards d’euros sur 5 ans, pour réduire la dette publique », calcule Johan Bencivenga.
Cinq ans, c’est la durée pendant laquelle les « législations fiscales », ne devraient « pas être modifiées », défend le président de l’organisation. Pour lui, lorsqu’un gouvernement est au pouvoir, il ne devrait pas changer les lois, car en étant sans cesse modifiées, cela rend impossible aux entreprises d’adopter une stratégie pérenne. Une simplification qui pourrait se résumer ainsi : une loi pour 5 ans. Enfin, l’organisation propose une harmonisation des régimes de protection sociale et la suppression du RSI, dans le but là encore, de simplifier les législations françaises.
Et après ?
Avec ces nombreuses propositions, l’UPE13 souhaite replacer l’entreprise au cœur de l’économie et des débats. À l’occasion des élections présidentielles, l’organisation va communiquer toutes ces idées et ces projets par voie écrite. En ce qui concerne l’approche des élections législatives de juin 2017, l’UPE13 va organiser des réunions avec l’ensemble des candidats aux législatives, dans tous les territoires du département notamment à Aubagne, Arles, Aix et Marseille. « Ensuite, pendant les 5 années de mandat, notre organisation va suivre l’avancée des propositions car les événements locaux sont faciles à suivre », conclut Sébastien Didier, vice-président de l’UPE13 en charge de l’économie et des fédérations professionnelles.
Bonjour,
Le sujet est plus qu’intéressant. Certes, lancer une entreprise dans une région éloignée permet la fois de se faire priorisé par les clients local et de booster l’économie local.