Le périmètre de sécurité du haut de la rue d’Aubagne a été retiré plus de deux ans après le drame, permettant à nouveau la déambulation piétonne, qui devrait être pérennisée. L’adjoint municipal en charge de la lutte contre l’habitat indigne, Patrick Amico, estime que le projet de rénovation pourra bientôt entrer « en phase opérationnelle ».
« Les blocs béton ont été enlevés cette nuit », indique Patrick Amico, adjoint au maire de Marseille en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne. Le haut de la rue d’Aubagne est, en effet, débarrassé des barrières de sécurité qui empêchaient de s’approcher des immeubles côté impair. « Les travaux d’office menés par la Ville pour 350 000 € ont permis la mise en sécurité des bâtiments » et de rendre à la rue « sa banalité, au bon sens du terme », explique l’élu. Il précise que la sécurisation n’est pas encore aboutie sur les « parties arrières des immeubles ».
La circulation est toujours réservée aux piétons et mobilités douces, et la volonté de l’élu est de faire en sorte que « la rue d’Aubagne reste piétonne, à terme ». Il l’imagine comme « un lieu de passage et de mémoire ».
À relire :
Pas de construction sur « la dent creuse »
La mémoire est encore vive, deux ans et huit mois après les effondrements des n°63 et n°65, ayant coûté la vie à 8 personnes et entraîné le délogement de milliers d’autres.
La question de l’avenir de « la dent creuse » (site des effondrements) est toujours à définir « avec les habitants. Mais il n’y aura pas de construction. Une réserve a été déposée au PLU [plan local d’urbanisme, ndlr]», assure Patrick Amico. Un poste de gardiennage est toujours en place et « sera maintenu ».
La tranquillité publique préoccupe les habitants
Par ailleurs, des habitants interpellent Patrick Amico sur des problèmes de délinquance et de nuisances, notamment nocturnes, qui leur font vivre « un enfer quotidien » selon une riveraine.
L’élu rétorque qu’il en référera à la Préfecture des Bouches-du-Rhône et la police nationale dont c’est « la responsabilité ». Son homologue à la tranquillité publique, Yannick Ohanessian, avait fait preuve d’un certain volontarisme sur la question quelques semaines plus tôt, dans le secteur voisin du Cours Julien et de la Plaine, en annonçant le renforcement des équipes de police municipale et des médiateurs sociaux.
« Il faudrait aussi réparer la caméra de surveillance un jour », demande cette habitante. Situé à l’angle des rues d’Aubagne et Jean Roque, l’instrument de vidéosurveillance fait partie du Centre de supervision urbain (CSU) de la Ville.
Un nouvelle « charte du relogement » pour la rentrée
Le 5 novembre 2018 a marqué la prise de conscience de la problématique de l’habitat indigne, dégradé et dangereux à Marseille. On ne compte plus les arrêtés de péril dans l’hyper-centre, ni les milliers de personnes délogées. Cette dernière question a soulevé l’indignation d’associations et de collectifs citoyens, comme celui du 5 novembre – Noailles en colère. Une charte du relogement a été votée dès 2019 par le conseil municipal sous l’ancienne mandature.
Une nouvelle mouture est en cours de négociation entre pouvoirs publics et citoyens. Ces derniers sont inquiets de la tournure que semble prendre le nouveau document. Toutefois, « la charte du relogement devrait être votée par le conseil municipal en septembre ou octobre » pour garantir un relogement provisoire digne aux personnes délogées, assure Patrick Amico.
Rénovation : « on va entrer dans la phase opérationnelle »
Reste que les grandes opérations de rénovation de l’habitat dans le centre dégradé de Marseille se font attendre malgré l’urgence. Il aura fallu en passer par la création d’entités juridiques complexes aux noms peu attrayants. Comme le projet partenarial d’aménagement (PPA) afin de mettre autour de la table les pouvoirs et financements publics locaux et nationaux. Ou la Grande opération d’urbanisme (GOU) facilitant les interventions dans un périmètre défini. Sur la partie opérationnelle, c’est la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) qui doit piloter les chantiers. Son directeur a été nommé cette année.
De quoi entrevoir un début de projet, en particulier dans la rue d’Aubagne ? Après que la préfecture des Bouches-du-Rhône a déclaré d’utilité publique la constitution d’une réserve foncière pour les numéros 65 à 83 permettant des expropriations en cas d’échec des négociations à l’amiable avec les propriétaires, la Ville poursuit les travaux d’office de sécurisation. Tout cela « nous permet d’imaginer vraiment un projet sur la zone », qui doit être « un îlot démonstrateur » des rénovations à venir, précise l’adjoint à la lutte contre l’habitat indigne.
Un îlot qui comptera « 70 % de logements sociaux », promet-il, « on s’est mis d’accord avec la Métropole », actionnaire majoritaire de la Spla-in. « Dès la rentrée, ça va bouger. On va reprendre les discussions avec les habitants. On va rentrer dans la phase opérationnelle ».