Après deux ans de travaux, la place Jean-Jaurès a été livrée ce jeudi. Les Marseillais étaient déjà nombreux à reprendre possession du site flambant neuf, certains ravis, d’autres mécontents. Lionel Royer-Perreaut, président de la Soleam, a répondu à certaines questions, dont le retour très attendu du marché historique.
C’est un grand soleil qui a mis à l’épreuve la grande minéralité de la Plaine pour son premier jour d’ouverture au public. Comme nous vous l’annoncions en avant-première hier, après deux ans de chantier, les Marseillais ont pu reprendre leurs quartiers sur la place Jean-Jaurès (son nom officiel).
« Là, on est bien », raconte Valentin, qui profite d’un banc ombragé sous un des 186 arbres qui bordent désormais le site. Son amie Manon se réjouit : « ça recrée un immense espace à deux pas de chez nous. Mais avec ce soleil qui se reflète sur la grande dalle, c’est un peu la fournaise. Ça manque un peu de verdure, de fontaines, etc. »
La vie reprend
Ce jeudi après-midi, les Marseillais sont déjà nombreux à avoir repris possession de la plus grande place du centre-ville, au passé certes populaire, mais aussi très goudronné, alors qu’elle faisait également office de grand parking.
Au gré de rencontres, les avis sont très variés. De ce couple en retraite ravi « de voir la vie revenir. L’aménagement était nécessaire pour cela ». Ou ces skaters bien connus de Marseille, la team BMG, et son fondateur Victor qui a déjà décrété la place comme « un des meilleurs spots de la ville. La texture du sol est parfaite. Mais il y a un du monde donc il faut s’adapter. On reviendra « rider » à 4 h du mat’ ! »
Un aménagement toujours contesté
Et il y a les autres. Alors que Lionel Royer-Perreaut, président de la Soleam, société d’aménagement métropolitaine en charge de cette requalification, improvise une conférence de presse de dernière minute, des habitants du quartiers l’invectivent. « Où est le terrain de boules ? Où sont les toilettes, les points d’eau ? Où est la place populaire ? », lancent certains, alors que la question de la gentrification, et de la conception de cette place sans prendre en compte l’avis des habitants a été, entre autres, au cœur d’une contestation intense dès le début du projet.
« Des snacks et des cafés on disparu, quand d’autres vendent maintenant la pression à 5 euros alors qu’on la payait moitié moins avant », poursuit cette mécontente. « La gentrification a bel et bien commencé », reprend Samantha, militante de l’Assemblée de la Plaine, organisation d’habitants opposée au projet depuis son origine. « Le prix du mètre carré a explosé et les habitants historiques n’ont plus moyens de vivre ici », déplore-t-elle. « Et la plupart des petits commerces populaires autour de la place ont fermé ».
À lire aussi :
« Nous avons aujourd’hui une place digne de la deuxième ville de France », fait valoir le président de la Soleam, rappelant que la société publique s’est contentée de livrer l’équipement conformément aux exigences de la Métropole. Toutefois, il « pense que la gentrification n’est pas liée à cet aménagement ».
Le retour du marché très attendu
Une question revient chez quasiment chaque Marseillais croisé ce jeudi sur la Plaine rénovée : « le marché va-t-il revenir ? ». Les 240 forains avaient été disséminés dans les autres marchés de la ville au début des travaux. « Il va de soi que le marché doit se réinstaller sur le site », répond Lionel Royer-Perreaut. « Nous avons des réunions avec les forains. Nous les accompagnons dans la reprise de cette activité selon les conditions arrêtées à l’époque. Le marché fait partie à part entière de la fonctionnalité de cette place », assure-t-il.
Alors quand peut-on espérer le voir reprendre ? « Il n’y a pas de date précise. On y travaille. C’est la responsabilité de la Ville de gérer les emplacements », répond le président de la Soleam. La mairie estime que le marché devrait revenir avant la fin de l’année, avec un peu moins de 200 forains.
Loïs Elziere et Maroine Jit