Avec le dépôt officiel de la demande de permis de construire, le projet Carbon de giga-usine de panneaux solaires à Fos-sur-Mer franchit une nouvelle étape. L’enquête publique doit s’ouvrir cet été.

Le projet d’implantation de la plus grande giga-usine de production de panneaux photovoltaïques en Europe, porté par la société Carbon, entre dans une nouvelle phase. À l’issue de la période de concertation, Nicolas Chandellier, directeur général, a officiellement déposé, jeudi 18 avril, le dossier de demande de permis de construire auprès de la mairie de Fos-sur-Mer. L’occasion également pour lui de faire le point sur les avancées d’un projet colossal à plus d’1,5 milliard d’euros, soutenu par les pouvoirs publics.

Pour rappel, l’entreprise lyonnaise prévoit d’étendre ses installations industrielles sur près de 45 hectares, dont 30 hectares artificialisés avec 24,5 hectares de surface plancher (dont 210 000 m2 pour la production sur deux étages) sur l’emprise du Grand Port maritime de Marseille.

Le site sera doté d’installations industrielles ultra-modernes (trois bâtiments de 18 à 27 mètres de hauteur), optimisées, 100% électriques, pour intégrer le cœur de la chaîne de valeur du photovoltaïque, de la croissance des lingots de silicium à l’assemblage des modules, en passant par la découpe des wafers (plaquettes) et la fabrication des cellules. Des espaces naturels seront également préservés et valorisés, dont un « sanctuaire » pour la biodiversité de quatre hectares.

Fos-sur-Mer, Nouvelle étape pour le projet de giga-usine de panneaux solaires à Fos-sur-Mer, Made in Marseille
René Raimondi et Nicolas Chandellier tenant le dossier de Carbon.

Un projet soutenu par les collectivités

Le projet s’est vu accélérer grâce notamment au soutien financier de la Région Sud. Sur un budget total de 1,5 milliard d’euros, l’institution participe à hauteur de 15 millions, dont deux millions ont été votés à l’occasion de la séance plénière du 23 juin. L’État investit quatre millions d’euros à travers l’Agence de transition écologique qui finance l’association Piicto.

L’Europe est aussi partie prenante avec un investissement à hauteur de 40 millions, via le Fonds pour une transition juste. Du côté des partenaires privés, le groupe CMA CGM a débloqué plusieurs millions d’euros, via son Fonds Énergies.

Cette nouvelle usine doit permettre de contribuer à la réindustrialisation de la France et de l’Europe. Une ambition réaffirmée par le directeur général. « Carbon veut construire le leader européen de l’industrie photovoltaïque, en mettant au cœur de sa stratégie la durabilité, la compétitivité et l’innovation, et en déployant le seul projet européen garantissant une entière souveraineté industrielle (du lingot au module) ».

Pour le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi, ce projet est synonyme de nouvelle dynamique sur son territoire, d’autant plus dans le domaine de la transition et énergétique et de la décarbonation.

« Un plan de bataille » pour l’énergie solaire

La phase de concertation a donné lieu à peu de critiques. L’une des principales préoccupations concerne la mobilité dans ce secteur, notamment la liaison routière Martigues-Port-de-Bouc et Fos-Salon, car ce sont près de 500 000 tonnes de marchandises qui entreront et sortiront du site chaque année, soit 200 camions par jour de plus sur les routes de Fos, déjà saturées.

La liaison Martigues-Port-de-Bouc, déclarée d’utilité publique, figure dans la programmation du contrat de plan État-Région 2023-2027. Son financement est estimé à 175 millions d’euros. Par ailleurs, suite à la demande des citoyens d’établir un recensement des friches industrielles de l’arrondissement d’Istres, un débat public global sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer pourrait se tenir, conformément aux préconisations du conseil national du débat public (CNDP).

Carbon s’est engagé à poursuivre le dialogue avec les citoyens et les parties prenantes jusqu’à l’enquête publique prévue à l’été 2024, au travers d’une concertation continue qui a d’ores et déjà débuté en mars.

Le dépôt de demande du permis de construire intervient dans un contexte favorable. Il y a deux semaines, depuis la commune de Manosque (05), le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé « un plan de bataille » pour l’énergie solaire, avec un objectif clair : la France vise 100 gigawatts de capacité de production électrique solaire d’ici à 2035 (contre 20 GW aujourd’hui), soit un investissement de 20 milliards d’euros.

Une accélération des capacités photovoltaïques déployées qui devront passer de 3,2 GW à 6 GW par an. 3 % des panneaux photovoltaïques sont produits en Europe alors que le marché européen est le 2e plus gros au monde.

Fos-sur-Mer, Nouvelle étape pour le projet de giga-usine de panneaux solaires à Fos-sur-Mer, Made in Marseille

Vers une mise en service fin 2025 à Fos-sur-Mer

D’ici à 2030, Carbon ambitionne de produire et commercialiser 30 GW de plaquettes, 20 GW de cellules et 15 GW modules photovoltaïques grâce à la construction, en Europe, de plusieurs giga-usines. Cela implique des investissements massifs qui entraîneront la création de plus de 10 000 emplois directs. 3000 dès la mise en service de l’usine fin 2025.

Après obtention des sésames administratifs, le projet sera soumis à enquête publique. Les premiers travaux pourraient démarrer dès l’été 2024.

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