Le monde économique et les élus aixois ont rédigé une déclaration commune pour créer une ligne de bus à haut niveau de service entre la Constance et la Duranne, via les Milles, une priorité des transports métropolitains.
Sophie Joissains, maire (UDI) d’Aix-en-Provence, accompagnée de nombreux élus de sa majorité, recevait en mairie hier près d’une trentaine de chefs d’entreprise d’Aix, du Pays d’Aix et des représentants d’associations économiques (CCIAMP, UPE13, Top 20…).
Le sujet ? Que la création de la ligne BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) entre la Constance et la Duranne, via les Milles soit mise, en urgence, à l’ordre du jour des prochaines réalisations de la Métropole Aix-Marseille Provence. Les élus aixois et les acteurs économiques ont ainsi rédigé une déclaration commune [voir ici] portant sur les aménagements nécessaires en termes de mobilité pour ce secteur du Pays d’Aix.
Plus de 40 000 salariés empruntent chaque jour la RD9, totalement saturée aux heures de pointe, pour rejoindre leur lieu de travail. « Il s’agit d’un tracé qui dépasse les frontières aixoises. C’est une priorité métropolitaine puisque sur les 40 000 usagers quotidiens, bon nombre viennent de l’ensemble du département, a insisté le maire d’Aix, au cours de la réunion. La RD9 dessert aussi la gare TGV et l’aéroport. C’est un axe majeur. Nous devons, dans l’intérêt général, trouver une solution rapide ».
Depuis le mois de juin, deux courriers co-signés par le monde économique et le maire d’Aix ont été adressés, dans ce sens, au Groupement d’intérêt public (GIP mobilités). Le Gip est une structure, détenue par l’État et la Métropole et présidée par Martine Vassal qui doit piloter les projets de transports du territoire. Elle a été créée dans le sillage de « Marseille en Grand », après que l’État a acté un soutien financier d’un milliard d’euros pour le développement des projets de mobilité.
Un projet inclus dans le plan « Marseille en Grand »
Dans son courrier en date du 29 juillet, le maire d’Aix-en-Provence alerte sur la situation. L’élue fait état des avancées sur les dossiers de prolongement de la ligne existante, « avec notamment des contacts établis avec les propriétaires de parcelles soumises à acquisition foncière » et sur la création de la nouvelle ligne à destination du pôle d’activité d’Aix-en-Provence, « poumon économique de la Métropole » avec 30 000 emplois répartis sur 6 000 entreprises.
Elle rappelle aussi que le scénario « le moins coûteux et donc le plus rapide » à mettre en œuvre avait les faveurs de la municipalité, mais aussi des acteurs économiques. « Il nécessite moins d’études et moins d’incertitudes quant à la position de la SNCF sur le partage des voies entre ferré et bus, sur une distance d’environ 8 km, sur la ligne Aix-Rognac. (…) Il nous semble que ce dossier est suffisamment urgent et a manifestement fait l’objet des arbitrages nécessaires de la part du maître d’ouvrage pour qu’il soit inclus dans le plan de mobilité Marseille en Grand. Aussi, nous nous permettons de vous alerter sur la nécessité de commencer rapidement les études pré-opérationnelles pour que le délai estimatif de 5 ans puisse être tenu », écrit Sophie Joissains, à l’attention du directeur du GIP. Six mois d’études seraient nécessaires avec une réalisation terminée dans 5 ans projette la Ville, pour un coût total de 75 millions d’euros.
Un « désengorgement vital » pour les entreprises
Pour les entreprises aixoises, qui versent plus de 175 millions d’euros par an à la Métropole pour la mobilité, « ce désengorgement est vital ». Philippe Korcia, président de l’UPE13, qui siège notamment au sein du GIP, a évoqué les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises, en raison notamment du coût de la mobilité et des embouteillages incessants.
L’occasion pour lui de rappeler que lors de la création de cet établissement « le représentant de l’État et la présidente de la Métropole nous avaient affirmé que le monde économique aurait sa place dans le processus de décision. C’est le moment de le rappeler et de dire notre volonté de voir la ligne BHNS entre la Constance et la Duranne, via les Milles inscrite au programme des réalisations urgentes ». Denis Philipon, fondateur et PDG de VoyagePrivé, n’excluait pas d’aller à la rencontre de l’État pour que ce dossier devienne prioritaire.
Un impact écologique favorable
La municipalité précise que ce projet permettrait de longer la voie ferrée sans pour autant oblitérer la réouverture de la ligne ferroviaire Aix-Rognac et générer également des retombées écologiques favorables en raison du report modal de la voiture individuelle vers un BHNS électrique. « De plus, ce projet prévoit un volet voies cyclables qui permettrait de répondre à notre plan de mobilité. Aujourd’hui avec les vélos électriques, les distances sont plus longues qu’avant et une voie sécurisée permettrait d’engager certains salariés à adopter d’autres modes de déplacement », indique Sophie Joissains, lors de la réunion de ce lundi 21 novembre.
Par ailleurs, son raccordement des voies cyclables au réseau de BHNS existant au niveau de l’arrêt Vasarely permettra à court terme de mailler les quartiers Est et Ouest de la commune, ainsi que le centre, avec le secteur à enjeux des Milles et de la Duranne, ce qui préfigure à plus long terme un axe à développer au nord (du côté du Val de Durance), jusqu’à l’étang de Berre (du côté de l’Aéroport) en évitant les thromboses routières.
Enfin, Sophie Joissains, qui a démissionné de la vice-présidence de la Métropole en novembre 2021, a tenu à rappeler que l’heure n’était pas aux « oppositions stériles » entre l’établissement de coopération intercommunale et les communes, mais qu’il était « plus que jamais nécessaire d’œuvrer pour l’intérêt général ».