Le grand rassemblement des forces de gauche peine à trouver une unité. Alors que la France insoumise, le PCF et des personnalités du PS se rapprochent depuis plusieurs mois de collectifs citoyens pour tenter de former une liste d’union, Europe Ecologie – Les Verts doit se prononcer aujourd’hui sur sa stratégie. Un vote qui peut tout changer. C’est notre chronique politique du samedi consacrée à Marseille 2020. #5

« Le 5 octobre, les écologistes Marseillais devront faire un choix qui décidera fortement de l’avenir de notre ville : s’unir ou subir. » Ainsi s’ouvre la tribune intitulée « le vote du siècle », publiée ce jeudi 3 octobre dans La Marseillaise. Le texte a été rédigé par « tous ceux qui défendent un rassemblement inédit, unissant le partis de gauche et écologistes aux forces citoyennes ». Un message fort à l’attention des militants d’Europe – Ecologie les Verts qui doivent, aujourd’hui, décider s’ils partiront seuls (ou non) au premier tour des élections municipales de 2020, à Marseille. A l’occasion de l’assemblée générale deux orientations seront présentées : l’union des forces politiques de gauche et des collectifs citoyens versus une liste autonome.

La conseillère régionale EELV, Michèle Rubirola, œuvre depuis plusieurs mois aux côtés de collectifs citoyens, de militants EELV, de représentants de partis politiques de gauche… pour créer les conditions d’une liste d’union. Elle a d’ailleurs signé l’appel à un « Mouvement sans précédent » [rassemblement inédit de 10 organisations politiques et autant de mouvements citoyens, ndlr].

Le récent sondage qui la place à la tête d’une liste des forces de gauche avec entre 14 et 17,5% des intentions de vote, n’est pas un argument suffisant à ses yeux, « pour gagner cette ville », souligne l’élue, s’appuyant sur l’expérience du passé. (voir notre Clap ! politique).

Pour entrer dans l’histoire

Dans ce sens, Sophie Camard, chef de file de la France insoumise, suppléante de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale, a invité ses « amis d’EELV à être au rendez-vous de l’histoire », en construisant cette démarche unitaire. Cette semaine, les Insoumis ont d’ailleurs officialisé leur volonté de faire partie de l’aventure. Sophie Camard et Mohamed Bensaada, (l’autre chef de file LFI) ont annoncé qu’ils se présenteraient aux élections municipales sur une liste d’union des gauches, avec l’appui des collectifs citoyens.

Un choix stratégique qui a été validé par la direction du parti. « Il faut qu’à la mi-octobre, on y voie clair », a estimé Sophie Camard, insistant sur le fait que cette « stratégie ne se résume pas à une union de la gauche » : l’idée est de « faire une liste de dépassement des partis existants, avec 50 % de candidatures citoyennes ».

Suivant la même ligne, le PCF n’a jamais changé de discours, avec en tête l’espoir de réussir dans la deuxième ville de France, « quelque chose d’historique ».

Le socialiste Benoît Payan, lui, qualifie le vote de ce jour comme l’un des plus « importants de l’histoire de la ville, parce que pour la première fois dans l’histoire, les écologistes portent en eux la possibilité de la faire basculer, ils sont au centre de la possibilité de changer l’histoire de cette ville ».

L’autre tendance

Fort de leur score aux élections européennes (13,48%), très encourageant, certains membres d’EELV sont désormais davantage tentés par une aventure autonome. Artisan de la première heure d’une large union, Sébastien Barles juge aujourd’hui que « les conditions ne sont malheureusement pas réunies pour (la) réussir ». Et déclare même : « ça ressemble plus à un cartel d’organisations de gauche. Il n’y a pas de règles du jeu, on ne sait pas très bien comment va marcher leur bidule ».

Le calendrier pour à la fois collaborer, établir les programmes, « garantir des places, notamment à des citoyens… n’est pas non plus fixé. On avait donné un temps pour entrer en campagne, pour parler de fond plutôt que de cuisine ».

L’écologiste et co-fondateur du collectif, Marseille en commun, prône désormais une liste « écolo-citoyenne ». Il présentera d’ailleurs aujourd’hui son « pôle écolo-citoyen », en accord avec d’autres partis assure-t-il. « On discute avec des gens de Génération.s, de l’Alliance écologiste indépendante [mouvement politique citoyen qui a soutenu EELV lors des européennes, ndlr] et beaucoup de gens des quartiers populaires. On essaye de rassembler le plus largement possible pour répondre à l’urgence écologique et sociale ». Un autre genre de rassemblement donc…

La lettre ouverte du Mouvement sans précédent à EELV

A la veille de ce vote, le Mouvement sans précédent a décidé d’adresser un message à l’attention des membres d’EELV.

Dans une lettre ouverte, MSP rappelle qu’EELV avait « soutenu le principe même de ce rassemblement, en partageant le constat que seuls, les écologistes ne gagneront pas Marseille ». Mettant en évidence les étapes clefs du processus d’union (gouvernance, commission, travail sur la méthode de désignation des candidats par un collège électoral…) et le calendrier à venir, le Mouvement insiste : « Si nous sommes unis dès maintenant, nous pouvons être en tête partout, dans chaque secteur, dès le premier tour, et l’emporter au second. Aucune autre alliance ne pourra mettre en œuvre la transformation écologique dont Marseille a besoin ».

Ce samedi, les militants devront ainsi se prononcer sur la motion qui déterminera leur position officielle pour les municipales. Quel que soit le résultat, ils choisiront ensuite les binômes pour chaque secteur de Marseille. Puis enfin, désigneront leur chef de file pour les municipales.

Pendant ce temps, entre patience et impatience chez LREM

De son côté, La République en marche est toujours en quête de « Son » candidat. Et la situation commence à exaspérer Yvon Berland, pour qui le temps presse. Le candidat à l’investiture LREM a exhorté, jeudi, la commission d’investiture à désigner « rapidement » sa tête de liste pour les municipales. « Chaque jour qui passe sans investiture est un jour perdu pour expliquer notre projet aux Marseillaises et aux Marseillais », a jugé l’ex-président d’Aix-Marseille Université, à l’occasion du lancement de ses ateliers thématiques, au Mund’Art (2e). La veille, il a d’ailleurs remis son dossier pour la commission d’investiture à Stanislas Guérini, délégué général LREM. « J’ai pris mes responsabilités, j’attends que Paris prenne les siennes », a ajouté le candidat, en quête de « légitimité », pour aller à la rencontre des Marseillais(es).

De son côté, Saïd Ahamada, l’autre candidat à l’investiture LREM ne voit aucune raison d’attendre pour être en campagne. Le même jour, le député était au Studio 37, au pôle Média de la Friche Belle de Mai (3e). Pour cette deuxième réunion publique, l’objectif était le même qu’à l’occasion du premier rendez-vous avec les citoyens, organisé au Mund’Art, début septembre : découvrir qui est Saïd Ahamada, candidat à l’investiture LREM et les axes de son programme. Brigitte Chabrol, présentée comme son futur premier adjoint était présente, ainsi que d’autres soutiens à l’instar de l’influenceur Mathieu Grapeloup, la philosophe, Laure Fournier, Marie Prost-Coletta, déléguée à l’accessibilité sous François Hollande, ou encore le président du Modem, Miloud Boualem. Plus de 200 personnes étaient présentes.

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