Aix-Marseille Université a célébré cette semaine son dixième anniversaire au Cepac Silo à Marseille. L’occasion de revenir sur quelques projets phares et de réaffirmer les ambitions d’une université de premier rang « socialement engagée ».
« Lumières sur Amu ». C’est sur cette thématique qu’Aix-Marseille Université a décidé de fêter ses dix ans, pour mettre sous le feu des projecteurs dix ans d’actions, d’engagements et de grandes réalisations. Cet anniversaire marque la création officielle d’Amu le 1er janvier 2012, née de la fusion des trois universités de Provence (U1), de Méditerranée (U2) et Paul-Cézanne (U3).
Un projet piloté à l’époque par le néphrologue Yvon Berland pour en faire une université d’excellence à l’ambition internationale. Un pari ambitieux, loin de faire l’unanimité à l’époque, la fac de lettres et de droit d’Aix ne voulant pas se faire engloutir dans un ensemble où seules les sciences marseillaises brilleraient. Depuis, tout a changé.
Le pari réussi est aujourd’hui salué unanimement. C’est d’ailleurs en la présence d’Yvon Berland, dans la salle du Silo, qu’Éric Berton, l’autre père d’Amu, est revenu les 5 grandes étapes qui ont forgé la plus grande université francophone du monde.
Les 5 actes de la construction d’Amu
Les fondements ont été posés en 2012, en réunissant les savoirs « et en construisant un destin commun. Ce ne fut pas simple, mais cela a permis de réussir l’acte 2, de s’ancrer en 2016 au cœur d’un territoire singulier et d’aller, à partir de 2020 vers le troisième acte, consistant à éveiller les esprits à s’engager ». Une étape qui trouvera ce prolongement dans l’acte 4 « permettant de relier et partager les savoirs », déroule le président d’Amu.
Dès son arrivée en janvier 2020, l’ancien directeur de l’Institut des sciences du mouvement a fait du « socialement engagé » plus qu’un simple credo, une ligne directrice indispensable, portée « par la nécessité de faire le meilleur usage de nos savoirs pour contribuer à la construction de lendemains meilleurs ». Cette feuille de route, tracée il y a trois ans, fait encore plus sens face aux bouleversements du monde, qui préoccupent légitimement.
Une inquiétude qui se manifeste parfois chez la jeunesse « par une forme d’hostilité envers leurs aînés et le monde d’avant qu’ils représentent, note Éric Berton, presque avec gravité. Rejeter cela, ne pas être capable de le comprendre et de l’accueillir, c’est se couper de cette jeunesse et de l’avenir dont elle est porteuse. Ne pas comprendre cette colère, ne pas comprendre collectivement que ne pas tendre la main, c’est se mettre dans l’incapacité de conjuguer nos savoirs, nos expériences, nos outils avec l’énergie des générations futures ».
Une université responsable et engagée
Les générations futures représentent le cœur du projet d’Aix-Marseille Université, elle-même au centre de toutes les transitions : environnementales, sociétales, dans le domaine de la santé ou du digital. « Amu ne s’est pas contentée de prendre toute sa place comme université de premier rang, ajoute Fabienne Blaise, depuis la scène.
Pour la rectrice déléguée à l’Enseignement supérieur, la recherche et l’innovation (Région académique Paca), Amu a « veillé à ne pas oublier le rôle social qui est aussi la marque d’une grande université, quelles que soient ses ambitions. Aix-Marseille Université se veut une université responsable et engagée qui entend également se positionner comme l’université de la mer, sous tous les aspects que peut impliquer la question méditerranéenne ». En juin dernier, Aix-Marseille Université a inauguré officiellement son Institut des Sciences de l’Océan.
Le leitmotiv « socialement engagé »
Ce « socialement engagé » pour lequel Amu a obtenu le label Idex (Initiative d’excellence), résonne au travers de nombreux projets. La création du service pour le respect et l’égalité créé cette année. Une première pour une université française afin de lutter contre les discriminations, le harcèlement, les violences sexistes et sexuelles.
Durant la crise sanitaire, Amu s’est mobilisée pour aider les étudiants en difficultés, soutenant financièrement des « agoraé », des épiceries solidaires pour que les plus précaires puissent avoir accès à des denrées alimentaires à bas coût. Le bien-être au travail est un facteur essentiel pour Amu qui a lancé son baromètre pour améliorer le quotidien de ses quelque 8000 salariés. « 3000 ont participé à l’enquête et 80% ont déclaré être fiers de travailler pour Amu », lance Éric Berton.
