Kif. C’est la première boutique marseillaise 100% dédiée à l’apéro et aux pique-niques. Des produits locaux et de saison conditionnés dans des emballages réutilisables, pour allier goût et respect de l’environnement. Vous allez “kiffer” !
Du bon, du local et du réutilisable, voilà les trois mantras de Kif. Cette nouvelle boutique entièrement dédiée à l’apéro et aux pique-niques vient d’ouvrir ses portes 21 Grand Rue (2e). Derrière ce nouveau concept, Laetitia Mulinazzi et Quentin Hervé, deux jeunes entrepreneurs épicuriens. Ils le disent sans détour : « On adore la bouffe ! »
Kif est né il y a près de deux ans d’un simple constat tiré de leur expérience personnelle de ses fanas d’apéro. « On s’est tous retrouvés un jour avec la barquette de tomates-cerises sans goût, produites ailleurs, emballée avec du film plastique », raconte Quentin. Et Laetitia d’enchaîner : « Quand on veut faire un apéro digne de ce nom, il faut passer chez le charcutier, le fromager, éventuellement, selon ses goûts, chez le traiteur grec ou italien… On s’est dit : « est-ce qu’on ne pourrait pas proposer une offre d’apéro avec du goût et qui respecterait l’environnement et le littoral avec un aspect zéro-déchet ? » ».
Très sensibilisés à la préservation de la planète, ces jeunes écolos avaient envie de créer une entreprise à impact, en harmonie avec leurs valeurs. Désireux depuis quelque temps de se lancer dans une aventure entrepreneuriale, ces deux anciens du monde de la publicité testent ainsi leur idée au sein de l’incubateur Ticket for Change à Paris. « Qu’on le veuille ou non, la pub encourage la consommation. On travaille parfois pour des marques dont on ne partage pas forcément les valeurs, de la fast fashion, de l’industrie alimentaire », admet Laetitia, originaire des Alpilles.
70% de l’offre issue de producteurs locaux et d’une agriculture raisonnée
Forcément, pour cette fille d’œnologue, la région se prête au développement de leur activité. Qui plus est à Marseille, berceau de l’apéro. « Cette ville est très dynamique en ce moment. Lorsque nous nous sommes mis en quête d’un local et qu’on a vu cette rue, on s’est dit que c’était là qu’on voulait être [Grand Rue], à deux pas du Vieux-Port ce qui nous permettrait d’avoir une clientèle de locaux, mais aussi de touristes. On voulait également être à côté des commerces de bouche ».
C’est d’ailleurs au sein d’une ancienne boucherie, fermée depuis de nombreuses années, que la boutique Kif accueille depuis quelques jours ses premiers clients. Le lieu a fait l’objet de travaux. Il a été divisé en deux espaces : une épicerie fine et à l’arrière un laboratoire de production et un sous-sol pour le conditionnement.
Pour mettre leur projet sur pied, dès leur arrivée dans la cité phocéenne, les jeunes entrepreneurs ont d’abord sillonné les routes de Provence à la recherche de pépites locales. « 70% de notre offre provient de producteurs locaux et d’une agriculture raisonnée dans un rayon de 250 kilomètres autour de Marseille ».
Charcuteries sans nitrite (chorizo, lonzo, saucisson truffé, jambon cuit), fromages fermiers, fruits et légumes secs (petits pois grillés au thym et à l’ail, amandes au citron et graines de nigelle, noix de cajou à la truffe…), crackers à base de céréales revalorisées (comme la drèche de bière ou le soja) et pains bio au levain… peuplent les étagères.
Des contenants réutilisables
Les produits sont sourcés en grande quantité en vrac, avant d’être reconditionnés dans des contenants réutilisables. Des bouteilles en verre, bocaux, sacs en tissu… que les clients peuvent ramener pour obtenir des réductions sur les prochains apéros et piques-niques.
