Nouveau rebondissement concernant les vestiges archéologiques retrouvés à la Corderie (7e). Via son chef de cabinet, Emmanuel Macron a confirmé que seule « la zone la plus remarquable sur le plan scientifique et patrimonial, la plus riche et plus spectaculaire également pour le public » sera protégée puis mise en valeur à la fin des travaux.
Cette annonce du président Macron fait suite à la lettre ouverte d’Alain Nicolas, archéologue et fondateur du musée d’histoire de Marseille, à la tête du comité scientifique pour la sauvegarde du site de la Corderie. Dedans, l’historien demandait la conservation et la valorisation de l’intégralité de l’ancienne carrière, mettant en avant que d’autres archéologues « affirment que le site est scientifiquement extrêmement intéressant ».
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Dans sa réponse adressée par écrit à La Marseillaise, par François-Xavier Lauch, son chef de cabinet, Emmanuel Macron se dit « pleinement conscient de l’important de ce site exceptionnel ». Pour autant, il confirme que toute la carrière ne fera pas l’objet d’une protection.
« Le site de la Corderie a fait l’objet dans les limites de ce que la loi sur la protection du patrimoine permettait de faire, d’une mesure de protection partielle. […] C’est ainsi que la zone la plus remarquable sur le plan scientifique et patrimonial, la plus riche et plus spectaculaire également pour le public, sera protégée pendant la durée des travaux et fera l’objet d’une mise en valeur par l’opérateur privé en lien étroit avec l’Etat et la municipalité. Madame Françoise Nyssen, ministre de la Culture, reste pleinement engagée sur ce dossier et a toute la confiance du président de la République ».
Françoise Nyssen s’était rendue samedi 7 octobre dernier sur le site de la Corderie pour visiter le chantier de fouilles et rencontrer les représentants des Comités d’Intérêt de Quartier (CIQ) mobilisés pour la sauvegarde des vestiges retrouvés. La Ministre avait alors insisté sur la nécessité pour Vinci de proposer un nouveau projet qui mette en valeur le site et qui puisse être facilement accessible au public.
Améliorer la visibilité et l’accessibilité du site
Tout en rappelant que « l’aménagement urbain n’est pas une compétence de l’État mais bien des collectivités locales depuis les premières lois de décentralisation », la ministre de la Culture avait rappelé son « cahier des charges pour une meilleure mise en valeur du site », c’est-à-dire « les grands principes à intégrer dans le nouveau projet que la Ville et l’opérateur doivent présenter ».
« Je ne doute pas que les acteurs responsables de ce dossier entendront ce message et présenteront un projet répondant à ces objectifs. Plusieurs points me semblent importants dans le nouveau schéma qui sera proposé. Celui-ci doit répondre à un certain nombre d’attentes et d’exigences en matière de restitution au public », a déclaré Françoise Nyssen.
La visibilité du site et son accessibilité dans les meilleures conditions possibles ont été mises en avant par la ministre qui a également rappelé que « la fouille archéologique, l’expertise du site ne prennent tout leur sens que dans une démarche de transmission au public ». Elle demande ainsi à la Ville de Marseille et à Vinci que « des visites à destination des élèves des publics scolaires ou universitaires puissent être mises en place ».
Les opposants toujours mobilisés
Benoît Payan, président du groupe socialiste de Marseille mobilisé pour la préservation du site antique, a réagi à cette annonce. « Le code du patrimoine prévoit que c’est à l’État de contraindre le promoteur à modifier son projet. Pourquoi [Françoise Nyssen] n’a-t-elle pas cherché à utiliser la loi pour protéger notre patrimoine ? Pourquoi une telle abdication ? », s’est-il interrogé.
Avant de poursuivre : « Démission de la puissance publique ou complaisance avec les puissants, la décision de la ministre est une farce, une mascarade. Elle n’est pas à la hauteur de cette grande institution sensée protéger le patrimoine des Marseillais. Une fois de plus, une fois de trop, la ministre semble plus attachée aux exigences de Vinci qu’aux attentes des citoyens ».
Les habitants, quant à eux, continuent de se mobiliser. Cela passe par des rassemblements tôt le matin devant les vestiges et le samedi matin sous l’ombrière du Vieux-Port. « Nous voulons que la totalité du site soit conservé, que les fouilles non encore réalisées soient poursuivies et que le site soit transformé en jardin des vestiges », ne démord pas Guy Coja du Collectif Laisse Béton.
Par Agathe Perrier
Et qui paiera la casse les opposants ou le contribuable, c’est bien l’opposition mais faut il encore savoir assumer son coût