Le cinéma Pathé Madeleine situé dans le quartier des Cinq Avenues (4e) fête ses 80 ans cette année. Malgré la concurrence toujours plus rude et une mise aux normes impossible du bâtiment, il s’accroche pour rester le poumon culturel du quartier.
C’est un des derniers, voire le dernier cinéma de quartier dans le centre-ville de Marseille. Bâti en 1938, il fêtera ses 80 ans à la fin de l’année. « Les salariés appellent les clients par leurs prénoms, ils savent qui va venir à quelle séance. Le Pathé Madeleine a connu toutes les générations du quartier », s’émeut Marine Pustorino, la jeune maire LR des 4e et 5e arrondissements de Marseille. « C’est ici que ma fille, comme tous les enfants du quartier a vu son premier dessin animé », explique l’élue, en soulignant l’aspect intergénérationnel du lieu : « Les seniors d’ici ont aussi découvert le 7e art dans les salles du Pathé Madeleine. La dernière fois, un papi accompagnait ses petits-enfants, il a passé la porte en disant “ça, c’est mon cinéma !” ».
C’est donc un espace culturel de proximité qui fêtera ses 80 ans cette année. Deux tiers des clients y viennent à pied, et il multiplie les échanges avec les acteurs socio-culturels du quartier et les initiatives citoyennes.
le 2 Mars séance de LES FIGURES DE L’OMBRE dans le cadre de LES FEMMES DE MARS FONT LEUR CINEMA pic.twitter.com/fYk5Z5exQ9
— Pathe Madeleine (@pathe_madeleine) 3 mars 2017
Dans le top 3 des plus petits cinémas du groupe Pathé
Avec un peu plus de 1 300 fauteuils répartis sur huit salles, le Pathé Madeleine vit modestement avec environ 300 000 entrées par an. Une goutte d’eau dans la galaxie des cinémas du groupe Pathé en France, plus habitué aux grandes salles multiplexes. « Nous faisons partie des trois plus petits dans l’Hexagone », précise le directeur Yassine Ben Chadli, mais l’actionnaire majoritaire du groupe Pathé, Jérôme Seydoux, a déclaré il y a 10 jours qu’il fallait le préserver, « plus pour sa valeur patrimoniale et de proximité que pour l’argent qu’il génère ».
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Le Pathé Madeleine fait aujourd’hui face à deux problèmes. La concurrence, avec l’ouverture prochaine de deux nouveaux cinémas en centre-ville, et une mise aux normes impossible du bâtiment. Malgré les rumeurs, ces deux menaces ne semblent pas mettre le cinéma en péril.
Deux nouveaux concurrents en ville
« Tant que nous nous maintenons autour des 300 000 tickets vendus par an, nous continuerons, mais c’est le seuil minimum », précise Yassine Ben Chadli qui voit d’un œil méfiant l’ouverture prochaine de l’Artplexe sur la Canebière et du multiplexe de la Joliette. Une concurrence que relativise la maire de secteur Marine Pustorino : « L’Artplexe est un cinéma d’art et d’essai, on n’est pas sur la même clientèle. Pour le multiplexe de la Joliette, nous ne sommes pas dans le même secteur, et il n’aura pas le cachet « proximité » de notre cinéma ».
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Une mise aux normes du bâtiment impossible
Il reste la question de la mise aux normes du bâtiment pour l’accessibilité aux handicapés. Si les petits travaux pour les publics malvoyants et malentendants sont en cours d’être réglés, la question des ascenseurs et rampes pour les handicapés moteurs est bien plus compliquée.
« C’est impossible dans ce bâtiment d’une autre époque », explique Yassine Ben Chadli, « de nouveaux ascenseurs par exemple, c’est techniquement infaisable ». Le cinéma en compte pourtant un, mais il ne dessert que la moitié des salles. Une solution serait de projeter la totalité des films dans celles-ci. Une nouvelle salle sera également bientôt accessible à tous publics. Mais cela ne suffit pas aux yeux de la loi.
Il faudra donc mener un combat administratif pour obtenir des dérogations exceptionnelles. Dans cette bataille, le Pathé Madeleine pourra compter sur le soutien total de la mairie des 4e et 5e arrondissements. « On ne lâchera pas l’affaire ! », lance Marine Pustorino. « On va les aider administrativement, politiquement, on fera des courriers, on soutiendra le projet ».
Patrimoine culturel du quartier encore bien vivant, le Pathé Madeleine fêtera en grande pompe ses 80 ans en décembre 2018.