C’est peut-être une grande page de l’histoire des Calanques qui est en train de se vivre, dans l’affaire des « boues rouges ». Hier, jeudi 14 juin, le tribunal administratif de Marseille examinait le recours des opposants aux rejets en mer de l’usine Alteo à Gardanne. Une annulation de l’autorisation préfectorale à continuer les rejets pourrait être décidée.
« La voix citoyenne est toujours vivante ! Face à la démission du politique, la justice reste un des recours principaux. Jamais ce combat ne cessera ! » C’est le cri d’armes qu’ont lancé jeudi 14 juin les opposants aux rejets liquides de l’usine Alteo à Gardanne devant le tribunal administratif de Marseille, alors que le rapporteur public examinait un nouveau recours pour tenter d’obtenir l’annulation de l’arrêté préfectoral datant de décembre 2015. Et ils sont sur le point d’être entendus. En effet, la décision autorisant l’usine de Gardanne à rejeter ses déchets dans la mer pendant six ans, compte tenu d’un système de filtrage plus écologique mis en place fin 2015 par Alteo, est sur le point d’être annulée.
Une nouvelle étude d’impact pour évaluer l’impact des résidus
Alors que le jugement définitif ne sera rendu que dans quelques semaines, le rapporteur public aurait rendu des conclusions plus que favorables aux opposants, si l’on en croit les dires de l’association de défense de l’environnement (ZEA), interrogée par nos confrères de France Bleu Provence. Une décision forte qui devrait être suivie d’une nouvelle enquête publique pour évaluer l’impact du stockage de résidus de bauxites sur le site de Mange-Garri à Bouc-Bel-Air. Le rapporteur public pourrait réduire à deux ans la dérogation accordée à Alteo, la ramenant ainsi au 31 décembre 2019.
Pour rappel, Alteo ne rejette les boues rouges en mer du côté des Calanques, mais des eaux résiduelles polluées continuent d’être déversées.
Une victoire félicitée par l’association et ses soutiens
Une victoire pour l’association ZEA qui s’est félicitée de cette nouvelle « Elles rejoignent l’argumentation développée par les requérants qui soutiennent que les effets sur l’environnement et la santé de l’exploitation de l’usine de Gardanne doivent être pris en considération dans leur ensemble et que le simple déplacement des rejets de matière solide de la mer à la terre ne rend pas moins polluante la fabrication de l’alumine. »
« Si le Tribunal Administratif suit les conclusions du rapporteur public, ce serait une victoire pour les opposants aux boues rouges et un camouflet pour l’industriel et ses soutiens« , s’enthousiasme de son côté José Bové, Député européen, dans un post Facebook, saluant par la même occasion « la détermination des opposants : les prud’homies de pécheurs, les riverains de Mange-Garri et l’association ZEA. »
Alteo, acculé par les opposants
Alteo n’a pour le moment pas communiqué autour de l’affaire mais semble acculé par les opposants. Le 4 avril dernier, Richard Mallié, le maire de Bouc-Bel-Air, a décidé de porter plainte contre la firme à la suite d’un épisode de pollution particulièrement inquiétant. Un épais nuage de poussières rouges provenant du site de stockage de l’usine de Gardanne avait enveloppé certains lotissements au nord de Bouc-Bel-Air.
Un évènement de trop pour le maire qui exige la mise en place de mesures drastiques à l’encontre de la firme. Et il n’est pas le seul élu à s’être montré ferme à l’encontre d’Alteo. Depuis 2016, la société a été plusieurs fois mis en demeure par la Préfecture des Bouches-du-Rhône. Et même le ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot, lors de sa visite à Marseille, y est allé de son commentaire, jugeant que « la situation n’était pas satisfaisante ».
Bonjour
3 remarques:
– Quelle alternative propose les opposants pour produire de l’alumine?
– Rappelons qu’aucun impact sanitaire n’est démontré à ce jour (contrairement à de nombreuses sources de pollution dans le département: grand émissaire, autoroutes…)
– Toujours amusant de voir cette photo servir de porte étendard… (le pécheur a reconnu avoir trainé le poisson mort sur le fond pour le recouvrir…)
Merci
Bonjour,
3 réactions:
Vous renversez le problème. Ce n est pas aux opposants d une pollution de réaliser le travail de R&D d alteo.
Toutefois, puisque vous posez la question d alternative de la production, il me semble qu il existe plusieurs procédés différents de production d alumine. Sauf erreur de ma part, l entreprise de gardanne fonctionne toujours au procédé Bayer. Certains opposants citent parfois le procédé Orbite comme alternative. Que ce soit un procédé ou un autre, qu importe, du moment que l entreprise respecte la loi.
En effet, lors de la manifestation de janvier 2016 où je m étais posé la question en consultant à la fois les études qui avaient été menées sous Ségolène royale et a la fois la documentation de l entreprise alteo. J avais été surpris de constater que malgré une réduction considérable des déchets grâce au système de filtration mis en place , les fameux résidus liquides qui ne sont plus des boues rouges et permettent de contourner le traité de Barcelone qui demandait l arrêt du rejet de « boues rouges » en 2015 , contiennent tjs suffisamment de métaux lourds pour être au dessus du seuil européen.
on ne doit ni jouer plus vite que la musique , ni polluer plus que la norme.
Face à des rejets, mettons 3 fois trop importants en métaux lourds ( puisqu il me semble qu en 2016 c était à peu près l ordre de grandeur de la surpollution ) il semblerait naturel de commencer par réduire la cadence de l entreprise pour respecter la loi, à court terme. Et si en 23 ans (1995
-2018) l entreprise ne réussit pas à atteindre ses objectifs,c’est malheureux. En 23 ans on a le temps d en faire des choses, même dans un milieu industriel.
Impact sanitaire :
Je reviens sur la loi. Des taux de rejets de métaux lourds sont à respecter. Ils ne le sont pas. Cela m est égal qu une étude n’ ait pas encore été faite pour demontrer la nocivité avérée des métaux lourds.
C est évident que c’est mieux s il n y en a pas et du moment que la loi préconise un seuil à ne pas dépasser pourquoi tortiller ?
– amusant oui même si le pêcheur souille volontairement le poisson en le traînant sur le fond , ce serait amusant d éviter qu il puisse le faire en décontaminant la Zone polluée , et les sols de l entreprise tant qu on y est, et les nouveaux problèmes de voisinage et de pollution urbaine dus au stockage des boues rouges pour les citoyens environnants.
Non rien d amusant, juste malheureux. Et vu l état de la situation malgré les oppositions, je n ose imaginer l état de la mer sans elles et sans les efforts de l entreprise que je salue même si tardifs et à date tjs insatisfaisants.