La Spla-in, créée pour rénover l’habitat dégradé à Marseille, va lancer son premier chantier en 2024. Il s’agit de rénover quatre immeubles de la rue Jean Roque dans le centre-ville.

Bientôt 5 ans ont passé depuis l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne. Le drame a entraîné le lancement d’un plan de résorption et de rénovation de l’habitat indigne et dégradé du centre-ville de Marseille. Après la lente création d’un cadre administratif, juridique et financier (GOU, PPA), la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (Spla-in), bras armé opérationnel de ce projet, entre enfin en action.

La Spla-in va lancer ses premiers chantiers en 2024 sur quatre immeubles en haut de la rue Jean-Roque (1er), à la frontière du quartier de Noailles. « Du 36 au 40 », précise la maire de de secteur (1-7), Sophie Camard, qui représente la Ville au conseil d’administration de la Spla-in.

Ces immeubles frappés d’arrêtés de péril graves et imminents quelques jours après les effondrements de novembre 2018 portent encore les symptômes de leur fragilité : façades fissurées sur toute leur hauteur, fenêtres étayées par des poutrelles de bois…

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Les immeubles de l’opération rue Jean-Roque

Premiers coups de pioche fin 2024

En tout, « ces immeubles hébergeaient une vingtaine de logements du R+4 au R+6, décrit le président de la Spla-in et vice-président métropolitain, David Ytier. Nous souhaitons en réaliser une quinzaine, mais plus spacieux, qualitatifs, traversants… », assure-t-il.

Côté calendrier, « nous sommes en train de finaliser les permis de construire pour les déposer en fin d’année. Les travaux débuteront fin 2024 », espère-t-il sans se risquer à fixer une date de livraison. On peut l’estimer entre 2025 et 2026. « Le principal, pour moi, c’est de lancer les chantiers. Ça rend l’opération irréversible et nous oblige à avancer ».

Dérisquer le foncier pour les bailleurs sociaux

Dans les faits, la société publique ne s’occupe que des premiers travaux structurels, pour sécuriser de manière pérenne ces immeubles. « On « dérisque » le foncier pour les livrer ensuite à des bailleurs sociaux. Ils pourront ainsi les aménager et les gérer sereinement », explique Sophie Camard.

« Ils récupèrent le foncier à prix fixé en amont et ils terminent, poursuit l’élue. C’est un modèle original. Il nous permet d’attirer les bailleurs sociaux dès le début de l’opération et d’éviter une rupture, un temps de latence, dans la transmission ».

Le bailleur social Vilogia prendra ainsi le relais pour ce lot rue Jean-Roque. Mais d’autres devraient suivre. Cette opération initie « la première vague de trente immeubles arrivés entre les mains de la Spla-in, explique la maire des 1-7.

Une première série de 66 immeubles publics

Il font partie d’un groupe de « 66 biens vides et dégradés du centre-ville, appartenant à la puissance publique, répertoriés dans le centre-ville », à la suite des effondrements de Noailles. La Spla-in a ainsi pu les récupérer plus rapidement que des immeubles dégradés privés.

« Une réserve de dizaines d’immeubles vides qui peuvent être repris directement et transformés en logements sociaux », poursuit Sophie Camard, indiquant qu’ils sont donc prioritaires. Car l’élue rappelle que certains pourront servir « d’opérations tiroirs pour reloger des personnes lorsque les autres réhabilitations débuteront ».

Elle évoque ici les quatre autres « îlots démonstrateurs » ciblés par la société publique d’intérêt national : deux îlots dans le quartier de Noailles (1er), un dans le quartier de la Belle de Mai (3e) et un autre à Hoche-Versailles sur le périmètre de Euroméditerranée (3e).

« On ne peut pas réhabiliter le centre-ville de Marseille sans l’État »

La dynamique de résorption de l’habitat, tant attendue à Marseille, est-elle enfin enclenchée ? Sophie Camard se montre très enthousiaste. « Ce qu’ils sont en train de faire [les équipes de la Spla-in], c’est incroyable. Ils ont recruté 20 personnes en un an, avec de grandes compétences. On a désigné toutes les équipes d’architectes, d’experts, on va déposer les permis et engager les travaux ».

L’élue attend avant tout de la société publique « qu’elle puisse montrer que c’est possible de reprendre un immeuble dégradé en centre-ville. Et avec quelle méthodologie ». Une méthodologie qui repose, il faut le noter, sur une grosse enveloppe financière, notamment de l’État via l’Agence nationale de rénovation urbaine.

Ce que l’élue concède volontiers. « On ne peut pas réhabiliter le centre-ville de Marseille sans l’État. Il a fallu une société d’intérêt national, d’énormes moyens financiers et surtout des compétences RH très fortes ». Aujourd’hui, elle se dit « rassurée » sur la dynamique enclenchée et attend que de nombreux chantiers débutent d’ici 2026.

« Si ça se trouve, de quelque chose de terrible, on peut faire quelque chose d’avant-gardiste : ça serait unique en France », conclut-elle.

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