Le rendez-vous de la dernière chance ? Ce mardi 12 octobre, Martine Vassal, présidente (LR) de la Métropole Aix-Marseille Provence a convoqué une conférence des maires pour déterminer quelles propositions seront soumises à Emmanuel Macron, qui sera à Marseille dans quelques jours. Hier, elle était à Matignon, à l’invitation du Premier ministre.
Contexte
→ Début septembre, à l’occasion de la présentation du plan « Marseille en grand », le chef de l’État exhortait les élus de la Métropole à travailler ensemble au-delà de tout clivage politique, pour régler les « problèmes d’organisations et de gouvernance ». Condition sine qua non pour obtenir l’aide financière pour développer le territoire marseillais, les transports en tête.
→ La grève d’ampleur des éboueurs, ayant entraîné une catastrophe écologique avec les pluies diluviennes qui s’en sont suivies, a mis en lumière les dysfonctionnements de l’établissement de coopération intercommunale né le 1er janvier 2016.
Le temps est compté. La fameuse rencontre les « yeux dans les yeux » entre Martine Vassal, présidente (LR) de la Métropole Aix-Marseille-Provence et le maire (PS) de Marseille Benoît Payan, n’a pas eu lieu. Elle devait intervenir avant la conférence des maires qui se tient ce mardi 12 octobre au Pharo, et qui s’annonce sous tension ; car à quelques jours du retour d’Emmanuel Macron à Marseille les 15 et 16 octobre, la réforme institutionnelle de la Métropole semble au point mort.
Sur le papier, les élus sont unanimes sur la nécessité de présenter des « propositions concrètes et crédibles » au Président de la République, et sur l’urgence d’accélérer la loi pour la restitution des compétences aux communes. Dans les faits, malgré une volonté d’unité, sans capacité à construire un accord de gouvernance, les véritables solutions pourraient ne pas éclore avant la « visite de contrôle » présidentielle.
A relire
« L’effet kiss-cool »
« Le Président de la République a fixé un calendrier intenable. Un débat de cette nature ne se tranche pas en trois semaines, c’est compliqué, il y a des transferts de compétences, des transferts de charges, de fiscalité… ce sont des choses que vous ne réglez pas au coin d’une table. Il faut trouver des points d’équilibre cohérents », estime Lionel Royer-Perreaut, maire (LR) des 9-10 et 2e vice-président du Conseil de territoire Marseille Provence.
C’est à sa demande que les maires de secteur ont été conviés à la réunion plénière de ce jour. « On doit être capables d’être animés par un sens de la responsabilité, néanmoins, une réforme institutionnelle reste un sujet très délicat. Il faut y aller avec doigté et non avec brutalité », confie l’élu, en référence aux récentes sorties du maire de Marseille dans la presse et son appel au Président.
Lionel Royer-Perreaut parle d’un « effet kiss-cool », jugeant que Benoît Payan est toujours « à la recherche d’une forme de légitimité qu’il n’a pas. C’est un moyen habile sur ces questions-là de se poser comme un acteur incontournable et de ressouder une majorité qui, quoi qu’il en dise, est turbulente. La méthode est surprenante et elle signe un état de fébrilité ».
« En dehors de toutes les instances exécutives de la métropole »
Pour le Printemps marseillais, c’est du côté de la Métropole, à droite politiquement, qu’il y a une « volonté de ne pas reconnaître le maire de Marseille, comme légitime, et c’est grave », estime Patrick Amico, adjoint en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne. Explication étayée par le fait qu’aucun élu de la majorité municipale marseillaise de gauche ne siège au sein de l’exécutif métropolitain et organismes pilotés par la Métropole (RTM, Soleam, Agam…).
Pour exemple, l’office Habitat Marseille Provence n’a aucun représentant de la majorité municipale. « Un office avec 15 000 logements sur Marseille et seulement des personnes issues de l’opposition marseillaise, reprend Patrick Amico. Dans la crise du logement dans laquelle nous sommes, les offices HLM sont, aujourd’hui, un outil majeur de la reconquête des quartiers et de ce qui va se passer dans le cadre de l’Anru ».
De la même manière, « le plan local d’urbanisme de Marseille, ne peut pas se heurter systématiquement au refus de la présidente de la Métropole de faire une quelconque révision de modification du PLUi, ou que le plan local de l’habitat dont on espère qu’il soit relancé, ne peut consister simplement en un dialogue entre la Métropole et les mairies de secteur ».
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La Ville souhaite aussi retrouver « une maîtrise sur la manière dont on veut développer le tourisme à l’intérieur de Marseille et en particulier sur la question de l’accueil, exprime Laurent Lhardit, adjoint au maire en charge de l’économie, l‘emploi et du tourisme durable. Retrouver la maîtrise de l’Office de tourisme, ou tout au moins avoir une voix prépondérante dans les décisions et les orientations de cet office pour nous c’est important ». En janvier dernier, Laurent Lhardit avait échoué à être élu président de l’office du tourisme et des congrès de Marseille, nouvelle marque de la perte de pouvoir de la majorité municipale au niveau de la Métropole.
« Nous sommes mis en dehors de toutes les instances exécutives de la métropole. Elle ne peut pas être un outil dans les mains de l’opposition municipale », déclarait lundi matin, Benoît Payan, à quelques journalistes, en marge de la présentation du plan de rénovation des écoles, et avant une rencontre avec Jean Castex l’après-midi même.
Aix-Marseille, même combat
Dans ce rapport de force, le maire de Marseille pourrait compter sur un soutien inattendu. Sophie Joissains (UDI), élue fin septembre maire d’Aix-en-Provence, succédant aux 20 ans de mandats de sa mère, Maryse Joissains, confiait à l’issue de son élection « que pour la première fois, de façon séculaire nous avons des intérêts communs au niveau métropolitain ». À l’image d’autres élus, la vice-présidente en charge de la réforme métropolitaine, craint que Martine Vassal ne cède sous la pression de l’Etat sur la diminution des attributions de compensations aux communes.
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Dans un courrier adressé il y a quelques jours à Martine Vassal, que Le Monde a pu consulter, Maryse Joissains-Masini, toujours présidente du conseil de territoire du Pays d’Aix, enfonce le clou : « Pour le moment avec le chéquier, tu as encore certains maires avec toi, mais je doute qu’avec la perte de leur souveraineté et d’une partie de leurs moyens financiers, tu ne perdes toute crédibilité et in fine ta légitimité », prévient-elle. « Je me permets de te rappeler que la gestion catastrophique de la ville de Marseille depuis les années 2000, a été celle de nombreux élus de la Métropole qui ont aujourd’hui l’ambition de gouverner de nouveau la ville en lieu et place d’un maire et de sa majorité élus démocratiquement », souligne également Maryse Joissains-Masini, comme le rapporte Le Monde.
Á la veille de la conférence des maires, Martine Vassal était à Matignon, à l’invitation de Jean Castex, pour faire le point sur les propositions métropolitaines. L’occasion de rappeler son souhait « de rétrocéder les compétences de proximité, aux maires qui le souhaiteront » et exprimer le fait que « la réflexion sur les compétences devait être décorrélée de la question du financement. J’estime qu’il n’est pas souhaitable que le sujet soit abordé maintenant. Nous aurons l’occasion d’y revenir lors d’une conférence fiscale » [lire ici]