La start-up marseillaise Nauvelis et la société canadienne Geogram ont mis au point une plateforme de visualisation 3D permettant de piloter tous les appareils connectés présents dans un immeuble, un quartier, voire une ville. Cette solution, lauréate du concours Med’Innovant 2020, souhaite « rendre l’éclairage urbain plus éco-responsable et adaptable » pour la ville de demain.
L’éclairage public fait partie intégrante de la vie des citadins. Lorsque le soleil se couche, il offre notamment un sentiment de sécurité dans les rues. « Pourtant, bien des villes sont aujourd’hui équipées de solutions d’éclairage vétustes, peu pratiques et énergivores », explique l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM). Ainsi, une ville moyenne utiliserait « entre 30% et 50% » de sa facture énergétique en éclairage.
Pour répondre à cette problématique, la start-up marseillaise Nauvelis et la société canadienne Geogram ont mis au point une solution permettant de « rendre l’éclairage urbain plus éco-responsable et adaptable ».
À l’occasion du concours Med’Innovant 2020, le duo a ainsi remporté le défi « Repenser les ambiances urbaines pour inventer de nouveaux usages en utilisant autrement le mobilier d’éclairage pour créer la ville de demain ». Organisé chaque année par l’EPAEM, ce concours participe à l’essor des start-ups tech œuvrant à la ville de demain.
À relire
Une solution déployable à l’échelle d’une ville
Les sociétés Geogram et Nauvelis se sont rencontrées il y a deux ans, à l’occasion de la mission Canada 2019 organisée par la Ville de Marseille. Son objectif : développer la promotion du territoire en Amérique du Nord. Un partenariat est né entre ces deux entités « complémentaires » : « Geogram est spécialisée dans la modélisation 3D d’environnement ou, plus simplement, la création d’un jumeau numérique, une maquette qui permet de manipuler les éléments se trouvant dans le lieu modélisé », nous explique David Jury, co-fondateur et CEO de Nauvelis, basé à l’incubateur Marseille Innovation à Château Gombert. Cette maquette permet ensuite d’ « organiser, prévoir les modifications à venir, lancer des simulations… » dans une zone précise.
La start-up Nauvelis, elle, propose son expertise dans le domaine de l’interopérabilité : « Alarme, détecteur de présence, chauffage, système d’irrigation, éclairage… la plus-value de Nauvelis est que l’on est en mesure d’harmoniser toutes les technologies présentes sur une zone. C’est comme un Google traduction pour les objets connectés », continue-t-il.
Rassemblées, les deux solutions proposent une plateforme d’interconnexion et de visualisation en 3D. Elle permet de construire une interface personnalisée afin de piloter, automatiquement ou manuellement, tous les capteurs et les appareils connectés à distance. « Elle est déployable à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, voire d’une ville, et permet de maîtriser la consommation de l’éclairage public, l’arrosage des espaces verts mais aussi de suivre d’autres facteurs en temps réel comme la qualité de l’air, de la terre… », précise David Jury.
Ces pilotage et monitoring s’effectuent depuis une console unique, accessible 24h/24, 7j/7 et « simple d’utilisation, pour les équipes présentes sur les lieux », ajoute-t-il.
Un prochain test dans le quartier des Fabriques
La solution, toujours en cours d’élaboration, sera bientôt testée dans l’Eco-quartier des Fabriques (15e) qui verra le jour au cœur du projet Euroméditerranée 2. Ce laboratoire à ciel ouvert en projet depuis 2015, a fait cette année l’objet des premiers travaux d’aménagement avec la création d’un nouveau jardin d’expérimentation.
« Le quartier est au tout début de sa construction, donc on aimerait se concentrer sur une action en cours. Nous sommes en discussion avec Euromed pour tester notre solution sur l’expérimentation « sol fertile », débutée dans le jardin des Fabriques », nous confie David Jury. Différents capteurs placés stratégiquement sur la zone devraient ainsi permettre de « tester différentes techniques d’irrigation, différentes compositions de sol… », poursuit-il.
Ainsi, la solution offre « un management au jour le jour, qui permettra, par exemple, de prévenir la formation d’îlots de chaleur. Mais aussi un aspect prévisualisation qui, avec les informations récoltées, nous permettra de faire une simulation de ce qui se passera sur la zone dans 6 mois, 1 an, 5 ans… ».
Lorsque les travaux seront plus avancés et que le fournisseur de luminaires aura été choisi, le duo pourra également monitorer et piloter la partie éclairage du site. L’opération de 14 hectares des Fabriques devrait aboutir à un écoquartier « inclusif », comportant des petits commerces, des bureaux, 2 500 logements, une crèche ainsi qu’une école de 20 classes.
À relire
Accompagnement personnalisé et accès à la manufacture ICI Marseille
En remportant ce défi, le groupement Nauvelis/Geogram a également gagné un accompagnement service, financier et juridique de l’EPAEM durant l’année 2021. Il obtient par la même occasion l’accès à la manufacture partagée ICI Marseille et à son programme d’accompagnement « Coup de main », proposant une mise en relation avec des partenaires associés locaux. « La manufacture est située à côté des Fabriques. Nous serons donc plus proches du terrain et pourrons récupérer les données en discutant avec les personnes présentes là-bas tous les jours. Le but étant de proposer un service le plus pertinent possible », nous explique le co-fondateur de Nauvelis.
Le tandem gagne aussi une visite personnalisée du périmètre de l’EPAEM ainsi qu’une adhésion annuelle à la Cité des Entrepreneurs d’Euroméditerranée : « Cela va nous permettre d’entrer en relation avec un certain nombre de chefs d’entreprises et, ainsi, mettre un pied dans cet écosystème », conclut-il. L’occasion pour la start-up marseillaise de gagner en visibilité à l’échelle régionale.