Au nombre de quatre, les « Châteaux Pagnol » désignent les édifices qui jalonnaient le parcours que Marcel Pagnol et sa famille empruntaient pour se rendre à la « Bastide Neuve », située au Hameau des Bellons dans la commune d’Allauch, depuis le terminus du tramway qui allait à l’époque jusqu’à la Barasse (11e).
C’est dans le tome 1 de ses « Souvenirs d’enfance » baptisé « La Gloire de mon Père » que Marcel Pagnol évoque pour la première fois Bastide Neuve. L’été de ses neuf ans, sa famille loue une maison de campagne dans le hameau pour les vacances. Par la suite, c’est tous les samedis que les Pagnol retourneront à la villa. Mais le trajet est long : plus de 2h30 de marche. Toutefois, la famille trouve un raccourci qu’elle emprunte par la suite pour gagner du temps. C’est ce chemin qui les fait passer par quatre propriétés privées sur lesquelles se trouvent les fameux châteaux.
Le Château Saint-Antoine
Le Château Saint-Antoine est le premier que la famille Pagnol traversait pour se rendre sur leur lieu de villégiature.
« Nous traversâmes quatre propriétés immenses. Dans la première, des parterres de fleurs entouraient un château à tourelles. Autour des parterres, il y avait des vignes et des vergers. — Ici, dit Bouzigue, c’est le château d’un noble. Il doit être malade, parce qu’on ne le voit jamais. — Si cet aristocrate nous rencontrait chez lui, dit mon père, ça pourrait lui déplaire. Moi, je n’aime pas beaucoup les nobles. — C’est un comte, dit Bouzigue, on n’en dit pas de mal dans le quartier. » Extrait de « Le Château de ma mère » – Marcel Pagnol
Le château, construit à la fin du 18ème siècle, et sa propriété tels qu’on les connaît aujourd’hui sont le résultat de multiples regroupements de parcelles et de constructions datant de différentes époques. Parmi ses propriétaires les plus notables : le comte Guy de Robien qui lui a donné le nom de « Château Saint-Antoine ».
C’est en 1995 que l’édifice est acheté par Marseille-Aménagement, l’ancienne SOLEAM dont la ville de Marseille est le principal actionnaire. Contrairement aux trois autres châteaux, il n’a pas fait l’objet d’une inscription aux titres des monuments historiques. Aujourd’hui, il se trouve dans un état de ruine avancé et, bien que l’extérieur soit encore debout, il ne reste plus rien à l’intérieur.
Le Château de la Buzine
C’est le plus connu des quatre édifices mais aussi du grand public puisqu’il s’agit du « Château de ma mère » que Marcel Pagnol évoque dans le tome 2 de ses « Souvenirs d’enfance » et qui porte son nom.
Le Château de la Buzine a été construit dans les années 1860. Pendant des années, notamment à la Belle Époque, il a été un lieu de luxe et de fête avant d’être ravagé au cours du 20ème siècle. Après avoir connu différents propriétaires, il est racheté par Marcel Pagnol lui-même en 1941.
Et c’est sans le savoir que l’écrivain a acquis le château « de sa mère » ! Pour son projet de Cité du Cinéma, Marcel Pagnol cherchait un site en Provence où la construire et en a confié la prospection à l’un de ses collaborateurs. Lorsqu’il se rend sur place après l’achat, il reconnaît alors le château dont il traversait le domaine quand il était enfant.
Marcel Pagnol n’aura pas eu le temps de profiter de la demeure puisqu’un an seulement après l’avoir acheté, elle est réquisitionnée par l’armée allemande. S’en suit alors différentes occupations, par les patrouilleurs de Francs-tireurs puis l’armée française et des réfugiés espagnols. Après cela, la bastide est devenue inhabitable et demeure à l’abandon jusqu’aux travaux entrepris par la Ville de Marseille pour la réhabiliter.
Aujourd’hui, l’ensemble du domaine appartient à la ville de Marseille et ce depuis 1995. Après des années de rénovation, le Château de la Buzine est aujourd’hui connu comme étant la Maison des Cinématographies de la Méditerranée. Elle abrite depuis 2011 un cinéma de 350 places avec balcon et orchestre et un espace bibliothèque-vidéothèque équipé d’écrans tactiles, qui possède des ouvrages spécialisés sur le cinéma, des images d’archives, des documents… L’édifice est aussi bordé par un très beau parc : le Jardin des Sept Collines.
Le Château de la Reynarde
Le Château de la Reynarde est un ancien fief médiéval. Au 18e siècle, il est aménagé en bastide avec un bâtiment principal, une chapelle, des dépendances et un parc paysager. La rénovation du château a été faite vers 1850 et les derniers aménagements extérieurs datent de la fin du 19e siècle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’édifice a servi de résidence-refuge d’abord à une poignée de réfugiés espagnols qui commencent à remettre en état le Château et ses dépendances. Pendant un an, ce sont ensuite des centaines d’hommes – agriculteurs, artisans, magistrats, ouvriers, universitaires – qui y seront abrités avant d’être expulsés.
Aujourd’hui, le Château abrite le pôle « Enfance et Familles » de l’Association Médico-Sociale de Provence (A.M.S.P) avec pour but d’accueillir et d’accompagner des enfants, des adolescents et des jeunes majeurs dans le cadre des mesures de protection sociale et d’aide à l’enfance.
Le Château Régis
Le Château Régis a été construit au début des années 1860 par les architectes marseillais Sixte Rey et Vaud pour le compte de Louis Régis, un armateur marseillais qui lui a laissé son nom. Il est connu pour être une réplique du Château de Chenonceau situé dans le département de la Loire et est surnommé « le Château de la Belle au Bois Dormant ».
Le château est visible depuis l’autoroute A55 qui permet de relier Marseille aux communes notamment d’Aubagne ou encore de La Ciotat. La façade que l’on voit de la voie rapide, la façade principale, est ornée de nombreuses sculptures. Aujourd’hui, la bastide héberge un établissement scolaire catholique privé.
Par Agathe Perrier