Christophe Castaner a été reconduit à la présidence du port de Marseille-Fos pour une durée de cinq ans. L’occasion de réaffirmer ses ambitions de compétitivité et de souveraineté.
« C’était une élection assez facile », reconnaît Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance du Grand port de Marseille-Fos (GPMM). Ce dernier a été réélu pour cinq ans aux côtés de la vice-présidente Laurence Borie-Bancel ce 26 avril. « Nous étions les seuls candidats », admet-il en souriant.
Sur son estrade, dans la gare maritime de la Major (2e), l’ancien ministre rappelle les tensions lors de sa nomination en novembre 2022, notamment avec la CGT. Mais il assure, 17 mois plus tard, que « les choses se sont stabilisées ».
Christophe Castaner réaffirme sa vision d’un port « aménageur » et « pilier de la reconquête de l’industrie ». Ce nouvel élan industriel doit ainsi participer à reconstruire la souveraineté française après trois décennies de mondialisation.
Un avenir industriel décarboné
Cela ne va pas sans rappeler les projets d’investissements colossaux, « entre 12 et 14 milliards d’euros », prévus sur la zone de Fos-sur-Mer : la production de panneaux photovoltaïques (Carbon), d’hydrogène vert (H2V) ou d’acier bas carbone (GravitHy) dont « les perspectives sont en train de se concrétiser ».
Outre son ambition de réindustrialiser, le président insiste sur le trafic passagers (Corse, Maghreb, Croisières) qui reprend de la voilure. En 2023, le nombre de passagers a dépassé les quatre millions, soit une augmentation de 36%.
Christophe Castaner espère aussi relancer le trafic de vrac liquide (pétrole, gaz…) en berne. D’un port pétrolier, le GPMM doit passer à un port « multi-énergies » en misant notamment sur l’avitaillement en Gaz naturel liquéfié (GNL) et l’éolien offshore avec le projet Deos.
Poursuivre l’axe Rhône-Saône
La réélection de Laurence Borie-Bancel, présidente du directoire de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), marque également un signal fort pour assurer la compétitivité du port de Marseille, en développant l’axe Rhône-Saône.
Ce partenariat, impulsé par Emmanuel Macron avec son plan Marseille en Grand, doit en effet permettre d’approfondir l’hinterland jusqu’à Lyon, puis in fine, jusqu’en Allemagne. Et ainsi augmenter le trafic de marchandises et d’énergies.
Ce grand port Marseille-Lyon doit aussi permettre d’attirer des industries sur tout le long de l’axe. Le Comité de coordination inter-logistique (CCIL), mis en place en juillet 2022, planche sur la création d’un catalogue de fonciers disponibles.
Ce comité a également engagé la digitalisation des ports sur l’axe rhodanien (Valence, Arles, Lyon…) l’été dernier avec le même logiciel (MGI). Cet outil permet de créer une communauté portuaire et de fluidifier le transport maritime et fluvial.
Ouvrir le port sur la ville
Christophe Castaner a réinsisté sur le « hub numérique » que représente le port avec l’arrivée des câbles sous-marins et l’installation de data centers. Un sujet sur lequel la Ville de Marseille ne partage pas la même vision, comme pour celui de l’électrification des navires à quai.
Pour autant, le président assure que « les relations avec la Ville sont bonnes aujourd’hui » et qu’il souhaite davantage « ouvrir le port sur la ville », comme lui avait demandé Emmanuel Macron en juin dernier, lors de sa visite sur toit de la gare maritime de la Major.
C’est d’ailleurs ici, dans ce bâtiment, que le GPMM accueillera temporairement le Port center dans quelques semaines : un lieu de pédagogie et vitrine, sur l’histoire et les activités du port destiné aux touristes et aux habitants. Une première étape du rapprochement entre le port et sa ville.