Laurent Carrié, ancien conseiller au cabinet du Premier ministre, Jean Castex, a été nommé nouveau préfet à l’égalité des chances. Il aura la charge de faire avancer les projets relatifs au plan « Marseille en grand », présenté par Emmanuel Macron début septembre et la réforme institutionnelle de la métropole Aix-Marseille Provence.
C’était l’heure des présentations. Il fallait au Président de la République, un homme de terrain pour assurer le suivi au plus près du plan « Marseille en grand », dont les principales orientations ont été présentées début septembre dans la cité phocéenne.
Cet homme, c’est Laurent Carrié, ancien conseiller auprès d’Édouard Philippe puis du Premier ministre actuel, Jean Castex, depuis février 2019. Fraîchement nommé préfet délégué à l’égalité des chances, auprès du préfet de région Christophe Mirmand, Laurent Carrié sait l’ampleur de la tâche qui l’attend. « Déterminé », il assure qu’il s’agit pour lui d’une mission à la fois « exaltante » et « motivante », dans une ville qu’il affectionne particulièrement. Originaire du Sud-Ouest, c’est « avec beaucoup d’humilité » qu’il entend jouer l’interface entre l’écosystème local et l’État.
Cet ancien directeur général des services dans des communes rurales, passé également par les services de la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis et du Département de la Gironde, se plaît à travailler avec les élus. Une importante carrière administrative qui lui a permis collaborer avec « différentes sensibilités politiques », avant de se retrouver à Matignon, dans le pôle des affaires intérieures en charge des politiques contractuelles territoriales. C’est depuis ses bureaux parisiens que le haut fonctionnaire a commencé à plancher sur « Marseille en Grand ».
🔴 Direct : Laurent Carrié, nouveau préfet à l’égalité des chances, présenté sa méthode dans le cadre de « Marseille en grand » basée sur le « partenariat, le dialogue et la concertation ». « Homme de terrain » il prévoit d’aller à la rencontre de tous les acteurs du territoire. pic.twitter.com/QjsSQWThcK
— made in marseille (@MadeMarseille) October 21, 2021
La méthode : le terrain et la concertation
École, mobilité, logement, insertion et emploi… C’est avec « pragmatisme » que le haut fonctionnaire entend faire avancer les projets dans une logique de « partenariat ». Sa méthode : « le terrain », « l’écoute, le dialogue » en tenant compte des spécificités du territoire « pour trouver des solutions au cas par cas ». Pour prendre le pouls de la deuxième ville de France, il se rendra dans les quartiers de la politique de la ville (QPV), ira à la rencontre des acteurs économiques, sociaux, institutionnels… avec un mot d’ordre : « la concertation ».
Sur le très court terme, le calendrier est serré. Un sprint pour tenir les délais. Les arbitrages financiers sont en cours sur le volet « école ». L’enveloppe pour le plan de rénovation/reconstruction, dont le maire de Marseille a dévoilé les grandes lignes la semaine dernière, doit être finalisée dans les prochaines semaines. La forme juridique d’une société publique dédiée avec un partenariat public-privé doit aussi être arrêtée. Les deux options envisagées – la société anonyme (SA) ou Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (Spla-in) – sont à ce stade « toujours sur la table », affirme le préfet de région, Christophe Mirmand.
Semaines décisives
Sur le plan de la mobilité, il y a urgence à inscrire, « d’ici à la fin de l’année », les projets dans la loi de finances pour 2022, prolongement du Plan de Relance. « France relance » prévoit de mobiliser 30 milliards d’euros d’investissement dans 10 objectifs prioritaires d’ici 2030, en plus des fonds propres. Environ 8 milliards d’euros seront consacrés à la décarbonation de l’économie, 4 milliards aux transports, 2 à l’agriculture et 7 milliards à la santé.
Petit rappel, pour la mobilité dans la métropole marseillaise, Emmanuel Macron avait annoncé 1 milliard d’euros sous forme de 250 millions d’euros de subventions et 750 millions d’euros d’avances remboursables pour financer les transports, ainsi que la mise en place un Groupement d’intérêt public (GIP), qui permet à des partenaires publics et privés de mettre en commun des moyens pour la mise en œuvre de missions d’intérêt général. Le chef de l’Etat s’était également dit enclin à une rallonge, principalement pour désenclaver les quartiers Nord.
Autre train à ne pas manquer, la réforme métropolitaine [lire ici] qui agite le microcosme politique depuis plusieurs semaines. Il en sera question à l’occasion de la venue de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, lundi 25 octobre.
L’objectif de cette rencontre est de déterminer les compétences qui resteront métropolitaines et quelles sont celles qui seront remunicipalisées, pour intégrer cette nouvelle répartition dans la loi 3DS qui devrait passer devant l’Assemblée nationale, le 3 décembre.
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Faire de Marseille « une véritable capitale européenne »
Dans un autre temps, Laurent Carrié s’attachera à la bonne implantation du « carrefour de l’entrepreneuriat », une sorte de guichet unique pour permettre aux jeunes de créer leur entreprise. « À Marseille, 50% des jeunes veulent créer leur entreprise. Une fois captés, ils seront orientés vers ce guichet unique. Si le projet est viable, il sera accompagné, dans le cas contraire dirigé vers d’autres solutions. Nous devons identifier des quartiers tests pour avoir zéro jeune sans solution », explique le nouveau préfet.
Cette mission de chef d’orchestre du plan du Président de la République, sera en étroite connexion avec sa fonction de délégué à l’égalité des chances. « Il est très important d’établir un lien entre les deux, c’est complémentaire, insiste d’ailleurs le préfet de région, Christophe Mirmand. Il y a dans le plan « Marseille en grand » une dimension de solidarité forte. Il est là aussi pour donner des perspectives d’avenir de plus long terme ».
L’ambition est de faire de la cité phocéenne « une véritable capitale européenne », poursuit Laurent Carrié, avec des projets de dimension internationale à l’image de la création des grands studios de la Méditerranée, avec le premier bassin de tournage en mer, la modernisation du pôle média de la Belle de Mai, l’implantation d’une école CinéFabrique et d’une antenne marseillaise de la Cinémathèque française. Des dizaines de milliers d’emplois sont concernés. Ou encore Odysseo, dont nous avions expliqué le projet en exclusivité sur made in Marseille.
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