Emmanuel Macron vient d’arriver sur le Vieux-Port. Il est reçu à l’Hôtel de Ville, avant d’entamer une visite de trois jours dans la cité phocéenne, où il doit présenter son grand plan pour Marseille et multiplier les annonces en faveur de la rénovation des écoles, des logements insalubres et des transports. Objectif : permettre à la deuxième ville de France de rattraper son retard accumulé depuis des décennies.

Des moyens pour des avancées concrètes. Tel est l’espoir – enfin permis, semble-t-il – qui pointe avec la venue d’Emmanuel Macron à Marseille dès ce mercredi 1er et jusqu’au vendredi 3 septembre. C’est inédit. Assez pour être souligné. C’est la première fois depuis le début de son quinquennat que le Président de la République passe trois jours consécutifs dans une ville française, qui plus est, accompagné de sept de ses ministres.*

Emmanuel Macron n’a jamais caché son affection et son attachement particulier pour la deuxième ville de France. Mais la cité phocéenne et ses élus locaux, au premier rang desquels son nouveau maire, attendent plus que des mots d’amour. Car selon la philosophie de Benoît Payan, lorsqu’on aime, on le prouve par des actes. C’est ce qu’il attend du chef de l’État qu’il avait rencontré le 10 mars dernier pour échanger sur la situation marseillaise.

Le plan d’urgence « Marseille en grand »

Écoles, logements, transports, sécurité… Le chef de l’État entend donc annoncer un « projet d’avenir », selon les termes de son entourage, pour permettre à Marseille de reprendre une dimension nationale, reconquérir son statut de capitale de la Méditerranée. Ce déplacement sera l’occasion pour lui de présenter une ambition pour la deuxième ville de France, à court comme à long terme : répondre aux urgences et enjeux auxquels la ville fait face, mais également détailler sa vision pour la cité phocéenne à travers la présentation du plan baptisé « Marseille en Grand » jeudi après-midi au Pharo.

Ces trois jours seront également rythmés par une grande séquence internationale autour des enjeux de protection de la biodiversité et l’écosystème méditerranéen avec l’ouverture du Congrès mondial de la nature le lendemain au parc Chanot.

Sans vouloir dénaturer les annonces, l’Élysée indique qu’il « est indispensable que l’État accompagne Marseille dans le rattrapage de son développement », précisant qu’il serait toutefois « hérésie de penser que Paris vient gérer Marseille. Il s’agit d’accompagner, car il y a une forme d’urgence », en matière de sécurité, d’éducation, mais aussi sur les questions sociales et sanitaires. Et « Marseille cumule de façon assez exceptionnelle toutes ces fragilités », pointe l’Élysée, qui se défend de ne pas avoir été présent au chevet de Marseille ces dernières années.

Sécurité : immobilier, équipement et effectif au programme

La visite du Président débute sur le Vieux-Port, dans le courant de l’après-midi. Emmanuel Macron sera ensuite reçu par le maire de Marseille, avant un échange prévu avec les élus des Bouches-du-Rhône à l’Hôtel de Ville. Il se rendra ensuite au commissariat de la Division Nord. Une série de règlements de compte a marqué l’été 2021, portant à 15 le nombre de victimes liées au trafic de drogue depuis le début de l’année (12 ces deux derniers mois). Alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé le renfort de 300 policiers sur trois ans, Benoît Payan juge qu’il en faudrait « 800 supplémentaires ».

Au cours de cette séquence dédiée à la sécurité, le Président de la République devrait faire des annonces en termes « d’immobilier, d’équipements et d’effectifs », mais également mettre en lumière les actions menées avec un bilan de 807 opérations de démantèlement de points de vente depuis le début de l’année, générant plus de 1200 gardes à vue et 177 personnes écrouées. 

Le sujet de la vidéosurveillance pourrait également être d’actualité, l’État étant favorable à un soutien massif dans ce domaine. Pour rappel, le Printemps marseillais avait annoncé sa volonté d’un moratoire sur le sujet, tout en évoquant le fait qu’il ne s’agissait pas de supprimer toutes les caméras de la ville. « Il faut trouver les orientations qui font sens, de bon sens », indiquait Yannick Ohanessian, adjoint en charge de la sécurité, sur la question en octobre 2020.

École : un plan de reconquête républicaine à 1,2 milliard d’euros

Autre sujet sur lequel Emmanuel Macron est très attendu : celui des écoles marseillaises, « grande cause municipale » du Printemps marseillais. Jeudi matin, il visitera une école du 13e arrondissement en présence de parents d’élèves qui ont été impliqués dans la concertation sur l’état du bâti des établissements. Une rencontre est organisée avec des élèves d’une classe de CM2 ainsi que des échanges avec les équipes pédagogiques, dont celles de l’ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire), les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) sont également au programme.

Le Président annoncera à cette occasion un vaste chantier de rénovation de près de 200 écoles (sur les 470) estimé à 1,2 milliard d’euros sur 5 ans dans le cadre d’un partenariat public-public. Emmanuel Macron devrait ainsi préciser la participation financière de l’État dans ce plan de reconquête républicaine construit dans le cadre d’un travail mené avec la collectivité. Il s’agira de « la plus grande opération de rénovation foncière du pays », exprimait Benoît Payan, sur BFM TV, hier matin.

