Ce mercredi matin, l’État a acté un financement de 650 millions d’euros pour la rénovation urbaine dans les quartiers prioritaires de Marseille. Un engagement « historique » pour la ministre de la Ville, Nadia Hai, et les élus locaux.
Depuis la venue du Président de la République, Emmanuel Macron, en septembre 2021 pour annoncer le plan « Marseille en grand », les réunions et tractations communes de la Ville de Marseille et la Métropole Aix-Marseille-Provence auprès du gouvernement se sont multipliées sur la question de la rénovation urbaine. Entre les délégations envoyées à Paris et les visites ministérielles sur site, les chiffres évoqués pour la participation de l’État ont varié entre 300 et 600 millions d’euros, voire un milliard.
« Aujourd’hui, nous actons 650 millions d’euros », pose ce mercredi 16 mars Nadia Hai, en Préfecture des Bouches-du-Rhône. Un engagement signé (notre photo de Une) avec le maire de Marseille, Benoît Payan, la présidente de la Métropole, Martine Vassal, le préfet de région Christophe Mirmand, les différents partenaires dont les bailleurs sociaux, ainsi que Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
C’est l’établissement public qui porte ces financements, élevés « à ce niveau inédit grâce à l’abondement de 2 milliards d’euros du programme lors du Comité interministériel des Villes de janvier 2021 », précise le ministère.
« Le plus grand chantier de rénovation urbaine de France »
« C’est un moment historique » pour la cité phocéenne, selon la ministre de la Ville. Jamais un tel investissement n’a été dédié pour le logement et le cadre de vie […] C’est inédit, Marseille sera le plus grand chantier de rénovation urbaine de France ».
Pour Benoît Payan : « C’est une incroyable décision. Jamais l’Anru n’est allée aussi loin dans une ville. On nous avait dit « c’est infaisable » », rappelle le maire de Marseille. La présidente de la Métropole, Martine Vassal, abonde : « c’est une révolution. Il y a beaucoup d’attentes aujourd’hui, mais aussi beaucoup d’espoirs ».
Plus de 6 000 logements neufs ou rénovés
Ces financements doivent permettre la démolition de « plus de 2 650 logements sociaux et la construction d’autant de logements sociaux neufs pour l’essentiel dans d’autres quartiers », précise le ministère de la Ville. Mais aussi « la rénovation de près de 2 300 logements sociaux et le recyclage de près de 1 100 logements privés dégradés ».
Ils permettront également la rénovation ou la construction de « 28 équipements et le traitement des aménagements pour rendre les espaces publics plus agréables et plus verts », ajoute Nadia Hai.
Une clause de revoyure est programmée « en 2024 » pour faire le point sur l’avancement des projets. S’il est « satisfaisant », ils pourraient bénéficier « de financements complémentaires », assure la ministre.
La mairie de Marseille rappelle que l’engagement global de l’État s’élève à 762 millions d’euros en comprenant les 112 millions d’euros de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Le total des investissements de l’ensemble des partenaires impliqués dans le protocole sur la rénovation urbaine signé ce jour s’élève à « 2,7 milliards d’euros ».
Une dizaine de quartiers concernés
« 35 quartiers prioritaires de la Ville (QPV) » sont concernés avance le préfet Christophe Mirmand. Soit la moitié des 65 du département des Bouches-du-Rhône.
La ministre de la Ville précise les secteurs concernés par ce nouveau programme de rénovation urbaine et les montants alloués : La Castellane (15e – 16e) avec 117 millions d’euros, Kallisté – Solidarité (15e) avec 48 millions d’euros, 35 millions pour la Savine (15e), même montant pour Frais Vallon – La Rose (13e) qui pourrait être complété de plus de 30 millions d’euros.
196 millions d’euros doivent également être alloués aux quartiers du centre-ville, et 50 millions ont été « réservés » pour les projets de la Cabucelle – les Crottes et de Campagne Lévêque (15e) « qui doivent être présentés en comité d’engagement en 2022 », selon le ministère.
Lancement des projets Air Bel et Grand Saint-Barthélemy – Grand Malpassé
Cette réunion a également permis d’officialiser l’engagement des projets des quartiers d’Air Bel (11e) et du Grand Saint-Barthélemy – Grand Malpassé (13e – 14e) . Ils « peuvent maintenant entrer en phase opérationnelle », s’est réjouie Nadia Hai.
Une bonne nouvelle pour Air Bel, après des années de léthargie, alors que sa rénovation était prévue dans l’ancienne phase de l’Anru. Comme nous vous le détaillions ici en début d’année, le projet prévoit la démolition de 209 logements, la requalification des rues, la réhabilitation des écoles, la création d’un jardin partagé et d’une micro-crèche… L’Anru devait apporter 60 millions d’euros pour un projet estimé au total à 185 millions d’euros. Il se heurte par ailleurs au défi du relogement des habitants durant l’opération.
Lors de cette visite en janvier, la ministre, le maire de Marseille et la maire adjointe Samia Ghali avaient également annoncé une enveloppe totale de 390 millions d’euros pour le projet du Grand Saint-Barthélemy – Grand Malpassé, comprenant notamment la création d’une Plaine des sports et des loisirs de La Busserine.