« L’école des talents » va d’ailleurs permettre de mieux accompagner les carrières internes. En matière d’orientation, Amu est aussi le chef de file du projet Panorama. Avec un financement de 7,5 millions d’euros sur 10 ans, il vise à favoriser l’orientation des lycéens d’Aix-Marseille, Avignon et Toulon vers l’enseignement supérieur. L’objectif est de leur offrir un accompagnement humain, concret et diversifié, et d’animer la communauté de l’orientation sur l’ensemble du territoire.
« La Métropole croit en l’économie de la connaissance. L’éducation et la formation sont la clé de la montée en compétences attendues pour renforcer le territoire, son potentiel de développement et son attractivité », ajoute Emmanuelle Charafe, vice-présidente de la Métropole déléguée à la Santé, à l’enseignement supérieur et la recherche.
Ces dix ans ont aussi permis le développement d’une offre de formation « complète et pluridisciplinaire », « d’une recherche d’excellence internationalement reconnue dans bien des domaines », sans négliger l’importance des sciences humaines et sociales « bien au contraire », insiste Fabienne Blaise.
La grande métamorphose
Avec ses 80 000 étudiants (70 000 il y a dix ans), ses 120 laboratoires de recherches et 4 500 chercheurs ou enseignants-chercheurs sur site, Amu a également opéré une grande métamorphose de son bâti, à l’instar du campus « Aix-Quartier des Facultés » à Aix-en-Provence.
La Région Sud a investi 26 millions d’euros dans des opérations emblématiques comme la réhabilitation du campus Timone pour accueillir le pôle neuroscience, restructurer des espaces de recherches Marseille Nord-Saint Jérôme ou encore la création du pôle de formations et judiciaire à Aix. Dans le cadre du contrat de plan État-Région 2021-2027, « 150 millions de financements partagés seront consacrés à Amu, dont 107 millions pour des projets immobiliers », annonce Marie-Florence Bulteau-Rambaud, vice-président Région en charge de l’Education des lycées, de l’orientation et de l’apprentissage.
Amu est devenue aujourd’hui, une force rassembleuse, de compétences, de richesses culturelles et humaines, d’imagination et de créativité.
Eric Berton, président d'Amu
La Cisam, un lieu d’innovation majeur en France
Au fil des années, Amu s’est imposée comme un moteur d’innovation et un levier d’attractivité, et se distingue avec sa Cité de l’innovation et des savoirs. La Cisam, fondée en 2019, a été reconnue cette année parmi les 25 lieux d’innovations majeurs en France, mettant en valeur ses travaux sur l’économie bleue et les green-tech.
Amu a d’ailleurs remporté l’appel à projets “ExcellencES”, avec son projet Cisam+, et bénéficie d’une enveloppe de 40 millions d’euros pour déployer 7 nouvelles antennes tournées vers l’innovation en renforçant l’impact positif sur la société [le détail ici]
« Ce rayonnement sur un territoire et une région dépasse largement nos frontières et fait d’ailleurs d’Amu le chef de file d’une université européenne », ajoute Fabienne Blaise.
Être du bon côté de l’Histoire
Pour les dix ans à venir, Amu veut poursuivre dans la voie de l’excellence en matière de recherche et d’innovation, continuer à former les jeunes aux métiers de demain, « au regard des besoins du territoire et du pays », renforcer son rayonnement international… « Face à la complexité du monde, parier sur l’intelligence et le développement des connaissances scientifiques, préparer l’avenir des générations futures est un enjeu collectif essentiel » livre d’ailleurs Aurélie Biancarelli-Lopes, adjointe au Maire de Marseille en charge de la recherche, de la vie étudiante et de lʼenseignement supérieur.
L’élue a insisté sur le rôle social et sociétal du monde académique dans toutes ses dimensions. Si l’enseignement supérieur n’est pas une compétence de la Ville, cette délégation marque sa volonté de « construire ensemble des passerelles indispensables au développement de politiques publiques répondant aux grands enjeux de notre temps. Dans un monde d’instabilité et de doutes, on fait le choix de l’avenir en nous tournant vers vous ».
Aix-Marseille est prête. Preuve en est : « Les pages cruciales de l’Histoire vont s’écrire ces prochaines années, il est essentiel que nous y prenions notre part, pour être du bon côté de l’Histoire, de ceux qui agissent collectivement et qui ne renoncent pas, insiste Éric Berton. Amu est devenue aujourd’hui, une force rassembleuse, de compétences, de richesses culturelles et humaines, d’imagination et de créativité. Nos savoirs et nos expertises doivent être transmis et diffusés le plus largement possibles, car ils éclairent l’avenir ».