L’espace Manifesta ouvre ses portes demain, au 42 la Canebière. Il se présente comme un lieu vivant, dédié à cet événement mondial qui s’ancre pour la première fois en France. Une 13ème édition intitulée « Traits d’union.s .» qui rayonnera à Marseille du 7 juin au 1er novembre 2020. Nous vous proposons au travers de ce dossier en deux volets de découvrir Manifesta, côté pile et côté face. #1.
« Manifesta est à l’origine d’un des rendez-vous artistiques les plus influents au monde, étudiant et favorisant des changements sociétaux positifs en Europe à travers la culture contemporaine ». Tel est l’esprit de Manifesta, résumé en quelques mots par sa directrice, Hedwig Fijen. Cette historienne de l’art néerlandais, fondatrice de cette biennale nomade européenne sera présente, ce matin, à Marseille, pour l’ouverture de l’espace Manifesta ; aux côtés de personnalités politiques marseillaises et de représentants de l’État.
Pour sa 13e édition, cet événement international culturel majeur s’ancre pour la première fois en France, et rayonnera dans la cité phocéenne du 7 juin au 1er novembre 2020. Six mois pour partir à la découverte d’artistes influents, d’idées stimulantes, d’interventions urbaines, de nouvelles œuvres d’art créées in-situ, et d’expériences créatives qui dialoguent avec des lieux emblématiques ou inédits de chaque ville hôte. « Manifesta 13 à Marseille, deuxième ville de France, nous offre l’occasion de regarder et de réfléchir aux enjeux et défis qui traversent l’Europe », explique Hedwig Fijen.
Créée en 1996, dans un contexte de construction européenne, Manifesta résonne comme un « projet profondément européen », explique l’équipe. « C’est dans l’ADN de la biennale », dont la spécificité est de sillonner l’Europe. Elle est d’ailleurs organisée tous les deux dans une ville d’accueil différente, prétexte pertinent pour les sonder, trouver des solutions, dialoguer, échanger, inventer… et in fine tenter de dessiner « un avenir meilleur ». Et pas seulement au travers de l’art contemporain.
Le Marseille à la loupe de l’urbaniste Winy Maas
Dans cette perpétuelle recherche, socle de l’événement, la biennale s’est transformée, au fil des éditions, pour devenir un événement plus multiforme, interrogeant ainsi l’architecture ou l’urbanisme. Si l’art contemporain ou les arts visuels aident à comprendre une ville, ils ne sont pas les seuls, il faut une complémentarité et qui mieux qu’un urbaniste pour comprendre une ville… L’équipe artistique a ainsi fait appel à l’un des meilleurs d’Europe, pour étudier la cité phocéenne.
Winy Maas, cofondateur de l’agence d’architecture et d’urbanisme MVRDV, et directeur de The Why Factory, think-tank sur la ville du futur, créé à l’université Technique de Delft (Pays-Bas), a tiré de son séjour en terres marseillaises «Le Grand Puzzle ».
Une étude urbaine réalisée avec la collaboration des étudiants d’architecture de Marseille. Les 1500 pages seront publiées à l’occasion de l’ouverture de Manifesta. Véritable bible, cette étude a été l’une des bases du concept d’écriture de l’événement pour l’équipe artistique, mais aussi du « Tiers programme », mené par l’équipe éducation et médiation.
50 sites dans toute la région
Car Manifesta, c’est un peu comme un corps vivant. La biennale constitue la colonne vertébrale : la programmation réalisée par l’équipe artistique qui se manifeste au travers de l’ensemble des expositions et le programme public de discussions associées.
Puis le côté droit, avec les événements « Parallèles du Sud ». Une sorte de « off » mais officiel, organisé et coopté. Dans ce cadre, 350 dossiers venant du monde entier ont déjà été réceptionnés. 50 vont être sélectionnés par un comité d’experts qui se réunit demain et après-demain. 50 projets qui seront autant de lieux dans la région, destinés à accueillir des propositions artistiques. Les visiteurs auront d’ailleurs cette carte des 50 sites, qui devraient être annoncés dans les prochaines semaines.
Quel héritage ?
Autour de ça, on retrouve le côté gauche, ce fameux « Tiers programme » qui se traduit par un travail de fond avec la société civile. Il a d’ailleurs déjà commencé et se poursuivra une fois le tombé de rideau : « Ce travail n’est pas forcément visible, mais cette phase de recherche est essentielle. C’est important de venir dans une ville, d’apprendre, de donner aussi des clés qui sont issues de l’expérience et de tout ce que Manifesta a pu récolter et de laisser une trace ». Car c’est l’un des fondamentaux de la biennale.
Et quel héritage ? C’est en écriture. Cela pourra se formaliser par des échanges plus durables entre les structures locales, nationales et internationales. « Des liens entre des structures artistiques, culturelles et de la société civile qui se mettent en relation pour continuer à travailler ensemble, ce qui a été le cas pour Palerme, par exemple ». Ou une empreinte plus tangible comme l’espace Manifesta. Situé au 42 la Canebière, il permet à l’ancien espace culturel de Marseille, de renaître de ses cendres.
L’espace Manifesta, lieu d’expression et d’information
Véritable QG de Manifesta 13, le lieu se présente avant tout comme un espace vivant. La vente de billet viendra un peu plus tard. Pour l’heure, l’espace est naturellement destiné à recevoir et informer le public. Il pourra également être le réceptacle d’interventions artistiques, à l’instar de celle de demain, prévue pour l’ouverture. Un duo d’artiste allemand a été invité à se saisir du lieu. Pour l’occasion, il a donné une seconde vie aux panneaux de bois qui recouvraient la façade et qui allaient être jetés. Résultat : des décors et du mobilier recyclés au sein même de l’espace, qui compte également une bibliothèque dotée de plus de 400 publications de la collection Manifesta.
D’autres performances viendront animer le lieu, mais aussi des projections, des interventions artistiques imaginées par des structures associatives artistiques et culturelles locales, l’Université Aix-Marseille, des écoles…
Les grandes orientations Manifesta seront présentées à l’occasion d’une conférence de presse, le 17 octobre, à Paris. L’ensemble de la programmation artistique ainsi que les sites retenus sera, quant à elle, dévoilée, à Marseille, au mois d’avril 2020.