La Voie est libre revient ce dimanche 17 octobre sur la Corniche, réservée aux piétons et cyclistes pour la journée. L’occasion de faire le point sur ce dispositif apprécié des uns, à améliorer pour d’autres, alors que l’opération devrait s’étendre prochainement dans des noyaux villageois du nord de la ville.
La Voie est libre revient ce dimanche 17 octobre. Lancée sous l’ancienne municipalité, la piétonnisation éphémère de la Corniche Kennedy, débarrassée des voitures le temps d’une journée en faveur des mobilités douces, est devenue mensuelle sous l’impulsion de la nouvelle équipe. L’événement a attiré près de 20 000 participants lors de la dernière édition en septembre, selon la Ville.
Une réussite pour une partie des Marseillais, qui peuvent jouir d’un parcours somptueux sur ce grand balcon sur mer, sans voiture, avec animations et restauration. Mais l’événement soulève toutefois une série de questions.
Pour les habitants de Malmousque, la voie n’est pas libre
D’abord de la part des riverains, en particulier ceux qui vivent à Malmousque. Le village de pêcheurs historique se dresse sur une sorte de petite péninsule, dont la seule porte de sortie est la Corniche Kennedy, via la rue Boudouresque. « C’est le seul accès en voiture pour les 1 600 à 1 900 habitants environ de ce quartier », explique Jacques Bocobza, qui y réside. Pour lui, « ces deux derniers mois, on s’est retrouvés enfermés quatre fois ». Car la Corniche attire d’autres événements, à l’image d’une course dédiée aux personnes handicapées, dimanche 10 octobre.
« On ne peut pas tout faire à pied. C’est devenu un vrai casse-tête pour faire des courses, recevoir nos familles, nos aînés, nos amis, partir ou revenir de voyage. Ou du travail pour ceux qui bossent les nuits de dimanche ou samedi… Les gens ici sont sont favorables à la piétonnisation, mais ne veulent pas sans arrêt être bloqués ».
Audrey Gatian rétorque que « la voiture n’est pas le seul mode de déplacement à Marseille, c’est justement l’enjeu de la Voie est libre, faire évoluer progressivement les habitudes ». L’adjointe au maire en charge de la mobilité rappelle également que « des voiturettes électriques et des vélos pousse-pousse sont à disposition des personnes âgées ou à mobilités réduite pour leurs déplacements ». D’autre part, les agents de la Ville et la police « permettent aux habitants de Malmousque de sortir et entrer en voiture en cas de nécessité ».
« Mais on doit attendre 30 minutes avant qu’une escorte policière nous accompagne », ne décolère pas Jacques Bocobza, qui souhaite que « l’agent de sécurité soit briefé pour nous laisser sortir et faire 50 mètres pour rejoindre la rue Mouren ». Mais pour Audrey Gatian, ce « cisaillement permanent de la déambulation des piétons et cyclistes n’est pas l’objectif de l’événement ».
« Il ne s’agit pas de punir ou handicaper les riverains »
L’élue insiste sur le fait « qu’il ne s’agit pas de punir ou handicaper les riverains, au contraire, ils bénéficient d’une journée apaisée, sans le bruit ni la pollution de la circulation ». Elle rappelle les dispositifs mis en place pour les habitants : « un parking gratuit à Malmousque, des moyens de transports alternatifs… Et une communication en amont dans les boîtes aux lettres, par texto et avec des affichages, pour qu’ils puissent anticiper et s’organiser ».
Une communication que le résident de Malmousque juge « mauvaise. La dernière fois, certains ont reçu des sms. Mais là on a aucune info. Surtout que la date a été avancée d’une semaine. J’avais pris mes dispositions pour un voyage en Angleterre en décalant mon billet au lundi et avancé d’une semaine un repas dominical entre amis, que je dois finalement repousser ».
En effet, alors que le classico OM – PSG se tiendra le 24 octobre, la Ville a décidé d’avancer la Voie est libre d’une semaine « car on n’était pas certain que les forces de l’ordre puissent sécuriser les deux événements en même temps », précise Audrey Gatian. Nous lui rappelons que le calendrier de la ligue de football est connu depuis longtemps. « Le match se tient à 21 h et La voie est libre termine à 18 h. Nous pensions que ça pouvait s’articuler », répond l’élue. « Mais nous avons été rattrapé par la réalité footbalistique de la ville : les supporters se rendent au stade toute la journée ».
Impliquer plus les restaurateurs de la Corniche
Alors que de nombreux foodtrucks s’installent le long du parcours, les restaurateurs de la Corniche « doivent aussi être partie prenante de l’événement, qui est une bonne initiative pour réconcilier les Marseillais avec leur ville ». C’est ce que regrettait Marc Thépot, président de l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès, lors du bilan de la saison estivale : « il faudrait impliquer plus les restaurateurs, jouer collectif, qu’ils puissent être pleinement intégrés à cette fête, sortir à la rencontre du public ».
« Ils le peuvent déjà car le dispositif de terrasses éphémères est encore d’actualité », répond Audrey Gatian. « En l’occurrence, j’ai pu vérifier qu’elles sont toujours pleines durant ces journées piétonnes, qui ont un effet bénéfique pour les restaurants ». L’élue promet toutefois d’aller à leur rencontre pour la prochaine édition afin de les intégrer au dispositif. « Pourquoi pas faire un menu spécial La Voie est libre ? ».
La Voie est libre s’étend dans les noyaux villageois des quartiers Nord ?
Lors des premières éditions de la piétonisation de la Corniche sous l’égide de la nouvelle municipalité, des expérimentations ont eu lieu au nord de la Ville, à l’Estaque. Elles ont depuis été abandonnées face aux difficultés de piétonniser la route départementale reliant la zone du Rove et de l’Estaque au centre-ville de Marseille.
Mais la Ville envisage toujours d’étendre ces journées festives réservées aux mobilités douces dans les quartiers Nord. « Nous travaillons sur plusieurs hypothèses qui visent plutôt des noyaux villageois qui peuvent être contournés. Des zones de vie, avec des commerces, qui gagneraient à être apaisées », estime Audrey Gatian. Elle rappelle notamment que ces événements visent à « bousculer les habitudes des Marseillais, tester la piétonnisation, pour la pérenniser ensuite ».