Et si le plus célèbre des pouces, celui de César, qui trône fièrement au milieu d’un rond-point à Bonneveine changeait de quartier pour rejoindre le rond-point du Prado ? C’est l’idée suggérée par Benoît Payan, président du Groupe Socialiste de la ville de Marseille, pour faire faire des économies à la municipalité et reverser 1,5 million d’euros aux associations marseillaises. Décryptage.
En décembre 2015, le rond-point du Prado était inauguré après plusieurs années de travaux en souterrain et en surface. Pour autant, il n’est pas encore terminé puisque, à terme, une « œuvre monumentale » ornera son centre, comme on vous l’explique ici. Le choix de cette future œuvre a fait l’objet d’un appel à projets lancé en août 2015 par l’ex-communauté urbaine (MPM), repris entre temps par la métropole Aix Marseille Provence.
« 27 candidatures ont été reçues dans le cadre de cet appel à projets. Un jury va se réunir le 17 novembre prochain pour en sélectionner cinq qui, dans un second temps, proposeront une œuvre. On verra si parmi les cinq œuvres, une nous plaît particulièrement et est susceptible, d’un point de vue architectural, urbanistique et conceptuel, d’être installée au rond-point du Prado », explique Yves Moraine, maire des 6ème et 8ème arrondissements de Marseille.
Pourquoi pas le Pouce de César au rond-point du Prado ?
Depuis 1994, le rond-point Pierre Guerre situé dans le quartier de Bonneveine (8ème arrondissement) est orné du très connu Pouce en bronze de César Baldaccini, connu sous le nom d’artiste « César ». Ce sculpteur marseillais est notamment célèbre pour en avoir réalisé plusieurs exemplaires de tailles différentes, comme un autre exposé à la Défense à Paris.
Benoît Payan, Président du groupe socialiste de la ville de Marseille, propose l’idée de déplacer le Pouce de son rond-point actuel au rond-point du Prado. Pour une raison financière puisque le devis de l’œuvre monumentale prévue au rond-point du Prado est de 1,5 million d’euros. Mais aussi pour mettre davantage en avant le travail du sculpteur marseillais.
« Pourquoi aller systématiquement chercher des designers, architectes ou plasticiens suédois, brésiliens ou new-yorkais, plutôt que de valoriser notre patrimoine, et de faire découvrir de nouveaux talents. Et justement, sur le rond-point où est déjà positionné le Pouce, pourquoi ne pas organiser un concours d’artistes locaux. Qui sait, peut-être cela contribuera à faire émerger le César de demain ? », met en avant Benoît Payan.
Des obstacles à prendre en considération
Une idée à laquelle Yves Moraine n’est pas fermée. « Nous allons d’abord laisser aller au bout ce processus de concours qui est un agitateur de neurones artistique. Quant à l’idée de déplacer le Pouce, elle a déjà été proposée par Jean-Claude Gaudin et Guy Tessier il y a plus d’un an. Nous ne donnons pas un « non » définitif à ce projet mais il y a quand même quelques petits obstacles sur lesquels il faut réfléchir », modère le maire de secteur.
Ces obstacles sont au nombre de trois. Tout d’abord, le fait qu’il faut une œuvre monumentale sur le rond-point du Prado qui se trouve entre deux monuments assez hauts, la fontaine Cantini à Castellane et l’Obélisque de Mazargues. « Compte tenu de la perspective pratiquement depuis la Porte d’Aix jusqu’à l’Obélisque de Mazargues, il semble qu’il faille quand même une œuvre d’une certaine envergure au sens géographique du terme. Donc il n’est pas sûr que le Pouce y trouve parfaitement sa place », précise Yves Moraine.
Deuxièmement : le Pouce de César a été installé au rond-point de Bonneveine pour une raison et une signification précise. Il avait pour but symbolique de marquer l’entrée du Musée d’Art Contemporain (MAC) et d’après Yves Moraine, « il serait dommage de briser cette signification ». Enfin, dernier obstacle, l’attachement des habitants de Bonneveine pour cette œuvre qu’ils n’ont pas envie de voir partir.
Un argument que tempère Benoît Payan : « Ma proposition est de déplacer le Pouce de 800 mètres à vol d’oiseau. De plus, dans la majorité des cas, ceux qui vont au rond-point Pierre Guerre passent par le rond-point du Prado. Le crève-cœur sera donc modéré. Le Pouce appartient à la communauté des Marseillais et là où il est placé actuellement, il appartient seulement à ceux qui habitent à côté », regrette-t-il.
Utiliser le budget de l’œuvre pour les associations marseillaises
Pour Benoît Payan, déplacer le Pouce permettrait d’allouer la somme initiale de 1,5 million d’euros pour aider et soutenir les structures culturelles locales. « Certes elles ne font pas des œuvres monumentales, mais elles réalisent au quotidien un travail culturel, citoyen et artistique dont Marseille a besoin », ajoute-t-il.
Les cinq candidatures de l’appel à projets retenues par le jury dévoileront l’œuvre monumentale qu’elles imaginent pour le rond-point du Prado au cours de l’année 2017. Rien n’est donc scellé quant à l’avenir du Pouce et à son éventuellement déménagement.
Par Agathe Perrier
Franchement, ce pouce de cesar c est… Comment dire.. Enfin ! Pourquoi pas la moustache d Hitler ?