Clara Chappaz a visité l’entreprise Index Education qui développe l’outil Pronote à Marseille. La secrétaire d’État chargée de l’intelligence artificielle et du numérique veut s’appuyer sur ce modèle d’entreprise pour sortir l’IA des laboratoires.
Que vous soyez élèves, parents d’élèves, professeurs, chefs d’établissements… ou même simplement passés par l’école publique ces 20 dernières années, vous connaissez certainement « Pronote » : l’interface numérique qui facilite la vie scolaire.
Il est moins sûr que vous sachiez que cet outil numérique est géré depuis Marseille, dans les locaux de Index Education, nichés sur les hauteurs de Château-Gombert (13e).
L’entreprise a été fondée par quatre associés, dont Olivier Calderon en 1992. Elle a lancé deux logiciels : d’abord Pronote pour faire le lien entre les parents et l’école (devoirs, notes, absences…), puis EDT pour la création et la gestion des emplois du temps. « Plus aucun humain ne pourrait faire ça aujourd’hui », glisse le directeur technique.
Si ces outils ont mis des années à intégrer durablement les lycées et les collèges, l’entreprise n’a cessé de grandir. Index Education compte à ce jour 165 salariés, 10 000 établissements partenaires – dont tous les lycées et collèges publics de la Région Sud et des Bouches-du-Rhône – et 18 millions d’utilisateurs dans 128 pays. La société utilise aussi deux data centers, un in situ et l’autre sur le port de Marseille.
« Le meilleur des technologies numériques au service d’enjeux concrets »
C’est pour comprendre cette expertise que Clara Chappaz, la secrétaire d’État chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, a rencontré les équipes ce 7 octobre. L’ancienne présidente de la French Tech, nommée courant septembre, est le premier membre du gouvernement Barnier à fouler le sol de Marseille.
Après avoir écouté attentivement les rôles de chaque service, la secrétaire d’État salue la vocation de ce fleuron marseillais qui « met le meilleur des technologies du numérique et de l’intelligence artificielle au service de l’éducation ».
Elle esquisse ainsi « son ambition » pour sortir la technologie des laboratoires. « On a la chance en France d’avoir des labos de recherche très reconnus sur la question. Mais si cette techno reste dans les laboratoires, on ne pourra pas aider les citoyens à en obtenir les effets concrets », prévient l’entrepreneure.
Améliorer les remplacements, affiner les classes…
Index Education a en effet progressé en développant des modules avec de l’intelligence artificielle. Par exemple, EDT permet aux chefs d’établissements de proposer un poste en remplacement en quelques clics. « Sur 10% de professeurs absents, on arrive à 4 ou 5% de remplacements. Ce chiffre a quasiment doublé par rapport à 2023 », se félicite la responsable du service.
Des modules permettent aussi de répartir les élèves par classe en fonction de paramètres choisis. « On peut aller jusqu’à regrouper des élèves qui habitent à côté pour faciliter les voyages en transports en commun, ou à écarter certains élèves en cas de situation de harcèlement scolaire », reprend le directeur technique.
Les développeurs ont également déployé un programme pour analyser le comportement et les notes des élèves en décrochage scolaire, de manière à prévenir les parents suffisamment en amont pour agir.
Quels enjeux pour la rentrée de 2025 ?
Si ce logiciel est aujourd’hui autant utilisé, « son succès tient aussi au service client », souligne Olivier Vallet, directeur général de Docaposte, une filiale de La Poste, qui a racheté l’entreprise en 2020 (90%) avec la Banque des territoires (10%).
Le service reçoit 200 000 sollicitations par an dont un tiers en septembre. Surtout pour des besoins de formation. « On n’a pas de congés à ce moment-là », plaisante la responsable.
Index Education s’appuie sur d’autres filiales du groupe Docaposte pour développer la signature électronique des conventions de stages de 3e et du vote électronique pour les élections de parents d’élèves. Deux grands défis pour 2025.
Sans oublier la sécurisation des données numériques qui anime particulièrement les petites et moyennes entreprises, plus vulnérables aux cyberattaques. Index Education a d’ailleurs reçu il y a quelques jours le label SecNumCloud, « difficile à obtenir », après deux ans de démarches. De quoi fournir une garantie supplémentaire aux utilisateurs.