Le collectif Marseille Hospitalités interpelle les candidats aux municipales sur l’accueil des personnes de passage comme les touristes mais aussi les saisonniers, aidants, étudiants. Il veut multiplier les auberges de jeunesse, campings et échanges de maison pour rendre la ville plus hospitalière et inclusive.

Le rendez-vous est donné au milieu des escaliers de la gare Saint-Charles, marche 63. Un lieu symbolique pour le collectif Marseille Hospitalités qui dévoile son travail d’enquête mené depuis deux ans afin de récolter et analyser les chiffres des personnes de passage dans la ville. « 16 millions de personnes transitent chaque année par la gare », introduit Bruno Gelsomino.

Grâce à Flux Vision, un outil d’Orange permettant de convertir des millions d’informations techniques issues du réseau mobile en indicateurs statistiques pour analyser la fréquentation des territoires, le collectif affirme que 70% du flux sont résidents de Marseille, 15% sont des touristes et 15% des « personnes de passage » qui peuvent être des saisonniers, des patients, aidants, des travailleurs sur les bateaux de croisières ou des migrants.

Les membres du collectif se sont ainsi concentrés sur ces personnes de passage, mais aussi sur les touristes aux moyens limités, comme les étudiants, pour faire un état des lieux de l’offre hospitalière. Un angle mort de la politique de tourisme et d’accueil à Marseille selon eux. « Marseille n’a aménagé aucun camping depuis 1991*, elle a moins de 150 lits en auberge de jeunesse, et le nombre de 4 et 5 étoiles a triplé depuis 2010 », assurent-ils.

1991* : Marseille comptait trois campings municipaux qui ont fermé au début des années 1990. Dont Les Vagues, à l’Escale Borély, face aux plages, qui a vécu 60 ans avant de fermer en 1991. Aujourd’hui, l’auberge de jeunesse de Bois-Luzy (12e) semble la seule à proposer 20 emplacements pour tentes à Marseille.

Inscrire l’hospitalité à l’agenda municipal

« On est donc à la croisée des chemins, reprend Prosper Wanner, gérant de l’Hôtel du Nord depuis 15 ans, une coopérative de 80 sociétaires dont l’objectif est de faire découvrir les richesses des quartiers nord. Soit on continue à miser sur la montée en gamme portée par l’aérien et les croisières, soit on se tourne vers l’hospitalité », estime-t-il.

Marseille Hospitalités plaide donc pour un accueil plus inclusif des personnes, comprenant l’échange de maison, plus de lits en auberge et en camping. Le collectif a ainsi détaillé 38 propositions dans un livret pour interpeller les candidats aux élections municipales de mars 2026.

Deux listes les ont déjà contactés : le Printemps marseillais, actuellement aux affaires, et Vaï, un collectif écologiste porté par l’adjoint à l’environnement, Sébastien Barles, qui s’est allié au député La France Insoumise, Sébastien Delogu, pour faire campagne.

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Prosper Wanner tient le carnet des 38 propositions du collectif Marseille Hospitalités.

Des propositions concrètes

Les premières propositions seraient d’ouvrir au moins 150 places en auberges de jeunesse avec la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ), d’accompagner la réouverture et la création de campings dans les espaces privés et publics, mais aussi augmenter le nombre d’hébergements touristiques acceptant les chèques vacances.

Pour ce faire, le collectif propose de réallouer 20% des 14 millions d’euros récoltés pour la taxe de séjour (2,8 millions d’euros) afin de créer une nouvelle délégation municipale de l’hospitalité, englobant le tourisme. « Ce serait donc finançable tout de suite », estime Bruno.

Le collectif souhaite ainsi intégrer le Crous, les foyers de jeunes travailleurs, et autres structures sociales aux côtés des hôteliers et restaurateurs, pour transformer l’actuel « comité d’acteurs du tourisme » en « comité des acteurs de l’hospitalités ». L’été dernier, le CRT Paca avait d’ailleurs loué 500 appartements étudiants inoccupés aux saisonniers en accord avec le Crous Aix-Marseille-Avignon.

Par ailleurs, les membres plaident pour que l’observatoire du tourisme soit élargi aux dispositifs d’accueil non marchands comme l’échange de maison « dont 1 000 annonces sont référencées à Marseille, à 95% pour des résidences principales », note le groupe. Ce qui démontre déjà un certain attrait pour l’échange.

Créer un système autour de l’hospitalité

Pour que ce système fonctionne, le petit groupe souhaite créer une école de l’hospitalité afin de former tous les professionnels et non professionnels à l’accueil de personnes en transit à Marseille.

Le collectif propose également de dédier un lieu ressource où chacun pourrait venir se renseigner sur les différentes solutions d’accueil en fonction de ses besoins. « Marseille serait la première ville à en faire un axe central de la stratégie municipale », lance Carole, pleine d’entrain.

Ces propositions ont été coconstruites avec Provence Tourisme, le Comité régional du tourisme (CRT Paca), et les services municipaux de Marseille dont l’Office du Tourisme, afin de proposer « une véritable politique publique ».

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