Dans le cadre du projet Solar camp, la société Bovlabs, spécialisée dans l’énergie verte, poursuit son expérimentation à la gare Aix-TGV, avec l’ambition d’en faire une gare autonome en énergie dans les prochaines années. Une solution 100% renouvelable pour se déplacer dans la ville qui pourrait aussi être déployée dans le futur éco-quartier des Fabriques, à Marseille.

Comment partager l’énergie d’un véhicule électrique avec de grandes infrastructures ? La start-up Bovlabs, [Blockchain of value Labs], fondée à San-Francisco, a conçu une solution qui permet aux complexes de stocker et redistribuer leur propre énergie. L’expérience a débuté l’année dernière sur deux micro-réseaux. À thecamp, le campus du futur d’Aix-en-Provence, où la start-up est basée, et à la gare Aix-TGV.

Aix-TGV ambitionne de devenir autonome en énergie, d’ici à trois ans, en produisant de l’électricité à partir du photovoltaïque et en utilisant l’hydrogène. Depuis plus de deux ans, la gare est dotée d’un parking de stationnement équipé de panneaux solaires et disposant de bornes de recharges électriques pour les voitures.


A lire l’histoire de la start-up Bovlabs

, Bovlabs utilise les voitures électriques pour alimenter les grandes infrastructures, Made in Marseille
Comment la gare d’Aix TGV ambitionne de devenir autonome en énergie ?

Une flotte de véhicules électriques pour stocker l’énergie solaire

L’idée développée par Bovlabs est d’utiliser une flotte de véhicules électriques pour stocker l’énergie solaire produite sur place. Il s’agit de créer « une plateforme d’échange d’énergie verte entre individus basée sur les micro-réseaux électriques intelligents et la blockchain, expliquent Jaikrishnan Radhakrishna Pillai, fondateur et PDG de la société et Cédric Christensen, chef opérationnel. C’est-à-dire qu’on peut à la fois charger et décharger l’énergie dans le réseau ».

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Jaikrishnan Radhakrishna Pillai, PDG et Cédric Christensen, chef opérationnel de Bovlabs.

Bovlabs a ainsi développé une application qui sert d’interface avec le réseau. « Une voiture est garée 95% du temps. Durant cette période, sa batterie dort. Soit, on la charge trop vite, soit pas assez. Nous, nous allons utiliser ces informations », explique Cédric Christensen.

Dans les faits, lorsqu’un utilisateur vient se garer, le niveau de charge de la batterie est évalué sur le parking. « L’énergie produite par les panneaux solaires permet le rechargement. Lorsque la batterie atteint 100%, celle-ci alimente l’éclairage de la gare. Le partage avec la plateforme prend fin, lorsque la batterie atteint le niveau programmé à l’arrivée de l’automobiliste ».

L’optimisation de l’énergie

Par ailleurs, grâce à l’application et à l’aide d’un QR code, l’automobiliste inscrit l’heure de son retour. Une donnée qui permet non seulement d’optimiser la charge de la voiture, mais aussi la disponibilité solaire. « Entre le moment de l’arrivée et du départ, notre algorithme permet de déterminer des créneaux de 15 minutes où l’énergie est produite sur place, tout en évitant les pics de consommation de la gare ».

Chaque voiture dispose d’un profil de charge unique, « c’est-à-dire que si 1 000 voitures viennent se charger, elles vont toutes avoir un profil unique, qui prend en compte l’heure de retour et la présence d’énergie renouvelable sur le site ».

Sept stations de chargement sont actuellement installées devant la gare, « et elles sont tout le temps pleines », assure Cédric Christensen. « On sait que 80% des gens restent plus de 5 heures sur place, et c’est beaucoup trop. 30% restent toute la nuit. Une voiture, c’est environ 40 kilowatts/h et les bornes ; Elles, font du 10 kilowatts chaque heure, donc en quatre heures, on peut recharger la batterie à 100%. Avec ces chiffres, l’optimisation est évidente ».

Créer une communauté énergétique aux Fabriques

Bovlabs, lauréate du concours Med’Innovant (prix du jury) en 2019, a été sélectionnée dans le cadre d’un projet européen, à plus de 10 millions d’euros, avec plusieurs autres partenaires, pour déployer sa solution à Mayotte. Elle travaille également avec un opérateur énergétique en Autriche, pour y développer son dispositif. Mais Bovslabs souhaite désormais déployer son projet à grande échelle et sur le territoire.

Des discussions ont débuté avec Bouygues Immobilier pour installer ce procédé sur le nouveau parking des Fabriques, dans les quartiers Nord, qui comptera plusieurs centaines de stations de chargement. « On imagine un scénario dans lequel la borne devient partie prenante de la communauté énergétique. Donc on peut avoir des gens qui produisent du solaire à côté, nous dire qu’ils ont un surplus. La borne va bloquer cette énergie un quart d’heure dans les trois heures, par exemple. On crée ainsi une communauté énergétique ».

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Le futur parking des Fabriques [Cliquez pour accéder à l’article]

La tendance de l’électrique

Et la start-up peut également surfer sur la tendance. Depuis la sortie du confinement, les chiffres de vente de voitures électriques ou hybrides ont explosé. Malgré la pandémie qui a freiné les achats automobiles, le marché de l’électrique, lui, est en plein essor. 70 535 voitures électriques neuves ont déjà été vendues en France, de janvier à septembre 2020, d’après le Comité des constructeurs français d’automobiles.

Les voitures électrifiées (électriques et hybrides) représentent 17,98 % des nouvelles immatriculations en France entre janvier et juillet 2020. Sur la même période en 2019, la part de marché était presque trois fois moindre, à seulement 6,92 %. « C’est un secteur en pleine expansion, qui connaîtra beaucoup d’évolutions dans les prochaines années », ajoute Cédric Christensen.

Il espère que les futures constructions de logements intègreront cette dimension, précisant que le frein reste le manque de bornes. Le 12 octobre dernier, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebarri, a annoncé un objectif de 100 000 bornes installées sur le territoire national, d’ici à fin 2021.

Pour développer l’éco-mobilité, à l’échelle métropolitaine, ce sont 500 bornes qui devraient être opérationnelles fin 2021. Dans le cadre de son plan Climat, une « Cop d’avance » lancé en 2017, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est engagée à installer une borne électrique tous les 100 km sur le réseau routier.

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