Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Ville, annonce une nouvelle extension de l’opération d’aménagement Euroméditerranée à Marseille. Agrandissement du périmètre ou opérations sur divers sites, l’Établissement public devrait se concentrer sur la question du logement, social et dégradé.
Depuis bientôt 30 ans, 7 milliards d’euros ont été investis sur une superficie de 480 hectares dans le nord de Marseille. L’opération d’intérêt national Euroméditerranée, lancée en 1995, se présente comme l’un des plus importants projets de renouvellement urbain d’Europe.
Initialement, l’établissement public d’aménagement opérait sur 310 hectares entre la Joliette, Arenc et Saint-Charles, avant une première extension en 2007, de 169 hectares supplémentaires. Un troisième élargissement est aujourd’hui dans les tuyaux.
Ce vendredi 24 novembre, la secrétaire d’État chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, a annoncé une nouvelle extension du périmètre dans le cadre du plan « Marseille en grand ». Un plan pour lequel l’État a déjà investi « 5 milliards » avec un focus sur les écoles et les transports, entre autres.
Mais, « le logement est aujourd’hui la première priorité du plan », a-t-elle déclaré lors d’une réunion stratégique avec toutes les institutions publiques locales en préfecture.
Favoriser les opérations d’intérêt national sur la question du logement
Au centre du viseur, l’habitat indigne, dégradé et le logement social. Sur ces questions, l’État a déjà mobilisé différents outils et moyens pour Marseille ces dernières années.
Comme les 650 millions d’euros de l’Agence nationale de renouvellement urbain (Anru) pour les quartiers prioritaires, la création de la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (Spla-in) pour le centre-ville. Ou encore, l’opération nationale de requalification des copropriétés dégradées (Orcod-IN) annoncée par le président de la République cet été.
Ces opérations d’intérêt national (OIN) sont une nécessité pour le maire de Marseille, face au « millefeuille juridique et administratif, lorsqu’il s’agit de réaliser des opérations autour du logement. Il nous faut des OIN pour déroger au droit commun, avec un opérateur unique pour aller vite. Parce qu’il faut instruire, concerter, dégager le foncier, lancer les marchés…», insiste Benoît Payan.
« Nous devons mobiliser et renforcer tous les outils qui sont à notre disposition, abonde Sabrina Agresti-Roubache. C’est pourquoi, nous allons également étendre le périmètre d’Euroméditerranée ».
« C’est un peu différent d’un établissement public d’aménagement »
Plus qu’une extension du périmètre, c’est surtout une extension des missions de l’établissement public que semble envisager la secrétaire d’état. Car, jusqu’à présent, Euromed a surtout fonctionné comme un rouleau compresseur d’aménagement urbain au Nord de Marseille. Il s’agit plus de grandes opérations de constructions neuves que de réhabilitation de logements dégradés.
« Si la ministre souhaite que ça s’articule vraiment sur le logement et les opérations de renouvellement urbain, c’est un peu différent de ce que fait notre établissement public, note la présidente d’Euroméditerranée, Laure-Agnès Caradec. Nous, on travaille beaucoup sur les équipements et les espaces publics ».
C’est pourquoi Sabrina Agresti-Roubache a évoqué l’idée d’une « filiale » d’Euromed. Cette émanation devrait donc se concentrer sur la question du logement, notamment social, la réhabilitation, « notamment pour les copropriétés dégradées », précise Laure-Agnès Caradec. La présidente de l’établissement reste toutefois dans le flou pour le moment.
La secrétaire d’État promet d’éclaircir rapidement cette question, tout comme la zone géographique d’Euromed 3. « Nous définirons ensemble, dans les prochaines semaines, ce nouveau périmètre avec toutes les parties prenantes », a-t-elle annoncé.
Agrandissement vers le Nord et l’Est ou un périmètre « multi-sites » ?
Pour Laure-Agnès Caradec, deux options sont sur la table. La première serait un « périmètre multi-sites. Des opérations précises, ciblées, hors de la zone Euromed actuelle ». Il s’agirait alors d’intervenir sur des îlots déterminés en fonction d’une problématique précise de réhabilitation.
La seconde hypothèse serait plutôt une extension du périmètre actuel « agrandi vers le Nord et l’Est, par exemple. Il pourrait englober la Cabucelle, le Canet et Maison Blanche », une copropriété dégradée tristement connue.
« C’est ce que je vais plaider, indique la présidente de l’Établissement public. Ça permettrait de traiter les problèmes de copropriétés dégradées mais aussi poursuivre notre opération d’aménagement importante qui transforme Marseille et qui a fait ses preuves depuis des décennies ».
De son côté, le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jean-Luc Chauvin, souhaiterait « un élargissement d’Euromed en centre-ville ». Une des solutions qu’il avance pour pallier le départ du palais de justice et ses institutions vers la future grande cité judiciaire à Arenc. Une délocalisation qui fait craindre une dévitalisation du cœur de ville.
Rendez-vous dans « quelques semaines », donc, pour découvrir les contours d’Euroméditerranée 3. Nouvel épisode d’une saga urbanistique à la longévité inégalée.