La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a adopté, vendredi 15 décembre, son deuxième « budget vert » pour répondre aux défis écologiques.

Alors que la Cop 28 s’est achevée à Dubaï sur un accord qui appelle, pour la première fois, les pays à abandonner progressivement les combustibles fossiles, la Région Sud a adopté son « deuxième budget vert ».

Initiée en 2023, la démarche « budget vert » vise à conditionner les choix budgétaires aux enjeux environnementaux. Concrètement, cela signifie que la Région applique un critère climat dans tous les dossiers qu’elle soutient. Objectif ? Atteindre la neutralité carbone en 2040.

Réunis en séance plénière, vendredi 15 décembre, les conseillers régionaux ont adopté un budget primitif 2024 d’un montant de 3,2 milliards d’euros, soit 13,4 % de plus qu’en 2023. Cette augmentation s’explique notamment par des dépenses d’investissement en hausse pour les transports ferroviaires et les lycées.

« Elaboré dans un contexte économique difficile », selon les termes de Jean-Pierre Colin, vice-président aux Finances (Nos Territoires d’Abord), et malgré un manque de dynamisme des recettes et la hausse de certains postes de dépenses, la Région confirme « la priorité donnée à l’investissement pour préparer l’avenir avec un effort supplémentaire de 163 millions d’euros, portant, et c’est un record, l’investissement total à plus d’un milliard d’euros », nécessitant un recours à l’emprunt de 517 millions d’euros.

Néanmoins, le vice-président estime qu’il s’agit d’un « budget ambitieux 100% climat et dont la finalité est de préparer le territoire dans toute sa diversité aux conséquences immédiates et à venir du réchauffement climatique, mais aussi à la fierté de recevoir les Jeux olympiques ».

Politiques publiques vertueuses

Après avoir été désignée territoire-pilote de la planification écologique, le 14 novembre 2022, par la signature d’un protocole avec l’État, l’institution conserve sa ligne directrice, amorcée en 2017 avec la « Cop d’avance ». L’adaptation aux changements climatiques et la préservation de l’environnement constituent la priorité transversale de l’ensemble des politiques publiques de la Région. Aujourd’hui, 9 euros sur 10 sont consacrés à la neutralité carbone.

Les transports collectifs, notamment ferroviaires, sont le premier poste de dépenses avec la mobilisation de près de 400 millions d’investissement, dont près de 250 consacrés à l’acquisition de matériel roulant, à la rénovation et modernisation des rames existantes et à l’aménagement de nouveaux sites de maintenance (5 aujourd’hui), accompagnant ainsi l’ouverture à la concurrence.

Préservation des espaces naturels et de la biodiversité, protection de la forêt et des territoires côtiers, gestion de la ressource en eau, via le plan « Or Bleu » (financé à hauteur de 1,2 million d’euros)… En 2024, 131 millions d’euros seront consacrés à l’aménagement du territoire et au développement durable, soit une hausse de 18 millions d’euros par rapport à 2023.

Ils permettront d’accompagner les projets au travers des programmes « Nos communes d’abord », « Nos territoires d’abord », le « Contrat Stations » et la poursuite des actions engagées dans la lutte contre les déchets plastiques, contre les incendies (plan Guerre du feu), la plantation de 5 millions d’arbres, ou encore l’électrification des quais pour éviter la pollution des navires en escales.

À ce titre, les conseillers régionaux ont voté le soutien financier de 5 millions d’euros (sur un coût de projet de plus de 36 millions d’euros) pour la connexion de deux paquebots de croisière au port de Marseille-Fos. Par ailleurs, la Région continuera à capter les fonds européens. « 124 millions seront mobilisés sur les différents programmes », précise Jean-Pierre Colin.

La promotion du territoire en question

Deux amendements ont été déposés par l’opposition Rassemblement national. L’un, portant sur le budget de communication de 12 millions d’euros. L’autre, sur la distribution de tablettes numériques aux lycéens, pointant les effets néfastes de l’utilisation des écrans sur les jeunes.

Un budget com’, « insignifiant », rétorque Jean-Pierre Colin, qui représente « 0,04% du budget à 3 milliards ». Il souligne d’ailleurs que le budget destiné à faire la promotion de la région « va augmenter dans les années qui arrivent », notamment avec l’organisation quasi-certaine des Jeux olympiques d’hiver en 2030.

Quant à la question numérique, elle s’est soldée par un échange sur les avantages et les inconvénients des écrans. Une question « décalée » pour la majorité, qui insiste sur l’outil pédagogique, la transition numérique et sur un « bilan positif sans appel » pour les enseignants et les élèves, qui ont pu notamment avoir un suivi pédagogique durant la crise sanitaire.

Pas de trêves des confiseurs avec l’opposition

Ces deux amendements d’ailleurs jugés « symboliques » par Franck Allisio, ont été rejetés. Appelant à la transparence et au travail collectif, l’élu RN réaffirme son soutien à l’organisation des JO, évaluée à 1,5 milliard d’euros. Un budget dont il scrutera le moindre « dérapage ». Affichage marketing des fonds européens, les plus de 3 milliards de dettes, TVA stagnante, l’emprunt, les opérations de communication… Dans un autre registre, Franck Allisio dénonce un budget à « l’équilibre très précaire » et « sans inspiration ».

Sur un terrain plus politique, le conseiller régional ironise sur un territoire devenu « une région pilote du macronisme territorial. Autrement dit de la planification écologique : celle des ZFE qui excluent les classes moyennes et populaires, celle d’un président qui préfère des éoliennes construites sur des terres rares que des centrales nucléaires françaises… ». Pour lui, le budget finira « par tomber sous le coup de la réalité. Espérons que vos successeurs n’auront pas à essuyer 4 milliards de dettes en 2028 », exprime l’élu, « laissant le bénéfice du doute ». 

Atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040

Des critiques loin d’être « structurantes » pour Pierre-Paul Léonelli, quelque peu las de la posture de ses adversaires politiques : « Il n’y a pas de trêve des confiseurs avec l’opposition ». Le président du groupe Notre Région d’Abord s’est attaché à réaffirmer les engagements de la collectivité pour répondre aux défis climatiques, convaincu que « les résultats que nous obtiendrons à l’orée 2024 nous conduirons à atteindre l’objectif de réaliser la neutralité carbone dix avant celui fixé par l’État et l’Union européenne, soit en 2040 au lieu de 2050 ».

Pour atteindre cet objectif, l’Union européenne et l’État accompagnent la mise en œuvre de ces politiques vertueuses avec 30 milliards d’euros d’ici à la fin du mandat : 10 milliards de l’Europe, 5 milliards de l’État dans le cadre du plan État-Région et 15 milliards de crédits régionaux.

Transports, mobilité et grands équipements : 1,07 milliard d’euros
Aménagement du territoire et développement durable : 209 millions d’euros
Economie, formation et santé : 440 millions d’euros
Lycées : 292 millions d’euros
Arts et culture : 67 millions d’euros
Jeunesse et sports : 24,5 millions d’euros
Europe et coopération méditerranéenne : 237 millions d’euros
Délégation Connaissance Planification Transversalité : 2,8 millions d’euros
Direction des sécurités : 16,8 millions d’euros

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