Contraint par le temps, le Printemps Marseillais a décidé de présenter lundi 27 juillet, au conseil municipal, le budget tel qu’il a été préparé par la précédente mandature. Les élus de la majorité veulent toutefois marquer une rupture dans les politiques publiques passées avec un acte fort, en affectant 50 millions d’euros pour les écoles et l’habitat indigne. Leurs priorités de campagne.

Des milliers de pages et une quinzaine de jours seulement pour construire un nouveau budget. Une mission impossible pour la nouvelle municipalité du Printemps Marseillais, qui s’installe dans ses nouvelles fonctions.

« Pour construire un budget, il faut six mois de temps, il faut être sérieux, lâche Joël Canicave, adjoint aux finances de la Ville de Marseille. On s’est posé la question de savoir si en 14 jours on pourrait transformer ces 1 400 pages, en y mettant ce que l’on souhaitait. On ne voulait pas faire des choses de bric et de broc, ce n’est pas notre façon de travailler. On aime les choses claires, précises et nettes », assure l’élu.

« Ce n’est pas notre budget »

C’est au mois de mars que le vote du budget aurait dû se tenir. La crise sanitaire est passée par là, bousculant le calendrier du scrutin municipal. Une situation qui a contraint la majorité précédente à reporter un grand nombre de décisions budgétaires, qui seront soumises au conseil municipal ce lundi 27 juillet.

Une séance qui se déroulera en deux temps (soit deux conseils) au cours desquels la maire de Marseille, Michèle Rubirola, entend marquer une rupture avec la politique menée par l’équipe précédente, malgré des marges de manœuvres limitées.

En effet, le Printemps Marseillais a décidé de présenter « l’intégralité des documents budgétaires » tels qu’ils ont été préparés par les services de Jean-Claude Gaudin. « Evidemment, ce n’est pas notre budget, ce n’est pas ce que nous souhaitons pour la Ville de Marseille », précise le nouvel adjoint aux finances. Raison pour laquelle ont été ajoutées deux décisions modificatives fortes, une par conseil.

30 millions d’euros pour les écoles

La première concerne des ajustements de dépenses liées à la crise sanitaire. « L’équipe sortante n’a pas souhaité les faire figurer dans le budget primitif pour montrer ce que cela avait coûté à la Ville de Marseille [31 millions d’euros, ndlr] et pour faire en sorte que l’État – on le négociera nous aussi – prenne en compte cette dépense supplémentaire ». 

Par ailleurs, pour tenir compte de la crise économique et sociale, la gouvernance Gaudin avait décidé « de réemprunter 58 millions d’euros pour des petites opérations diverses et variées assez disséminées », explique Joël Canicave. C’est là qu’intervient la deuxième décision modificative dans l’acte II du conseil municipal : « Nous avons décidé de garder le principe mais en allant sur les priorités du Printemps Marseillais : les écoles et le logement indigne ».

Dans ce but, lundi, la majorité proposera de flécher une enveloppe de 50 millions d’euros – [grâce à un report du remboursement des intérêts et du capital de la dette, ndlr] sur ces deux enjeux portés durant la campagne des municipales : 30 millions d’euros pour les écoles, les 20 millions restants pour le logement indigne (10 millions pour la rénovation d’habitat privé et 10 millions pour le bâti municipal).

Des travaux dans les écoles dès cet été

« La priorité des priorités, c’est la mise en sécurité des minots à la rentrée », poursuit Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du plan écoles. Pour préparer septembre, les services de la Ville identifient actuellement « les endroits chauds » en termes de sécurité extérieure, « pour ensuite travailler avec la Métropole pour faire les travaux nécessaires de voirie ».

La commission des marins-pompiers qui travaillent sur l’aspect intérieur des écoles devrait fournir un rapport en début de semaine prochaine. Il permettra de signaler où réaliser des mises en sécurité incendie, mais aussi mettre en évidence des problèmes graves sur le bâti. « En fonction de ce que j’obtiendrai comme avis, on pourra engager, grâce à cet argent supplémentaire, des travaux dès le mois d’août (la plupart ayant été fléché dès le mois de mai). Notre objectif, c’est d’augmenter les travaux et les multiplier dès cet été, pour qu’en octobre on arrive à se mettre à jour des problèmes de sécurité les plus urgents ».

Anticiper un éventuel rebond de l’épidémie

Autre préoccupation : la reprise de l’épidémie du Covid-19. Le mot d’ordre est l’anticipation pour préparer les éventuels approvisionnements et distributions de masques ; ou encore acheter de nouvelles tablettes numériques pour équiper les écoles et les familles en difficulté. « On ne pourra pas en acheter pour tous les enfants en difficulté de Marseille, financièrement ce ne sera pas supportable pour la municipalité, prévient Pierre-Marie Ganozzi. Mais si on arrive à équiper en neuf les écoles et à « recycler » un certain nombre d’ordinateurs, notamment ceux des néo-lycéens, on pourra arriver à fournir le maximum de familles ».

20 millions pour l’habitat

Sur la question de l’habitat, là aussi, « il y a des travaux d’urgence qu’il faut arriver à faire rapidement », estime Patrick Amico, adjoint en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne.

Sur les 20 millions affectés sur cette épineuse question, 10 millions sont réservés au parc privé, en premier lieu pour lancer des procédures de travaux d’office, dès lors que les propriétaires sont identifiés.

Le deuxième aspect porte sur le patrimoine communal (51 immeubles identifiés) sur lequel perdurent des interrogations sur leur état. La nouvelle gouvernance peine pour le moment à savoir si les bâtiments de son propre parc sont « beaucoup trop dégradés pour pouvoir être sauvés ; s’ils peuvent l’être, dans un modèle économique correct, pour servir de relogement provisoire notamment ou encore pour de la location à plus long terme ou définitive », explique Patrick Amico.

Trois audits dont les résultats seront rendus publics

Pour affiner ses expertises, le Printemps Marseillais va lancer un audit sur le patrimoine communal. Il viendra s’ajouter à deux autres portant sur les finances et les services municipaux ; menés par des cabinets indépendants. Les résultats seront rendus publics assurent les élus. Pour financer ces études, dont le coût est évalué à 1,5 million d’euros, la Ville prévoit de déplacer des montants qui étaient affectés à la ligne budgétaire « fêtes et cérémonies ».

Joël Canicave avertit d’ailleurs que d’autres décisions modificatives interviendront pour « progressivement imprimer notre marque sur le budget 2020. Le budget 2021 sera le nôtre ».

« C’est d’abord d’actes dont le tissu économique a besoin » 

« L’opposition », s’amuse le premier adjoint Benoît Payan, « n’a jamais compris que travailler pour les Marseillais, ça créait aussi des richesses dans la ville. Quand 30 millions d’euros sont consacrés à la rénovation des écoles, on fait travailler le tissu économique local, de la même manière quand on met 20 millions d’euros sur le logement indigne, on fait travailler différents corps de métiers, des entreprises… Plutôt que se payer de mots, c’est d’abord d’actes dont le tissu économique a besoin ».  

Déjà, Benoît Payan voit « poindre l’accusation » de l’ancienne majorité, « de cette nouvelle opposition, qui dirait qu’on est coupé des réalités économiques, souffle-t-il. Si ces gens-là avaient réussi sur le plan économique, si Marseille se portait bien, on aurait vu des grandes réussites économiques… En 25 ans, on a le temps quand même. Je laisse la polémique à nos adversaires. Le temps est toujours pour eux à présenter des excuses », juge le premier adjoint.

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