Kif propose aussi une sélection de vins bio, biodynamie et nature, ou encore un laarge choix de bières issues de microbrasseries locales, jus de fruits artisanaux, infusions glacées, kéfirs et kombuchas… « Avec cette boutique, on voulait faire un tout sous le même toit où l’on trouverait toutes ces variétés de produits et de qualité et en même temps contribuer à réduire l’impact environnemental de l’apéro parce que c’est hyper-portionné, pas sur-emballé. On voulait une offre avec un système de mise en bocal et de consigne ».
De la consigne aux paniers anti-gaspi
Kif travaille d’ailleurs avec l’Incassable qui, depuis deux ans, développe un réseau de consigne de verre entre distributeurs et producteurs. L’enseigne collabore également avec Koovee, qui commercialise les tout premiers couverts comestibles bio fabriqués en France.
L’enseigne est référencée sur Too Good to Go. Au lieu de jeter les produits qui arrivent à péremption (ultrafrais notamment) et donc de générer du gaspillage alimentaire, Kif créé des paniers anti-gaspi qui sont mis en vente à prix doux sur l’application. Les clients les paient en ligne, et viennent les récupérer le jour même directement en boutique.
Des tartinades de saison fraîches
Tout ce que Quentin et Laetitia n’ont pas réussi à sourcer, parce que les produits n’étaient pas à leur goût ou parce que leur conditionnement ne s’adapte pas à une logistique zéro déchet par exemple, « nous avons fait le choix de le produire nous-mêmes ». C’est le cas de leurs tartinades maison aux saveurs de saison, à l’instar de la crème de carotte-chèvre-menthe, potimarron-noisette-pois chiche ou encore crème d’oignon, Pastis et herbes de Provence.
Pour le printemps, place à petits pois-wasabi-citron vert avant de savourer des produits d’été courgette-brousse menthe, tomates cerises-origan-ricotta ou aubergine-miso-sésame. « Nous sommes parties du constat que les préparations sont souvent bourrées de conservateur et les contenants stérilisés. Nous avons développé depuis un an plein de recettes fraîches sans conservateur », concoctées depuis la cuisine de leur appartement.
Et c’est d’ici que depuis un an, parallèlement à la recherche d’un emplacement parfait pour leur boutique, ils ont expérimenté leur concept, autour d’une offre resserrée, sur deux types de segments : le particulier et le BtoB.
Ils ont ainsi tenu un stand à deux pas de leur future boutique, pour prendre le pouls de cette zone, puis sur le marché de producteurs à La Joliette. « L’idée était de proposer nos tartinades pour voir comment les gens réagissent, ajuster les recettes, les prix… On a, entre autres, eu une super phase sur le carré mairie [place du Vingt trois janvier 1943, au pied de l’Intercontinental, ndlr] avec une augmentation du panier moyen de 8/9 euros à 14-15 avec des clients qui rapportaient les bocaux vides ».
Kif a aussi organisé des apéros sous différents formats pour les entreprises (séminaires, vernissages…) et s’est particulièrement distingué avec son offre de pique-niques sur les bateaux, livré et récupéré au départ du Vieux-Port. « Notre volonté, c’est de proposer l’intégralité de la gamme apéro. Nous n’avons pas la prétention d’être des cuisiniers, mais on veut être dans une cuisine de produits et les magnifier, et pourquoi pas plus tard aller vers une version cuisinée sans tomber dans le traiteur-canapés, parce que ce n’est pas notre vision de l’apéro ».
L’apéro, c’est sacré !
Pour acquérir les machines nécessaires à la chaîne de réemploi au sein de la boutique (unité de lavage, sous-videuse pour bocaux, fontaine micro-filtrante), une campagne de financement participatif a été lancée sur la plateforme Ulule.
Le deal ? Une contribution en échange de contreparties : un combo « Bamboche » (incluant un magnum de vin nature, des bières à base de pain revalorisé et une sélection surprise de Kif à grignoter), un « Abonnement Netkif » (combo apéro pour quatre personnes pendant trois mois), ou encore un « Kif à la plage » (apéro pour 6 personnes livré et délivré aux Catalans).
Le projet a visiblement bien fait « kiffer » les Marseillais. Dès la première journée, les objectifs étaient déjà dépassés. L’apéro, c’est sacré !
- Article publié le 8 février 2023, réactualisé le 17 avril 2023.