Alors que la contestation s’intensifie autour du Boulevard Urbain Sud, la présidente de la Métropole, Martine Vassal, lance une nouvelle étude d’impact pour la troisième tranche. Les politiques de tous bords s’emparent du sujet, qui pourrait devenir incontournable dans les municipales à Marseille.
Le Boulevard Urbain Sud, une rocade de 8,5 kilomètres, en partie sur 4 voies, doit relier la Pointe Rouge à l’échangeur Florian d’ici 2026. Pour un budget estimé à 300 millions d’euros, le B.U.S. a l’ambition de désenclaver les quartiers Sud de la ville, en permettant aux automobilistes de rejoindre, à l’Est, l’autoroute A 50 et la L2.
Comme pour cette dernière, le projet a été initié dans les années 1930. De 13 000 à 50 000 voitures sont attendues chaque jour, suivant les tronçons, sur ce futur axe qui prévoit également des voies de circulation piétonnes et cyclables.
La contestation s’intensifie
« Aspirateur à voitures », « projet d’un autre temps », « destruction d’espaces publics et d’espaces verts », la contestation citoyenne s’est endurcie ces derniers temps. Elle est portée, notamment, par le Collectif Anti-Nuisance Boulevard Urbain Sud (CANBUS). Cédric Jouve en fait partie, et explique l’opposition au projet sur trois axes : « D’abord, il ne répond pas aux objectifs de fluidité et d’efficacité. L’étude d’enquête publique montre que neuf des quinze croisements, gérés par feux tricolores, seront fréquemment saturés. Et puis cet aspirateur à voitures débouche sur une impasse : le littoral. Il n’y a pas de prévisions sur le stockage des nouvelles voitures ».
La deuxième problématique soulevée par le collectif concerne la destruction d’espaces verts et publics. « Comme le parc de la Mathilde, les jardins municipaux Joseph-Aiguier (la métropole s’est engagée à mettre à disposition de l’association une surface supérieure à celle concernée par B.U.S., ndlr) et l’abattage de plus de 200 arbres dans la pinède du Roy d’Espagne ».
Enfin, la pollution de l’air, avec « la continuation de la politique du tout-voiture dans la ville la plus polluée de France. D’autant que le parcours concerne des zones sensibles, des crèches, des écoles, des hôpitaux… 300 millions d’euros, on aurait pu les mettre dans le développement de transports publics, non ? » conclut Cédric Jouve.
Le collectif a déposé un « recours en excès de pouvoir » au tribunal administratif appuyé sur l’insuffisance d’étude d’impact, la modification substantielle du tracé originel, la pollution de l’air, et l’insuffisance de l’inventaire environnemental. Rejeté en 1ère instance, les militants ont fait appel.
Martine Vassal lance une nouvelle étude d’impact
Des éléments de contestation portés par les élues d’opposition Nouriati Djambae (EELV) et Annie Levy-Mozziconacci (PS) lors du conseil de la Métropole Aix-Marseille-Provence du jeudi 26 septembre. La présidente et désormais candidate à la mairie de Marseille, Martine Vassal (LR), y a répondu par l’annonce d’une nouvelle étude d’impact sur la troisième tranche du B.U.S. (cette dernière n’étant pas encore engagée). Elle concerne le tronçon compris entre Sainte-Marguerite et l’avenue de Lattre de Tassigny (13009).
« On ne peut pas aujourd’hui lancer du tout-voiture, éliminer des arbres du paysage, de l’espace, sans qu’il y ait des conséquences », a lancé la présidente, semblant réceptive aux arguments des opposants. En tempérant toutefois : « il faut aussi que la population des quartiers sud ne soit plus enclavée. Mais, il y a un certain nombre d’autres moyens, j’ai d’autres idées ».
Martine Vassal remet-elle en cause la pertinence du projet ? « Si je lance une étude, c’est que je lance une étude », nous répond-t-elle. Sans approfondir plus les modifications éventuelles qu’elle pourrait entraîner.
Elle laisse notamment incertaine la date de rendu de l’étude d’impact, dont la communication pourrait être interprétée comme faisant partie de sa campagne en tant que candidate à la mairie de Marseille. « Je ne sais pas comment et quand je peux sortir légalement cette étude par rapport à la période électorale ».
Un boulevard pour la gauche dans la campagne municipale
D’autres prétendants à la succession de Jean-Claude Gaudin sont plus explicites sur leurs intentions quant au B.U.S. Ce vendredi 27 septembre, presque tout ce qui fait un potentiel grand rassemblement de la gauche marseillaise est réuni sur la Canebière devant la maison des projets de la Métropole. Des élus EELV, socialistes, communistes notamment, venus en soutien du collectif CANBUS (dont certains militants sont également actifs dans le mouvement d’union progressiste Mad Mars), contester le futur boulevard.
« Je pense qu’elle va reprendre le dossier complètement », lance la conseillère municipale EELV Lydia Frentzel, alors que l’écologiste Sébastien Barles se réjouit de cette nouvelle étude d’impact « obtenue grâce à la pression des écologistes. C’est un sujet qui va cristalliser les municipales », assure-t-il.