Afin de permettre à la Ville de garder la main, car « l’idée n’est pas que les ministères pilotent », il serait envisagé la création d’une « structure ad hoc » pour « permettre la gestion la plus opérationnelle, la plus concrète et la plus maîtrisée possible au sens des crédits qui seront apportés par l’État ».

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Mobilité : enfin le coup d’accélérateur ?

Il devrait également être question de création d’une « structure ad hoc » pour les transports, autre grand enjeu de ce déplacement. À ce titre, le Président de la République déjeunera au siège de la Métropole Aix-Marseille Provence, à la tour La Marseillaise, avec la présidente (LR) Martine Vassal, ce jeudi. Un temps consacré au plan de transports, « pour préciser la nature des besoins », en présence des représentants des collectivités territoriales et des principaux acteurs concernés.

Pour rappel, Martine Vassal était allée défendre les « projets de territoire », à Paris il y a quelques mois, espérant décrocher des crédits, notamment dans le cadre du plan de relance pour accélérer sur la mobilité. 

Toutefois, compte tenu du mode de fonctionnement institutionnel et de gouvernance de la Métropole, l’Élysée admet qu’il reste difficile de dégager des marges de manœuvre; notamment concernant les attributions de compensation aux communes que l’État voudrait voir diminuer au profit de projets structurants. Le gouvernement pourrait conditionner sa participation financière à des garanties sur ce sujet.

Emmanuel Macron pourrait ainsi annoncer la création très attendue de la fameuse société métropolitaine des transports lors de la présentation du plan « Marseille en grand », l’après-midi même au Pharo. Un établissement public sur le modèle du Grand Paris, porté par l’État, les collectivités et d’autres partenaires comme la Caisse des dépôts ou la Banque européenne d’investissement. Un levier d’action de long terme, pour structurer, financer et accélérer les grands aménagements de mobilité.

La fusion entre la Métropole et le Département des Bouches-du-Rhône, feuilleton de l’année 2019, pourrait revenir sur le tapis au cours de ces échanges.

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Le chef de l’État devrait également formuler des propositions pour la réhabilitation des logements insalubres, deux ans après le drame de la rue d’Aubagne et la création de la Spla-In, visant à planifier, construire et assurer un certain nombre de renouvellement afin d’éradiquer l’habitat indigne. Si les premières réalisations ont été engagées, « ça ne va pas assez vite » au goût de l’Etat, qui entend accélérer le mouvement en trouvant notamment des modalités de fonctionnement plus efficientes, pour réhabiliter 10 000 logements rapidement.

Sur le volet sanitaire, il devrait aussi confirmer la reprise d’une partie de la dette de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), ainsi qu’un nouvel engagement financier pour accompagner le développement de La Timone, au travers des crédits du Ségur. La Ville réclame depuis plusieurs mois un investissement massif à hauteur d’un milliard d’euros. Lors de sa venue en septembre 2020, Olivier Véran, le ministre de la Santé avait annoncé une aide de 17 millions pour l’AP-HM et la modernisation des services de réanimation. 

Du cinéma à l’environnement

Emmanuel Macron devrait aussi évoquer les industries culturelles et créatives. L’objectif étant de faire de Marseille et sa métropole une sorte de « hub » dédié au cinéma, notamment dans sa partie technique afin d’attirer davantage de professionnels d’un secteur en pleine expansion. En 2019, plus de 440 tournages ont eu lieu à Marseille. Si des équipements de haut niveau existent déjà, à l’instar de Provence Studio à Martigues, il s’agit de renforcer, faciliter l’accueil et la réalisation de tournages.

Un projet de création d’une plateforme logistique de tournage à Marseille est d’ailleurs dans les cartons depuis 2019. « Un outil idoine et efficient qui répond aux standards internationaux », confiait Sabrina Roubache, productrice et fondatrice de Gurkin Invest Film, à l’occasion du premier « Production Summit Fiction ». A cette époque, la conseillère régionale élue en juin 2021, proche du couple présidentiel, visitait différents lieux dans la cité phocéenne. « Il y a de nombreux choix ici. Ce qui est sûr c’est que ce sera dans une zone relativement inattendue mais extrêmement bien desservie ». 

De son côté, la Ville planche d’ailleurs sur la création d’une Cité du Cinéma, afin de dynamiser le secteur de l’audiovisuel marseillais.

Enfin, le Président consacrera son vendredi à l’environnement avec une sortie en mer dans le parc national des Calanques et l’ouverture du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en fin de journée.

Toutes les annonces ne sont pas encore finalisées selon l’Élysée et sont conditionnées par les différentes rencontres (habitants, acteurs économiques, culturels…) sur le terrain du Président qui souhaite « prendre le pouls » de la cité phocéenne. Voir aussi comment bat son cœur à quelques mois des élections présidentielles.

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* La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, la ministre de la Cohésion, des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, la ministre de la Mer, Annick Girardin, le ministre délégué chargé des Transports, M. Jean-Baptiste Djebbari, et la Secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité, Mme Bérengère Abba seront présents.

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