Depuis 20 ans, l’association Le Grand Bleu propose aux publics issus des quartiers prioritaires et aux personnes en situation de handicap des stages de natation et des sorties en mer, en y associant la thématique environnementale. A ce jour, la structure accueille plusieurs milliers d’enfants chaque année. Découverte.
Faire des activités nautiques un vecteur de sensibilisation environnementale. Tel est l’objectif de l’association marseillaise Le Grand Bleu qui initie tous les publics aux sports aquatiques, tels que le kayak ou le paddle, et qui fêtait l’an passé ses 20 ans.
Car, Covid ou pas, les bénévoles sont toujours sur le front lorsqu’il s’agit de leurs protégés, lesquels sont plus nombreux ces derniers mois à rejoindre les effectifs.
Une évolution vue d’un très bon oeil par le président et fondateur Brahim Timricht. « En 2019, nous avons accueilli 6 504 enfants, tous sports de pagaie confondus. En 2020, ils ont été près de 7 000. C’est paradoxal en ces temps de crise, mais cela s’explique par le fait que la Préfecture pour l’égalité des chances a accordé des subventions aux structures partenaires, comme les centres sociaux et les centres aérés. Nous avons donc pu organiser des colonies et des vacances apprenantes autour de notre dispositif ».
De l’apprentissage à la pratique en mer
Dès 3 ans, les minots de Marseille peuvent se prêter aux joies nautiques grâce à l’atelier d’aisance aquatique mis en place au sein de la structure, histoire de les initier « encore plus à la source », se félicite Brahim. Et le responsable sportif et technique parle en connaissance de cause : en 2000, le moniteur de kayak pour la Ville de Marseille décide, avec une bande d’amis, de créer Le Grand Bleu.
Cette initiative part d’un constat : beaucoup de jeunes Marseillais ne savent pas nager. « Ici, on adore le football, on dirait qu’il n’y a que ce sport alors que nous avons un accès direct à la mer. Certains pensent qu’on ne peut se baigner que l’été, alors qu’on peut le faire à longueur d’année. D’autre part, une grande partie de la population ne sait pas nager, cela crée des disparités entre les quartiers et reste dangereux, selon les situations. Nous voulions pallier à ce problème en leur apprenant gratuitement les bases de la natation et les gestes de sauvetage ».
Pari réussi pour le groupe qui aujourd’hui propose des stages de natation de juin à septembre, entre les sites du Prado et de Corbières. Depuis cette base à l’Estaque, 5 salariés et une dizaine de bénévoles s’occupent des formations, que ce soit dans un bassin en mer ou dans des espaces municipaux.
L’accès à la mer pour tous
Le mot d’ordre est à l’inclusion. Brahim le souligne : tous les Marseillais sont invités à participer. « Nous voulons que tous puissent découvrir ces pratiques, nous travaillons d’ailleurs principalement avec des jeunes issus des quartiers prioritaires et des personnes en situation de handicap. Tout se fait par bouche-à-oreille et nous avons développé un véritable réseau de structures locales qui nous a permis de gagner en légitimité. Notre travail est reconnu sur le territoire par les collectivités et nous pouvons faire passer des tests d’aptitude, avec des diplômes à la clé, ou former les personnes qui le souhaitent au sauvetage en mer ».
A ce jour, 240 surveillants de baignade et 45 sauveteurs ont été formés. Une belle évolution et un engagement citoyen, symbolisé notamment par des parcours d’insertion proposés auprès des bénévoles.
Mohammed fait partie de ces derniers. Il animait pendant les vacances de Noël des stages de natation pendant lesquels 162 enfants ont pu apprendre la pratique à la piscine des Micocouliers (14e). « On y pense pas au premier abord, mais ce sont des activités qui rapprochent les parents et leurs enfants. Le fait de les amener à l’activité, puis de les retrouver avec le sourire et des anecdotes à raconter, c’est aussi ça que favorise l’association et qui fait que de plus en plus de personnes viennent vers nous ».
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L’environnement au centre de la démarche
Mais l’association marseillaise se démarque surtout par son approche ludique et environnementale. Kayak, paddle et waterpolo en mer au programme, les enfants découvrent, à chacune de leur sortie, de nouvelles façons de préserver le patrimoine naturel méditerranéen.
Systématiquement, gants, sacs poubelles et bacs sont mis à leur disposition dans les embarcations, afin de pouvoir récupérer les déchets flottants. Une façon d’associer loisir et sensibilisation.
Et une équation qui a su rapidement convaincre les adhérents. En atteste l’affluence de participants lors de l’événement annuel de ramassage de déchets. « Depuis 15 ans, nous réunissons près de 700 enfants venus de tout Marseille. Certains récoltent les déchets en mer, les plus petits sur le sable. Puis on fait un pique-nique et des activités de sensibilisation ».
Et les efforts ne s’arrêtent pas là. Le Grand Bleu travaille activement auprès d’autres associations locales, telles que les bien connues 1 déchet par jour, l’asso MerTerre, Sauvage Méditerranée ou encore Recyclop, et participent à plusieurs manifestations écologiques.
La relève semble d’ores et déjà assurée sur le territoire marseillais. Et pour le garantir, Brahim annonce que de nouveaux projets sont à l’étude et devraient permettre de développer l’offre de formations. « Il faut de l’innovation dans l’apprentissage. J’ai beaucoup d’idées pour nos adhérents », sourit-il, tout en gardant une part de mystère. Affaire à suivre dans les quartiers Nord.
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