La Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles vont créer une coopérative fin 2024 pour permettre aux entreprises de compenser leur empreinte écologique en investissant dans des projets locaux.

Comment faciliter la compensation carbone des entreprises locales ? La Métropole Aix-Marseille-Provence planche sur cette question depuis 2021. La compensation carbone consiste, pour une entreprise, à financer un projet de séquestration ou de réduction des émissions carbone pour contrebalancer le poids de ses propres émissions.

« À ce jour, nos entreprises achètent leur compensation à l’étranger, en Amazonie, au Kenya, au Mexique… Sans pouvoir mesurer leur impact directement », regrette Amapola Ventron, la vice-présidente déléguée à la Lutte contre les pollutions et à la Transition écologique de la Métropole AMP.

La maire de Cabriès-Calas a donc mené des réflexions, avec le Pays d’Arles, intéressé par cette même problématique, « pour inciter les entreprises à compenser leurs émissions tout en investissant dans des projets de territoire ».

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Portrait de Amapola Ventron (© Mairie de Cabriès-Calas)

Une société coopérative de crédits carbone

Au cours de leurs recherches, les deux collectivités se sont inspirées de l’expérience de la coopérative carbone de La Rochelle. Ce projet de la Nouvelle-Aquitaine est une sorte de place de marché du carbone.

D’un côté, les porteurs de projets vertueux font évaluer la valeur de leur crédit carbone (équivalent à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée). D’un autre côté, les entreprises émettrices se positionnent sur les projets pour compenser ou réduire leurs émissions.

Sur ce même modèle, Amapola Ventron, assure que la Métropole et le Pays arlésien vont créer une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) d’ici la fin de l’année. « L’idée est de créer une coopérative, ce n’est pas pour faire de l’argent puisque 60% des bénéfices seront obligatoirement réinvestis dans la société », assure l’élue écologiste, ex-dirigeante de l’Office de la mer Marseille Provence.

Evaluer les crédits carbone

La Métropole souhaite faire rentrer des entreprises au capital pour les intégrer au cœur des décisions. D’autant que, pour Corinne Pina, la directrice de la stratégie climatique de la Métropole, ce futur véhicule juridique est « un outil de cohésion de l’entreprise ».

Elle raconte comment une entreprise du territoire, dont le nom reste confidentiel, a financé de la replantation d’arbres sur un terrain. Et que plusieurs mois plus tard, les salariés y ont organisé un séminaire. « Ça montre aux collaborateurs comment leur entreprise agit concrètement. C’est visible, accessible. Et donc, ça facilite leur engagement », soutient-elle.

Réussir à les convaincre sur le prix des crédits carbone, qui sera plus élevé qu’outre atlantique, est une autre paire de manches. En effet, le prix de chaque tonne de CO2 diffère selon les caractéristiques du projet et de son efficacité. « Il veut mieux payer un peu plus cher et récupérer du bénéfice social », contrecarre la Métropole.

Labéliser les projets bas-carbone

Il faudra aussi cibler les projets bas-carbone, et, pour certains, les aider à obtenir le label. À ce stade, beaucoup de projets ne sont pas encore marqués de ce sceau, délivré par le ministère de la Transition écologique et solidaire, car la demande est chronophage. « Nous réaliserons des batteries de tests pour les aider à monter des dossiers », assure Amapola Ventron.

La coopérative se financera en partie avec cette activité. Et, par soucis de transparence sur les projets, la société assurera également « un audit tous les 3 à 5 ans pour s’assurer de leur performance ».

Premier projet sur la posidonie

Le premier projet pilote de la structure est une ferme d’herbiers de Posidonie dans le parc national des Calanques. Ces petites plantes sous-marines, qui poussent en Méditerranée, peuvent produire plus d’oxygène au mètre carré que la forêt amazonienne.

Mais la surface de ces puits de carbone a diminué de 10% pendant le dernier siècle en France et de 30% en cinq ans dans certaines baies très fréquentées, selon WWF. C’est pourquoi, amorcer la coopérative avec ce projet est d’autant plus symbolique pour préserver notre territoire.

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