Fask Academy, la première école de confection textile de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, est officiellement en fonctionnement. Elle accueille sa première promotion dans un lieu également conçu pour valoriser la filière et le « made in France ».
C’est un projet dont Made in Marseille vous parlait il y a quelques mois. En octobre 2021, les premières machines professionnelles débarquaient au 35, boulevard capitaine Gèze, dans les quartiers Nord de Marseille. C’est au cœur du parc Eiffel des Aygalades que 650 m2 ont été aménagés pour devenir la première école de confection textile de la région Sud.
Neuf jeunes ont pris possession des lieux le 5 septembre. Ils font partie de la toute première promotion de Fask Academy, créée par l’association Fask Fashion Skills, fondée en 2019, par des spécialistes du développement économique et des professionnels de la mode, réunis autour de Jocelyn Meire, ancien directeur de la Cité des Métiers Marseille-Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Structurer la filière mode dans la région
Fask s’est illustré au plus fort de la crise sanitaire. Sous son impulsion, le Palais de la Bourse s’est transformé, en avril 2020, en « usine » de fabrication de masques et de sur-blouses. Quelques mois plus tard, pour augmenter la production, ce « Collectif de couturiers du Sud » avait lancé un appel à toutes les compétences du territoire. Plus de 600 couturiers se sont alors mobilisés pour confectionner 50 000 masques.
C’est le point de départ d’une structuration de la filière mode dans la région et de la promotion du « made in France », « à l’image de la French Tech », l’écosystème qui réunit les start-up, n’hésite pas à comparer Jocelyn Meire, « ou de Medinsoft », le cluster de la région Sud qui accompagne l’innovation et la croissance des entreprises qui conçoivent et utilisent des outils du numérique.
La création de Fask Academy s’inscrit dans cette démarche, renforcée par les résultats d’une étude menée en 2020 auprès de 650 entreprises de la filière mode dans la région. « 90 % de celles liées au textile (marques de prêt-à-porter, atelier de confection…) sont freinées dans leur développement par le manque de compétences sur le marché de l’emploi ».
Rapprocher les apprentis du monde de l’entreprise
L’école de production dans les métiers de la confection textile entend être un outil pour lever ses freins. Elle forme ainsi gratuitement des jeunes de 15 à 18 ans aux techniques de fabrication du vêtement, validées par le CAP dit « Métiers de la mode – Vêtement flou » reconnu par l’État. Les critères pour intégrer l’école ? La motivation et la passion. Le reste s’acquiert sur place puisque l’apprentissage est basé principalement sur la pratique : « 2/3 d’atelier pour 1/3 d’enseignement général et de théorie », ajoute le fondateur.
Les apprentis sont plongés dans l’excellence dès leur arrivée. Les lieux ont d’ailleurs été configurés pour casser les codes de l’enseignement traditionnel et rapprocher les couturiers en herbe du monde de l’entreprise. C’est dans cette optique que les apprentis vont également devoir honorer des commandes. « Non seulement on prépare la mise à disposition des compétences sur le marché de l’emploi à horizon deux ans, mais en plus, avec ce concept, on augmente de manière immédiate la capacité de production du territoire, puisque les jeunes sont formés à fabriquer de vrais produits pour de vrai clients en « be to be » », explique Jocelyn Meire.
L’exemple de l’atelier Fil Rouge
Des marques telles que Kaporal, American Vintage, Pain de Sucre… ont déjà accordé leur confiance aux jeunes recrues qui s’initient pour leurs tous premiers jours à la confection de tote bags, sous la supervision des deux maîtres-couturières. Ce concept contribue à la promotion du « made in France » et du circuit-court. « Fil Rouge a clairement inspiré ce que l’on fait ici », ajoute Jocelyn Meire. L’atelier marseillais en pleine croissance fait, en effet, face à un manque de compétences et a lancé une campagne de recrutement dans tous les métiers de l’entreprise.
Et comme pour Fil Rouge qui a signé une « collection Made in Marseille » avec l’Olympique de Marseille et Puma, un projet serait aussi en bonne voie avec le club marseillais, souffle Jocelyn à ses invités du jour. A quelques jours de l’inauguration officielle, prévue ce lundi 12 septembre, Fask Academy a reçu la visite des principaux investisseurs et soutiens du projet, au premier rang desquelles la Région Sud via son Fonds Innovation Formation.
« Atteindre 40 à 50 apprentis d’ici à deux ans »
Son président, Renaud Muselier, s’est fait une joie de visiter l’école aux côtés d’Alexis Rouque, directeur régional de la Banque des Territoires en Provence-Alpes-Côte d’Azur, de Denis Philippe, président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress Paca), de Laurent Carrié, préfet délégué à l’égalité des chances, ainsi que d’autres élus locaux. Une escale en présence de la marraine de cette première promotion, Marlène Schiappa, secrétaire d’État déléguée à l’économie sociale et solidaire et à la vie associative.
Pour son lancement, Fask Academy a également reçu le concours de l’État dans le cadre du plan France Relance et l’appel à projets Territoires d’industrie, ainsi que la Banque des territoires (Caisse des Dépôts et consignation) qui a accordé une subvention pour mener des études d’opportunité et de faisabilité, confirmant la pertinence de ce projet. Dans le cadre du soutien à la réindustrialisation, la Fondation TotalEnergie participe également.
Le fonctionnement de l’école est aussi assuré par la Région, par l’État ainsi que par le chiffre d’affaires généré par la production des élèves. S’il reste encore quelques places à pouvoir pour cette promotion, l’ambition est d’en accueillir d’autres et de recruter un maître-formateur supplémentaire. Objectif ? « Atteindre 40 à 50 apprentis d’ici à deux ans dans ce parcours professionnalisant ». Ce qui ferait de Fask Academy l’un des plus gros ateliers de confection textile de Marseille.