Jusqu’au 1er juin, le Festival des Vocations au Mucem veut faire découvrir les métiers de l’artisanat et revaloriser des filières industrielles en tension.
Les coups de marteau résonnent sur la place de la commande, lovée au pied du Mucem. Un groupe de jeunes regardent, attentifs, le geste répété du forgeron. À côté, un adolescent tente de couper du bois assisté par un bûcheron. Les artisans du vitrail, de la sculpture, du naval sont aussi représentés.
Ces ateliers proposés par le Festival des Vocations, un événement créé par l’association Les chemins du faire dont la deuxième édition se déroule à Marseille, doit « permettre à chacun de développer son talent », explique la fondatrice Laurence Decréau.
L’événement s’adresse en particulier aux jeunes en décrochage scolaire, orientés par France Travail et la mission locale, ou aux adultes en reconversion professionnelle. « On est la station-service pour les gens en panne de sens », image Etienne Klein, président de l’association, physicien et philosophe des sciences.
Pour embarquer les participants, en particulier sur les métiers de la construction, le festival a ainsi choisi des ambassadeurs reconnus comme l’architecte du Mucem, Rudy Ricciotti. « Je suis là pour les jeunes. Il faut leur raconter une histoire avec des images, créer des récits (…) et leur montrer que le bâtiment c’est le plein emploi », explique le Marseillais.
Pendant sa conférence, l’architecte insiste sur l’admiration qu’il porte aux ouvriers dont il a scruté les gestes sur les chantiers de son père étant plus jeune. Son discours concorde avec celui d’Etienne Klein qui revendique la nécessité de mettre sur un pied d’égalité les métiers dits manuels et intellectuels. « Je viens dénoncer un système dont je suis le fruit », assure ce dernier.
Axer sur les filières en tension
Le physicien relève aussi, en référence au projet international de réacteur nucléaire Iter sur le site de Cadarache, la pénurie de soudeurs dans le secteur nucléaire. La filière souffre, en effet, du désengagement processif de la France entre 2012 et 2017, qui revient pourtant sur le devant de la scène depuis le début de la guerre en Ukraine.
« Si l’on veut réussir la relocation en France il faut trouver des passionnés », prévient Laurence Decréau qui a créé ce Festival des Vocations pour renforcer certaines filières industrielles françaises. À ce titre, l’atelier 13A’tipik encadre un atelier pour apprendre à réutiliser la matière, à côté de l’atelier plus industriel Fil rouge. « Nous manquons d’opérateurs de production », soutient Sahouda Maallem, fondatrice de 13A’tipik.
Le message est aussi de pousser les gens à créer leur propre métier. Comme cette archéologue du son qui a développé son expertise propre sur l’écoute et la retranscription des sons des métiers de l’artisanat. « Le vrai artisan utilise énormément son ouïe pour savoir si son geste est le bon », explique Mylène Pardoen, chercheuse au CNRS de Lyon.
« Mon travail doit permettre de faire comprendre aux jeunes que le nouveau monde virtuel qui se profile ne pourra pas effacer ces métiers », assure la passionnée multirécompensée.
Un festival à découvrir encore jusqu’au samedi 1er juin au Mucem.