Depuis presque un an, fleurs, herbes et plantes potagères ont pris d’assaut la rue Samatan dans le 7ème arrondissement de Marseille. Au total, presque 20 bacs ont été installés en rang d’oignon le long du trottoir. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, chacun peut se servir et repartir avec la nourriture qui a poussé.

Tout est parti de voisins d’un des immeubles de la rue Samatan, située entre l’Anse des Catalans et le Vallon des Auffes, qui de façon spontanée ont installé des bacs potagers sur le trottoir. Et plutôt que de cultiver plantes et fleurs pour leur propre usage, ils ont préféré choisir de tout mettre à disposition de tous. Pour cela, ils ont rejoint le mouvement « Les Incroyables Comestibles », né en Angleterre en 2008 et qui prend de plus en plus d’ampleur en France aujourd’hui.

« Ce mouvement consiste à planter des choses à manger comme des tomates, des fraises ou des herbes aromatiques par exemple avec des petits panneaux qui signalent que c’est gratuit. Lorsque l’on a commencé, tout le monde pensait que ça n’allait pas marcher mais très rapidement les gens se sont servis ! », souligne Philippe Cahn, l’un des habitants de la rue Samatan.

Dans les bacs de la rue Samatan : tomates, poivrons, basilic, échalotes, thym et même des fleurs. Le tout cultivé par qui le veut, que l’on habite rue Samatan, les rues alentour ou même dans un autre quartier de Marseille.

Un dispositif en accord avec la charte de végétalisation

Pendant tout l’hiver dernier, les bacs avaient pourtant disparu de la rue Samatan suite à une plainte d’un des riverains qui était contre le mouvement spontané de ses voisins. Depuis un peu plus d’un mois, les contenants on refait leur apparition, cette fois en toute légalité. Le fameux « Visa Vert » leur a été accordé par la mairie et le mouvement doit respecter la charte de végétalisation de la ville.

Adoptée en 2015 au Conseil municipal, ce document fixe les règles pour verdir l’espace public afin d’encadrer les pratiques des Marseillais. Parmi elles, par exemple : les espèces de plantes qu’il est possible de planter, arroser régulièrement sans laisser d’eau stagnante pour éviter notamment la propagation du moustique-tigre ou encore laisser libre le cheminement piéton et l’accès au domaine public.

« Au début, on a commencé à cultiver nos pots sans rien demander à personne mais c’est bien qu’il existe quelque chose pour encadrer tout cela. D’autant plus que la charte est suffisamment large pour que l’on ait assez de choix quant aux espèces à planter », explique Philippe Cahn.

Quant à d’éventuelles dégradations, Philippe Cahn reconnaît que c’est déjà arrivé, notamment des arrachages de fleurs ou de plants entiers. Mais le riverain assure que cela reste peu fréquent et marginal. Au contraire, le système est bien respecté et fonctionne de façon naturelle sans structure ni mot d’ordre.

D’autres exemples de rues végétalisées à Marseille

En plus d’embellir les rues et d’apporter un peu de nourriture, le mouvement crée du lien social entre les différentes personnes qui s’occupent de ces bacs potagers. Et puisque cela fonctionne bien, les habitants de la rue Samatan aimeraient que leur mouvement se développe un peu partout à Marseille. Un rêve qui pourrait devenir réalité puisque, grâce aux réseaux sociaux, des Marseillais d’autres quartiers les ont déjà contactés pour installer eux aussi des bacs dans leur rue.

La rue Samatan n’est pas la seule à être végétalisée dans la deuxième ville de France. De nombreuses rues du centre-ville comme par exemple la rue d’Aubagne ou la rue de l’Arc dans le quartier de Noailles ont été décorées par des associations et des habitants. Étant donné l’engouement que cela a suscité chez de nombreux Marseillais, il est très probable que d’autres rues de la ville viennent s’ajouter à la liste des rues déjà végétalisées de Marseille dans le futur.

potagers, Des potagers en libre-service bientôt dans tout Marseille ?, Made in Marseille
Rue végétalisée dans le quartier de Noailles © Mathieu Grapeloup

Pour aller plus loin sur la végétalisation et l’agriculture urbaine

Par Agathe Perrier

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