La Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence va faire installer une station d’avitaillement à l’hydrogène dans le port de l’anse de la Réserve.
La Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence veut poursuivre sa politique de verdissement du port de l’anse de la Réserve. Niché à la sortie du Vieux-Port, au pied du fort Saint-Nicolas, le port de l’anse de la Réserve abrite plus de 200 bateaux, deux restaurants, des bassins d’entraînements pour la pratique de l’aviron et trois associations sportives : le Rowing Club, l’Union Nautique Marseillaise et les Scouts marins.
Propriété de la Métropole Aix-Marseille-Provence, il est géré par délégation de service public (DSP) depuis 2018 par la CCI métropolitaine qui a décidé d’impulser une démarche vertueuse, s’inscrivant dans un plan de remise à niveau du port de l’anse de la Réserve.
La première concrétisation est arrivée l’année dernière avec l’obtention de la certification européenne « Ports Propres », lui permettant de rejoindre la liste des 80 ports régionaux à avoir reçu cette labellisation. D’abord nationale, puis européenne, la certification « Ports Propres » constate le respect de 17 critères portant sur la maîtrise des pollutions chroniques ou accidentelles, le tri des déchets, les économies d’eau et d’énergie.
Vers une certification « port propre actif » pour préserver la biodiversité
La création d’une norme ISO portant sur la gestion environnementale des ports de plaisance est actuellement en gestation. Aux côtés de la Fédération française des ports de plaisance, un comité de 5 à 6 pays planche sur le texte avec l’ambition de le rendre applicable en 2024 au niveau mondial.
En attendant, pour montrer l’exemple en matière d’écologie, la CCIAMP vise la certification « port propre actif » qui porte sur la biodiversité, accordée par l’Association française de normalisation (Afnor). L’objectif du gestionnaire est de transformer ce site en véritable « village plaisance ». « Un atout dans la perspective des Jeux olympiques de 2024 », exprime Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP. Le port de l’anse de la Réserve est d’ailleurs labellisé centre d’entraînement et pourrait séduire quelques équipes nationales.
L’Atelier Poupe transforme les vieilles bouées en lampes
Une filière de traitement des déchets portuaires a été mise en place, la construction d’un point propre pour le tri et la collecte des déchets, l’isolation des installations, un éclairage LED et l’achat de matériel dédié à la lutte contre la pollution marine.
Pour aller plus loin, le port collecte les pares-battages usagés (éléments utilisés par les navires pour se protéger des contacts avec d’autres bateaux ou avec un à quai) pour les remettre à l’Atelier Poupe, qui les transforme en luminaires, accessoires et mobilier.
Une convention de partenariat a été signée dans cette optique entre la CCIAMP, le Port de l’anse de la Réserve et l’Atelier Poupe. L’ambition est que tous les éclairages des JO 2024 soient des luminaires fabriqués par l’Atelier Poupe à partir des pares-battages recyclés.
« On voudrait que ça soit opérationnel au plus tard en fin d’année 2023 »
Toujours avec cette échéance en ligne de mire, la chambre consulaire va prochainement lancer un appel à projets. Elle souhaite expérimenter l’installation d’une station d’avitaillement à hydrogène pour les bateaux. « Nous avons informé la Métropole de notre souhait de le faire sur l’emprise de la DSP. On voudrait que ça soit opérationnel au plus tard en fin d’année 2023. Cela permettra aux bateaux des JO, qui pourraient être à l’hydrogène, de venir se ravitailler autrement qu’avec un camion-citerne », nous explique Jean-Luc Chauvin.
La start-up aixoise NepTech travaille justement sur un mode de transport naval intelligent : des navires de passagers et de fret, alliant batteries et hydrogène pour une propulsion zéro émission. Une technologie qui pourrait être utilisée justement à l’occasion des JO 2024 pour le transport à Marseille et sur la Seine.
Une expérimentation pour accélérer sur la filière hydrogène
« Nous avons aussi des opérateurs de la plaisance marseillaise capables de faire des bateaux à l’hydrogène. Pour qu’ils puissent les commercialiser, il faut que les personnes qui en possèdent puissent les remplir », poursuit le président de la CCIAMP.
L’entreprise ciotadenne Hynova notamment. Elle a lancé il y a deux ans la première embarcation de plaisance au monde à propulsion électro-hydrogène, dont la commercialisation a été freinée en raison des problématiques de pleins et de réglementations. En s’alliant à Ephyra, inventeur du premier écosystème nautique à hydrogène vert au monde, Hynova développe aujourd’hui les premières stations à hydrogène vert sous forme de concessions éco-responsables.
Cette expérimentation à Marseille « permettrait de voir éclore plus rapidement la filière des bateaux à l’hydrogène puisque le vrai frein aujourd’hui est la capacité à les remplir, ajoute Jean-Luc Chauvin. C’est une façon de faire prendre un coup d’avance à ce territoire sur ce sujet et c’est notre rôle de chambre de commerce et d’industrie d’être à la pointe de l’innovation ».
Si elle voit le jour, cette plateforme d’avitaillement à l’hydrogène dans l’anse de la Réserve serait une première innovation de ce type en Méditerranée.