La Ville de Marseille et l’État lancent conjointement un Plan pauvreté à 1,4 million d’euros. Décliné en 8 actions, il vise à lutter contre la grande précarité des sans-abri et à améliorer leurs conditions de vie.

Jeudi 20 janvier 2022, 800 bénévoles sillonnaient les rues de Marseille à la rencontre des sans-abri pour la Nuit de la solidarité. L’objectif ? Faire enfin un état des lieux de la grande précarité dans la ville et développer une stratégie pour la résorber. Cette enquête de terrain géante a permis de déterminer les axes prioritaires du Plan pauvreté à 1,4 million d’euros. Il est co-financé à égalité par la Ville et l’État.

« Nous manquions de données », explique l’adjointe municipale déléguée à la lutte contre la pauvreté, Audrey Garino. En effet, aucune enquête de terrain n’avait été produite depuis un bilan datant de 2016. Il recensait à l’époque « 14 000 personnes à la rue au moins une fois dans l’année. Le chiffre reste à peu près le même aujourd’hui », précise Laurent Carrié, préfet délégué à l’égalité des chances.

Parmi les 455 sans-abri questionnés en janvier, « 57 % n’ont aucune ressource régulière, 70 % sont à la rue depuis plus d’un an et 41 % depuis plus de 5 ans. Un marqueur important, car on sait que la durée complique la sortie de la rue », explique Audrey Garino.

pauvreté, Un plan d’actions à 1,4 million d’euros pour la grande précarité à Marseille, Made in Marseille
Audrey Garino et Laurent Carrié lors de la présentation du Plan pauvreté mardi 12 juillet

« Seuls 15 % des personnes à la rue bénéficient d’un accompagnement social »

Mais la Nuit de la solidarité a également permis de récolter des données précieuses pour la création d’un véritable plan d’actions : les besoins exprimés par les personnes en grande précarité. Près d’un sans-abri sur deux ne peut pas prendre de repas chaud régulièrement. Plus d’un tiers manque d’accès à l’eau pour se laver. Le recours à l’hébergement d’urgence est rare, plus de la moitié des sans-abri ont renoncé à appeler le 115.

L’adjointe municipale pointe particulièrement le manque d’accompagnement et d’accès aux droits, « un fléau ». Seuls 15 % des personnes à la rue bénéficient d’un accompagnement social. « Or, il améliore significativement leurs conditions de vie : les sans-abri sont deux fois plus nombreux à bénéficier des minima sociaux s’ils sont accompagnés ». Les structures sociales leur permettent également une meilleure prise en charge médicale et une aide pour trouver un logement pérenne.

Un plan, huit actions

C’est donc naturellement que « la lutte contre le non-recours aux droits » est la première des huit « fiches actions » du Plan pauvreté. Chacune fait l’objet d’un « appel à contributions » public, destiné aux associations et structures sociales, explique Audrey Garino. Le dispositif doit permettre de sélectionner le projet le plus pertinent pour chaque axe du plan d’ici à la fin de l’été, puis le financer.

Parmi les autres actions, on retrouve l’accès à l’éducation, la culture et les loisirs pour les enfants vivant dans les campements et bidonvilles. Mais aussi les capacités d’hébergement d’urgence, l’offre alimentaire, la mise en place d’un observatoire de la précarité, la formation des travailleurs sociaux ou l’accès à l’hygiène.

Sur cette question, l’adjointe à la lutte contre la précarité confirme l’ouverture du « pôle hygiène », avec douches publiques, laverie, bagagerie et accès aux soins, en 2023 avenue Maréchal-Foch. Elle précise que la Ville a « augmenté de 2 millions d’euros le budget de [sa] délégation à la solidarité en 2022, pour atteindre 6 millions au total ». Le préfet à l’égalité des chances, Laurent Carrié, ajoute travailler avec le gouvernement « pour prolonger le Plan pauvreté en 2023 ».

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