La Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur devrait voir son chantier débuter dans les prochains mois, pour une livraison prévue entre 2030 et 2035. En vue des Jeux olympiques d’hiver en 2030, la Région Sud veut faire accélérer le projet pour améliorer la desserte entre Marseille et Nice.
Il s’agit du plus grand chantier ferroviaire de la région depuis 150 ans. Les premiers travaux de la Ligne Nouvelle, qui doit relier Marseille-Toulon-Nice, devraient débuter dans quelques mois, comme envisagé en 2022. Pour rappel, la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) permettra à la région de disposer de :
- Trois trains rapides (TGV) par heure entre Marseille et Nice
- Un train toutes les 10 minutes entre Cannes, Nice et Menton
- Trois RER métropolitains autour des aires urbaines d’Aix-Marseille, de Toulon et Nice
- Neuf nouvelles gares
Ces trains supplémentaires doivent permettre une augmentation annuelle de 23 millions de passagers d’ici 2035. Toutefois « les Jeux 2030 sont une opportunité d’accélérer les projets de transports pour relier Marseille, Toulon et Nice », lance Jean-Pierre Serrus, le vice-président délégué aux Transports de la Région Sud.
Dans la lignée du président Renaud Muselier, l’élu entend tirer profit de cet événement planétaire, dont la Région Sud et la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Les Alpes françaises) sont désormais les seules candidates en lice, pour faire avancer le chantier LNPCA avant 2030. Un pari presque impossible ?
Dans la candidature des deux régions, un village olympique ainsi que les épreuves de patinage artistique sont prévus à Nice. C’est pourquoi « nous mettons tout le monde sous tension », assume Jean-Pierre Serrus. À commencer par les maîtres d’ouvrages du projet : SNCF Réseaux et SNCF Gares & connexions « qui pourraient faire des annonces dans les deux à trois mois ». À savoir, sur quels volets précisément une accélération est possible.
Accélérer les travaux sur la gare Saint-Charles
Le projet prévoit différentes phases. Les travaux de la phase 1 vont permettre de créer quatre voies à quai sur la gare TGV de Nice Aéroport, des aménagements du RER toulonnais, et un nouveau plateau à la gare de Marseille-Saint-Charles.
« Nous allons d’abord réorganiser les faisceaux de la gare Saint-Charles pour mieux aiguiller les trains vers l’Est et le Nord », assure Jean-Pierre Serrus.
La deuxième phase représente « de lourds travaux » pour réaliser des aménagements souterrains. « Grâce à la construction d’un tunnel, la gare va devenir une gare diamétralisée », précise-t-il. À comprendre une gare traversante permettant aux trains de s’arrêter pour repartir sans faire demi-tour comme c’est le cas actuellement.
De nouvelles études lancées pour la phase 2
À ce stade, les études d’avant-projet des opérations de la phase 1 sont achevées. Elles ont coûté 30 millions d’euros. Les travaux vont ainsi pouvoir commencer « au deuxième semestre 2024 », annonce Jean-Pierre Serrus. Pour la phase 2, une vague d’études chiffrée à 100 millions d’euros vient également d’être lancée.
Le coût total de ces deux phases, en comptant les travaux, est de l’ordre de 3,64 milliards d’euros. Le chantier est financé à 40% par les collectivités locales (dont 40% par la Région Sud), 40% par l’État, et 20% proviennent d’appels à manifestation d’intérêt (AMI) de l’Europe.
Pour Jean-Pierre Serrus, ces travaux sont essentiels pour la mise en place des services express régionaux métropolitains (SERM), relancés par Emmanuel Macron en 2022 dans 10 grandes métropoles, hors Île-de-France. Ces « RER métropolitains » doivent permettre de désenclaver les territoires et décarboner les transports.
Le député des Bouches-du-Rhône, Jean-Marc Zulesi (Renaissance), a notamment fait une proposition de loi pour poser le cadre de ce plan ferroviaire afin d’accélérer son développement et instaurer un billet unique combinant différents modes de transports. La loi SERM a été promulguée en décembre dernier.
« L’État n’a aucune raison de se désengager »
À l’issue de la plénière de la Région Sud le 5 avril dernier, deux élus du Rassemblement national, Franck Allisio et Muriel Fiol, ont déploré dans un communiqué le retrait de l’État : « L’État, ayant initialement promis d’investir 767 millions d’euros, se désengage largement en retirant 661 millions d’euros, laissant le projet dans une situation financière précaire ».
Jean-Pierre Serrus rétorque que « les 106 millions d’euros de crédits de paiements de l’État ont bien été versés pour 2024 ». Et que l’État, dans une logique d’optimisation des crédits, versera le reste de la somme au fur et à mesure des échéances. L’élu martèle donc que « l’État n’a aucune raison de se désengager du projet ».
Pour rappel, une loi d’exception olympique figure dans le contrat de plan État-Région. Un accord à 770 millions d’euros, sur un montant total de 1,5 milliard dédiés à la mobilité et aux projets d’infrastructures de transport de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la période 2023-2027, a été signé dans ce cadre le 1er décembre 2023.
Cette annexe « est assez précise pour dire qu’on sera au rendez-vous pour accélérer des projets. L’État et le gouvernement feront tout, puisque c’est une ambition nationale, pour soutenir les régions concernées dans tous les domaines », avait alors assuré l’ancien ministre des Transports, Clément Beaune.