La Nuit de la Solidarité revient ce 16 avril à Marseille. La Ville espère rassembler 1000 bénévoles pour aller à la rencontre des sans-abri.
« La crise sanitaire est derrière nous mais la crise sociale est bien là et ancrée ». Audrey Garino ne cachait pas son inquiétude le 21 février dernier face à la situation du sans-abrisme dans la cité phocéenne. L’adjointe au maire de Marseille en charge de la lutte contre la pauvreté appellait à une mobilisation importante ce 16 avril 2024 à l’occasion de la Nuit de la Solidarité.
L’opération, déjà menée en 2022 et 2023, réunit à chaque fois un millier de volontaires qui vont à la rencontre des personnes sans-abri, aux quatre coins de la ville. Objectif : échanger avec eux, comprendre leur situation et analyser leurs besoins afin d’adapter les réponses de la Ville et de l’Etat pour leur venir en aide.
Après deux édition hivernales, la Ville de Marseille a choisi cette année d’organiser la Nuit de la Solidarité au début du printemps, une période qu’elle juge « plus propice à la rencontre » et qui permettra d’avoir une connaissance affinée des besoins à un moment où les actions déployées sont moindres.
15 000 personnes sans-abri à Marseille
Si les données de 2024 ne sont pas encore connues, Audrey Garino redoute une forte augmentation du nombre de personnes vivant dans la rue depuis un an et une diversification des profils : « Ce qui est certain, c’est qu’il y a de plus en plus de femmes et d’enfants ».
Les chiffres de l’INSEE indiquent qu’environ 40% des personnes sans-domicile en France sont des femmes. Pourtant, elles représentent moins de 20% des personnes rencontrées dans le cadre des maraudes marseillaises. « On sait qu’elle sont beaucoup plus nombreuses mais elles ont plus d’enjeu à se cacher donc elles sont moins visibles dans l’espace public », analyse l’élue du Printemps marseillais.
À ce jour, la municipalité estime qu’il y aurait environ 15 000 personnes sans-abri à Marseille. Un chiffre qui se base sur le nombre de personnes ayant recours au 115 au moins une fois dans l’année. La réalité pourrait donc être plus élevée. La dernière édition de la Nuit de la Solidarité avait en tout cas permis d’en apprendre un peu plus sur les personnes rencontrées. 7% avaient moins de 25 ans, 72% étaient sans logement depuis plus d’un an et 40% étaient à Marseille depuis plus de 5 ans.
Une quarantaine d’associations mobilisées
Pour cette nouvelle édition de la Nuit de la Solidarité, le rendez-vous est donné à 17h30. Les bénévoles partiront ensuite en maraude de 19h à 23h dans les huit premiers arrondissements de la ville. Une opération resserrée cette année.
« On préfère concentrer nos efforts sur ces arrondissements car ils ont représenté en 2023 90% des questionnaires récoltés, explique Audrey Garino. Le 1er, le 2e et le 6e représentaient à eux seuls 50%, tandis que beaucoup de bénévoles étaient dans des secteurs où ils ne croisaient personne. Pas parce que le sans-abrisme y est inexistant mais parce que les habitudes y sont différentes. Certaines personnes trouvent refuge au pied des résidences ».
Afin de préparer au mieux cette opération, et parce que certains volontaires ne sont pas habitués à effectuer des maraudes, des modules ont été mis en ligne en amont de l’initiative et les bénévoles seront accompagnés de personnes expérimentées. « Une quarantaine d’associations travaillent avec nous pour mener à bien cette Nuit de la Solidarité », précise l’adjointe qui annonce aussi la mise en place cette année d’un questionnaire retravaillé, « plus concis, plus clair et moins intrusif ».
Doublement des places d’hébergement d’urgence
Anthony Barraco, directeur départemental adjoint de l’emploi, du travail et des solidarités, indique que le nombre de places d’hébergement d’urgence a doublé depuis cinq ans dans les Bouches-du-Rhône pour atteindre le chiffre de 10 000, dont 8 000 dans la cité phocéenne.
La Ville de Marseille met également en avant le doublement de son budget annuel dédié à l’hébergement d’urgence depuis 2020. « On est passé de 1,5 million d’euros à 3,5 millions », souligne Audrey Garino qui rappelle que le plan pauvreté mis en place en partenariat avec l’Etat a d’ores et déjà permis l’ouverture de 350 places d’hébergement, dont « 80% sont dédiées aux femmes et aux enfants », ainsi que la mise à disposition de douches publiques.
« Derrière la figure du marginal, c’est vous et moi, des gens qui ont eu un accident de la vie, tient à rappeler l’adjointe. L’an dernier, une personne sur deux nous a indiqué vivre sans aucune ressource. Ce n’est pas possible dans un pays comme le nôtre ». Elle espère donc que la mobilisation sera de nouveau forte cette année, avec l’objectif d’offrir un meilleur accompagnement à celles et ceux qui en ont le plus besoin. « L’enjeu, c’est d’avoir plus d’un millier de volontaires pour que l’opération soit une réussite ».