Le chef de file des communistes marseillais, Jean-Marc Coppola, va dans le même sens : « Le B.U.S. va faire partie des sujets emblématiques des municipales, il faudra y répondre par une vision globale portée par la convergence des forces de gauche. C’est la même problématique que la L2, alors qu’il faut aujourd’hui empêcher les voitures de rentrer dans la ville, avec une vraie politique de transports en commun et de parkings relais ».
Benoît Payan, l’élu PS qui entend se joindre à eux pour une liste commune de gauche aux municipales, demande « l’arrêt des travaux avant de commettre l’irréversible. Et la mise en place d’un moratoire, avec tous les acteurs et les habitants, sur ce projet d’autoroute urbain du siècle dernier. Sinon, dans 50 ans, il sera encore là ».
LREM prend le B.U.S. en marche
La section des Bouches-du-Rhône de la République En Marche n’était pas présente aux côtés du collectif pour manifester contre le projet. Mais elle a réagi par communiqué à l’annonce de la nouvelle étude d’impact. « Si nous laissons à chacun le soin de juger de l’articulation calendaire de cette annonce avec les prochaines échéances électorales, la République en Marche Marseille salue cette victoire en faveur de la préservation de l’environnement et du bien-être des habitants dans notre ville. […] Cette politique du « tout-voiture » d’un autre temps n’engendre que tensions sanitaires, tensions sécuritaires et tensions urbanistiques ».
Le parti présidentiel entend se saisir également du dossier Urbain Sud pour avancer sa vision environnementale à Marseille : « nous la porterons sans cesse lors des futures échéances municipales au profit d’une ville pleinement intégrée dans son temps. »
Le candidat indépendant à la mairie de Marseille, Michel Pinard, s’est également saisi de la question : « si la L2 avait une logique de contournement de la ville pour les voitures, Urbain Sud, au contraire, les y emmène. Nous devons consacrer les moyens à des projets plus pertinents », déclare l’ancien ambassadeur.
Alors que les enjeux environnementaux semblent prendre une place incontournable dans la campagne électorale pour la mairie de Marseille, le boulevard Urbain Sud y tiendra un rôle de choix.
Un tunnel à péage sous la montagne payant depuis Le Cabot jusqu’à Callelongue, sauf (gratuit) pour les résidents de la Pointe Rouge à Callelongue serait l’idéal. D’autres voies larges déjà prévues et sans constructions peuvent parallèlement être ouvertes. (ex : entre Château Sec et l’Obélisque de Mazargues). 2 ou 3 sorties du tunnel peuvent être prévues (De Lattre, Roy d’Espagne Pointe Rouge…). Voila le progrès. Puisque l’Etat emprunte à taux négatif il peut le faire, et puisque ce B.U.S. servira en grande partie au tourisme de masse international, l’U.E. peut y mettre les milliards d’euros nécessaires….De l’argent, des milliards il y en a bien pour d’autres Dossiers sans intérêt pour les habitants de Marseille Sud….
Je suis d’accord avec vous! Sauf pour un tunnel à péage.. A Toulon il y a plusieurs tunnels en centre ville, tous gratuits !..
Comme vous dîtes, de l’argent il y en a!.. ça dépend pourquoi et pour qui?..
Le B.U.S a une soeur jumelle qui s’appelle LINEA, qui est aussi un boulevard urbain de 7km de long, reliant le quartier de Saint Mitre dans le 13ème arrondissement de Marseille à Allauch, en passant par Château Gombert et Plan-de-Cuques.
Nous sommes là aussi dans un non sens écologique; ce projet de voirie se fonde sur un concept vieux de plus de cinquante ans faisant la part belle au « tout voiture ». Au mépris de ce que les citoyens actuels veulent, à savoir moins de pollution (atmosphérique, sonore) automobile et plus de transports en commun, efficaces et non polluants, comme le tramway.
La déclaration d’utilité publique de la LINEA a été contestée devant le Tribunal administratif de Marseille, qui a ANNULE en mars 2019 cette D.U.P, au motif que laisser deux voies de circulation automobile en parallèle des deux voies de transports en commun était contraire à l’objectif affiché, dans le projet, de favoriser l’utilisation des transports en commun; comme le B.U.S, le projet LINEA est déjà saturé par la circulation automobile avant même son inauguration et ne saurait apaiser les noyaux villageois actuellement encombrés.
Il est appréciable de constater que la Métropole commence à se soucier de l’impact négatif du B.U.S sur l’environnement, alors que les travaux ont grandement avancé sur la première partie.
Il me semble souhaitable que l’ensemble des formations politiques se soucient également de l’impact négatif qu’aura la LINEA dans nos quartiers nord et est de l’agglomération marseillaise; tout en se penchant sur l’élaboration d’un véritable plan d’aménagement de ces quartiers en terme d’infrastructure de transport en commun en arc de cercle reliant les Aygalades à Saint Menet, sur l’emplacement réservé de la RD4d dont LINEA n’est que la partie centrale.