Dans un courrier adressé au maire de Marseille, Benoît Payan, les professionnels du monde économique et maritime réagissent à la pétition de la Ville de Marseille « Stop à la pollution en Méditerranée ».
C’est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. La pétition lancée par la Ville de Marseille le 19 juillet dernier intitulée « Stop à la pollution en Méditerranée » continue de faire des vagues. Interdiction des navires les plus polluants, zone ECA, études épidémiologiques… différents sujets sont abordés à travers cette démarche inédite pour une municipalité.
Louée ou critiquée par des personnalités de tous bords, la pétition visait à donner du poids à la parole des élus marseillais face aux géants du maritime et au Grand port maritime de Marseille (GPMM). Un message que les professionnels du secteur, rejoints par les acteurs économiques du territoire, ont semble-t-il bien reçu, mais mal perçu.
« Sur la forme, nous déplorons la méthode, qui est en contradiction totale avec les échanges constructifs que nous menons avec les collectivités locales, les services de l’État, les associations et les Marseillais dans le cadre de la Charte Ville-Port et du conseil de Développement du Port, dont la lutte pour la protection de l’environnement est un des fondements », écrivent Alain Mistre, président de l’Union maritime et fluviale Marseille-Fos, Hervé Martel, président du GPMM, Jean-François Suhas, président du Club Croisière, Erminio Eschena, président CLIA (Association internationale des compagnies de croisières), Jean-Luc Chauvin, président de la CCI AMP et Philippe Korcia, président de l’UPE 13, dans une lettre adressée au maire de Marseille.
« Sur le fond, cette pétition laisse entendre que les acteurs du transport maritime ne prennent pas leurs responsabilités sur ce sujet si crucial pour la pérennité de notre territoire. Ils ont pourtant joué un rôle déterminant dans le renforcement des normes internationales pour réduire l’impact de leur activité sur l’environnement ».
De l’électrification des navires à quai au GNL
Dans ce courrier, ils rappellent ainsi à Benoît Payan les engagements des acteurs du transport maritime depuis plusieurs années pour œuvrer à la transition éco-énergétique de cette activité. Des engagements particulièrement marqués à Marseille, qui peut se « prévaloir d’une longueur d’avance en matière de transition environnementale et de lutte contre les pollutions », à l’échelle du bassin méditerranéen, voire au niveau international, sur plusieurs chantiers stratégiques, comme le branchement électrique des navires à quai ou l’avitaillement et la propulsion des navires au GNL.
Avec le déploiement du Gaz Naturel Liquéfié, Marseille Fos est en voie de devenir le seul hub stratégique en Méditerranée. Le premier avitaillement en GNL a été effectué en janvier 2022, ce qui permet au port de Marseille Fos de faire partie des trois seuls ports au monde avec Singapour et Rotterdam où il est possible d’avitailler en GNL.
D’autre part, « le port de Marseille Fos a été le 1er en Méditerranée à proposer dès 2017 le branchement électrique des navires, qui permet de réduire à 0 les émissions atmosphériques à quai. Aujourd’hui, 4 navires desservant la Corse se connectent. L’ensemble des ferries vers le Maghreb devraient être connectés d‘ici 2023, et les bateaux de croisière dès 2025 ».
À ce titre, ils prennent « acte » de la volonté du maire de contribuer à hauteur de 10 millions d’euros au dispositif régional « Escales zéro fumée ». Et rappellent au passage « tous les efforts, engagements et investissements déployés par les acteurs portuaires de Marseille en faveur de la protection de l’air et de la mer ».
Aller plus loin pour répondre aux urgences climatiques
Si les signataires détaillent différentes mesures qui marquent des avancées significatives pour la transition éco-énergétique, ils conviennent que ce « n’est pas suffisant pour répondre aux urgences climatiques et préserver nos littoraux » et prônent un travail collaboratif renforcé.
Ils proposent ainsi à Benoît Payan et aux élus concernés de se mettre autour de la table dans les meilleurs délais afin d’identifier des actions complémentaires à court, moyen et long terme, et de les mettre conjointement en œuvre. « Nous devons continuer de travailler avec l’ensemble des partenaires de la Charte Ville-Port, et plus largement du territoire, pour identifier et financer les solutions qui continueront à faire du transport maritime un axe majeur de développement durable de notre ville et de préservation de la Méditerranée ».
Les modalités de cette réflexion seront déterminées à l’occasion d’un prochain comité de pilotage. Ils souhaitent également proposer d’entamer une réflexion avec le Grand Port maritime de Marseille, les compagnies de transport maritime et la Région Sud sur l’électrification des quais et l’équipement des navires, « en écho à votre souhait de contribuer financièrement au dispositif « Escales zéro fumée » ».
Cette lettre intervient alors que le ministre des Transports est en déplacement à Marseille et qu’une séquence consacrée au secteur maritime et industriel est prévue ce vendredi 29 juillet, avec la visite du port autonome de Fos-sur-Mer et du siège de CMA-CGM.